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ACTE V, SCENE V FELIX, PAULINE, ALBIN - Polyeucte de Corneille

Publié le 05/07/2011

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corneille

 

PAULINE.

Père barbare, achève, achève ton ouvrage: Cette seconde hostie est digne de ta rage: Joins ta fille à ton gendre; ose, que tardes-tu? Tu vois le même crime ou la même vertu: Ta barbarie en elle a les mêmes matières. Mon époux en mourant m'a laissé ses lumières: Son sang, dont tes bourreaux viennent de me couvrir, M'a dessillé les yeux et me les vient d'ouvrir. Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée: De ce bienheureux sang, tu me vois baptisée : Je suis chrétienne, enfin, n'est-ce point assez dit? Conserve en me perdant ton rang et ton crédit: Redoute l'empereur, appréhende Sévère; Si tu ne veux périr, ma perte est nécessaire; Polyeucte m'appelle à cet heureux trépas: Je vois Néarque et lui qui me tendent les bras. Mène, mène-moi voir tes dieux que je déteste! Ils n'en ont brisé qu'un, je briserai le reste. On m'y verra braver tout ce que vous craignez, Ces foudres impuissants qu'en leurs mains vous peignez, Et, saintement rebelle aux lois de la naissance, Une fois envers toi manquer d'obéissance. Ce n'est point ma douleur que par là je fais voir, C'est la grâce qui parle et non le désespoir. Le faut-il dire encor, Félix? je suis chrétienne. Affermis par ma mort ta fortune et la mienne: Le coup à l'un et l'autre en sera précieux, Puisqu'il t'assure en terre en m'élevant aux cieux.

L'ensemble. — Dans ce dernier fragment, nous sommes témoins de la conversion de Pauline qui est à la fois un miracle d'amour et un miracle de foi. Son exaltation est tout ensemble sentimentale et intellectuelle, et elle apparaît tellement changée qu'elle va jusqu'à insulter son père. Le souvenir de Polyeucte, uni à la grâce divine, a pro¬duit ce coup de théâtre qui n'est que l'aboutissement normal d'une crise psychologique. 

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