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ANALYSE DE POLYEUCTE DE CORNEILLE : ACTE I. CRAINTES DE PAULINE

Publié le 07/07/2011

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corneille

IDÉE SOMMAIRE. — Polyeucte, récemment converti, n'ose, malgré les exhortations du chrétien Néarque, sortir pour recevoir le baptême. Il craint de déplaire à Pauline, qu'un songe a effrayée à son sujet. Enfin il se décide. Cependant Pauline expose à sa confidente Stratonice le songe qu'elle a eu et les craintes qui l'agitent. Elle apprend de son père Félix l'arrivée de Sévère, son ancien amant, que l'on croyait mort.

SCÈNES I et II.

Exhortation au baptême. Néarque presse son ami Polyeucte, déjà chrétien de cœur, de ne plus tarder à recevoir le baptême. Mais le néophyte hésite encore. Ce qui le retient, c'est un scrupule, une prière de sa femme. Troublée par un songe sinistre, Pauline l'a supplié de ne pas sortir ce jour-là.

corneille

« par le songe effrayant qu'elle a eu la nuit dernière. PAULINE.Je l'ai vu cette nuit, ce malheureux Sévère,La VENGEANCE à la main, l'œil ardent de colère :Il n'était point couvert de ces tristes lambeauxQu'une ombre désolée emporte des tombeaux ;Il n'était point percé de ces coups pleins de gloireQui, retranchant sa vie, assurent sa mémoire;Il semblait triomphant, et tel que sur son charVictorieux dans Rome entre notre César.Après un peu d'effroi que m'a donné sa vue :Porte à qui tu voudras la faveur qui ni est due,Ingrate, m'a-t-il dit, et, ce jour expiré,Pleure à loisir l'époux que tu m'as préféré.A ces mots, j'ai frémi, mon âme s'est troublée ;Ensuite des chrétiens une impie assemblée,Pour avancer l'effet de ce discours fatal,A jeté Polyeucte aux pieds de son rival.Soudain à son secours j'ai réclamé mon père ;Hélas ! c'est de tout point ce qui me désespère,J'ai vu mon père même, un poignard à la main,Entrer le bras levé pour lui percer le sein !Là, ma douleur trop forte a brouillé ces images ;Le sang de Polyeucte a satisfait leurs rages.Je ne sais ni comment ni quand ils l'ont tué,Mais je sais qu'à sa mort tous ont contribué :Voilà quel est mon songe. Stratonice essaie de rassurer Pauline.

Sévère est mort ; pourquoi le craindre ? Quant aux chrétiens, ils ne sont pointredoutables ; c'est une secte impie, insensée, sacrilège, mais qui n'en veut qu'aux dieux et non aux hommes. Quelque sévérité que sur eux on déploie,Ils souffrent sans murmure, et meurent avec joie. Appréciation.

— Remarquez la différence fondamentale entre cette scène et la précédente.

La première est animéed'un souffle chrétien, celle-ci est toute profane.

Ainsi, dès le début, se dessine nettement le double caractère divinet humain de la tragédie.Le songe mérite une mention particulière.

— Au point de vue de la structure dramatique, il est de la plus grandeimportance : il est pour ainsi dire la clef de voûte du premier acte, qui est lui-même un chef-d'œuvre d exposition.Autour du songe se groupent les autres scènes :celle qui le précède l'annonce, celle qui le suit commence à leréaliser.

Sans lui, il faudrait tout remanier.

— Au point de vue littéraire, il n'est pas moins remarquable : ce quifrappe surtout, c'est la vraisemblance psychologique : on a presque l'illusion d'un rêve.

Ce n'est pas, en effet, unrécit méthodique et suivi, mais une succession d'images incohérentes.

D'abord une vision nette du fantôme, sesparoles menaçantes ; ensuite une assemblée de Chrétiens jetant Polyeucte aux pieds de son rival ; puis Félixbrandissant un poignard pour frapper Polyeucte ; finalement, un tableau confus et effrayant où Pauline voit tout lemonde s'acharner à la mort de son époux.

Au surplus, toutes ces images, Corneille les a exprimées en de beauxvers.

L'ampleur du mouvement, l'éclat du style, l'harmonie du rythme font de ce récit un admirable morceau depoésie. SCÈNE IV.Comme pour confirmer les tristes présages de Pauline, Félix, absolument éperdu, vient apporter une grave nouvelle:Sévère n'est point mort, comme on le pensait.

Couvert de gloire et devenu le favori de l'empereur, il arrive àMélitène pour offrir un sacrifice aux dieux, à l'occasion de ses victoires.

En réalité, n'est-ce pas pour rechercher lamain de Pauline? Que va-t-il penser en apprenant qu'elle est mariée? Il se vengera peut-être...

Et Félix conjure safille de voir Sévère afin de calmer, s'il y a lieu, son ressentiment.

Pauline hésite d'abord ; puis, devant les instancesde son père, elle se résigne, encore par devoir, à cette douloureuse démarche.Oui, je vais de nouveau dompter mes sentiments, Pour servir de victime à vos commandements. Application.

— Les expositions de Corneille sont souvent défectueuses, même dans ses chefs-d'œuvre.

Ainsi, il y ade la lourdeur dans celle du Cid, des maladresses dans celle d'Horace, de la déclamation dans celle de Cinna.L'exposition de Polyeucte, au contraire, peut être regardée comme un chef- d'œuvre.

"Elle est à la fois très régulièreet très dramatique ; elle est habile sans qu'on y sente l'artifice.

Elle est animée tout entière d'un souffle large et. »

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