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Polyeucte. ACTE I, SCENE II: SEVERE, PAULINE, STRATONICE, FABIAN (CORNEILLE)

Publié le 05/07/2011

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corneille

PAULINE. Oui, je l'aime, seigneur, et n'en fais point d'excuse; Que tout autre que moi vous flatte et vous abuse Pauline a l'âme noble, et parle à cœur ouvert: Le bruit de votre mort n'est point ce qui vous perd; Si le ciel en mon choix eût mis mon hyménée, A vos seules vertus je me serais donnée, Et toute la rigueur de votre premier sort Contre votre mérite eût fait un vain effort. Je découvrais en vous d'assez illustres marques Pour vous préférer même aux plus heureux monarques ; Mais puisque mon devoir m'imposait d'autres lois, De quelque amant pour moi que mon père eût fait choix, Quand, à ce grand pouvoir que la valeur vous donne, Vous auriez ajouté l'éclat d'une couronnne. Quand je vous aurais vu, quand je l'aurais haï, J'en aurais soupiré, mais j'aurais obéi, Et sur mes passions, ma raison souveraine Eût blâmé mes soupirs et dissipé ma haine.

L'ensemble. — La pièce de Polyeucte s'ouvre sur la confidence d'une jeune femme Pauline, mariée depuis peu à Polyeucte, mais qui n'a pas oublié un chevalier romain, Sévère, qu'elle a aimé naguère; elle le croit mort, mais voici qu'il réapparaît brusquement, favori de l'Empereur; il vient pour l'épouser, aussi est-il désespéré en apprenant son mariage. Félix, père de Pauline, exige qu'elle le reçoive, car c'est lui qui a repoussé jadis Sévère et il craint sa vengeance. Dans ce passage, Pauline manifeste sa droiture, son honnêteté, la force de ses principes et son amour du devoir. Par ce vers : Et sur mes passions, ma raison souveraine, Corneille exprime à la fois son opinion et celle de son temps. L'autorité du père est également mise en valeur. Elle était encore toute-puissante au XVIIe siècle.

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