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  Après quoi, les Hobbits n'entendirent plus rien.

Publié le 30/10/2013

Extrait du document

  Après quoi, les Hobbits n'entendirent plus rien. Le soleil sombra presque aussitôt dans les arbres derrière eux. Ils pensèrent à la lumière vespérale brillant en oblique sur le Brandevin et aux fenêtres de Châteaubouc ommençant de s'éclairer de centaines de lumières. De grandes ombres tombèrent autour d'eux ; les troncs et les branches des arbres étaient suspendus noirs et menaçants au-dessus du sentier. Des brumes blanches ommencèrent de s'élever, d'onduler à la surface de la rivière et de vaguer autour des racines des arbres sur la ive. Du sol même, sous leurs pieds, une vapeur ténébreuse surgissait pour se mêler au crépuscule qui tombait apidement. Il devenait difficile de suivre le sentier, et ils étaient très fatigués. Leurs jambes leur paraissaient de plomb. es bruits étranges couraient furtivement parmi les buissons et les roseaux de part et d'autre ; et, s'ils levaient es yeux vers le ciel pâle, ils apercevaient de bizarres figures tordues et bossuées qui se détachaient sombrement ur le crépuscule et qui les lorgnaient du haut de la rive escarpée et des bords de la forêt. Ils commençaient à voir l'impression que tout ce pays était irréel et qu'ils avançaient en trébuchant dans un rêve qui ne menait à ucun réveil. Au moment où ils sentaient le ralentissement de leurs pieds sur le point d'aboutir à l'arrêt total, ils emarquèrent que le sol montait doucement. L'eau commença de murmurer. Dans l'obscurité, ils aperçurent un eflet de blanche écume à l'endroit d'une courte chute de la rivière. Puis les arbres prirent fin et les brouillards estèrent en arrière. Les Hobbits sortirent de la forêt et virent surgir devant eux une grande étendue d'herbe. La ivière, à présent petite et rapide, bondissait joyeusement à leur rencontre, miroitant par endroits à la lumière es étoiles qui brillaient déjà dans le ciel. Sous leurs pieds, l'herbe était douce et courte comme si elle avait été tondue. Derrière, les avancées de la orêt étaient taillées et soignées comme une haie. Le sentier s'étendait devant eux uni, bien tenu et bordé de ierres. Il serpentait jusqu'au sommet d'un tertre herbeux, à présent gris sous la pâle nuit étoilée ; et là, encore aut au-dessus d'eux sur une autre déclivité, ils virent scintiller les lumières d'une maison. Le sentier edescendit pour remonter sur une longue pente de gazon vers la lumière. Soudain, un large rai jaune coula rillamment d'une porte qu'on venait d'ouvrir. Devant eux se trouvait la maison de Tom Bombadil sur et sous la colline. Derrière, un épaulement s'étendait gris et nu, et au-delà les formes noires des Hauts des Galgals se perdaient dans la nuit de l'Est. Hobbits et poneys se précipitèrent tous en avant. Déjà la moitié de leur fatigue et toutes leurs craintes les avaient quittés. Holà ! Venez gai dol ! Ce refrain vint à eux en manière d'accueil.   Holà ! Venez gai dol ! Sautez, mes braves ! Hobbits ! Poneys, tous ! On aime les réunions. Que le plaisir commence ! Chantons en choeur !   Puis une autre voix claire, aussi jeune et aussi ancienne que le printemps, semblable à la chanson de l'eau oyeuse coulant dans la nuit d'un brillant matin des collines, vint, argentine, les accueillir :   Que les chants commencent ! Chantons en choeur ! Le soleil, les étoiles, la lune et la brume, la pluie et le temps nuageux, La lumière sur la feuille qui bourgeonne, la rosée sur la plume, Le vent sur la colline découverte, les cloches sur la brande, Les roseaux près de l'étang ombreux, les lis sur l'eau : Le vieux Tom Bombadil et la fille de la Rivière !   Et, sur cette chanson, les Hobbits arrivèrent au seuil et furent tous entourés de lumière dorée.   CHAPITRE SEPT CHEZ TOM BOMBADIL Les quatre Hobbits franchirent le large seuil de pierre et se tinrent là, clignotant des paupières. Ils se rouvaient dans une longue pièce basse, tout emplie de la lumière de lampes suspendues aux poutres du plafond, t sur la table de bois sombre ciré se dressaient en grand nombre, des chandelles, hautes et jaunes, à la flamme rillante. Dans un fauteuil, du côté de la pièce opposé à la porte d'entrée, était assise une femme. Ses cheveux blonds ombaient en longues ondulations sur ses épaules ; sa robe était verte, du vert des jeunes roseaux, chatoyant 'argent semblable à des perles de rosée ; et sa ceinture était d'or, façonnée comme une chaîne d'iris des marais émaillée des yeux bleu pâle de myosotis. À ses pieds, dans de grands vaisseaux de poterie verte et brune, flottaient des lis d'eau, de sorte qu'elle semblait trôner au milieu d'un étang. -- Entrez, mes bons hôtes ! dit-elle. Et comme elle parlait, ils surent que c'était sa voix claire qu'ils avaient entendue chanter. Ils avancèrent de quelques pas timides dans la pièce et commencèrent une série de profonds saluts, avec 'étrange sentiment de surprise et d'embarras de gens qui, ayant frappé à la porte d'une chaumière pour emander un verre d'eau, se sont trouvés devant une belle jeune reine-elfe vêtue de fleurs vivantes. Mais avant u'ils n'eussent pu prononcer un mot, elle bondit avec légèreté par-dessus les coupes de lis et accourut vers eux n riant ; et comme elle courait, sa robe bruissait doucement comme le vent sur les rives fleuries d'une rivière. -- Venez, chers amis ! dit-elle, prenant Frodon par la main. Riez et soyez joyeux ! Je suis Baie d'Or, fille de la ivière. Puis, légère, elle passa devant eux et, ayant fermé la porte, elle lui tourna le dos, ses bras blancs étendus en ravers. -- Fermons la porte à la nuit ! dit-elle. Car vous avez encore peur peut-être de la brume, de l'ombre des rbres, de l'eau profonde et des choses sauvages. N'ayez aucune crainte ! Pour cette nuit, vous êtes sous le toit de om Bombadil. Les Hobbits la regardaient avec étonnement, et elle les regarda chacun tour à tour et sourit. -- Belle dame Baie d'Or ! dit enfin Frodon, le coeur gonflé d'une joie qu'il ne comprenait pas. Il se tenait là, comme il lui était arrivé parfois de rester, enchanté par de belles voix elfiques ; mais le charme ous lequel il se trouvait à présent était différent : le plaisir était moins aigu et moins sublime, mais plus profond t plus proche d'un coeur de mortel ; merveilleux et pourtant point étrange : -- Belle dame Baie d'Or ! répéta-t-il. À présent, la joie cachée dans les chants que nous entendions m'est endue claire.   Ô toi, svelte comme une baguette de saule ! Ô toi, plus claire que l'eau claire ! Ô toi, roseau pris du vivant étang ! Belle fille de la rivière ! Ô toi, printemps et été, et de nouveau printemps après ! Ô toi, vent sur la cascade et rire des feuilles !   Il s'arrêta soudain et se mit à bégayer, succombant à la surprise de s'entendre prononcer pareilles choses. Mais Baie d'Or rit. -- Soyez le bienvenu ! dit-elle. J'ignorais que les gens de la Comté eussent la langue aussi douce. Mais je vois ue vous êtes un ami des Elfes ; la lumière de vos yeux et le son de votre voix le disent. Voici une heureuse éunion ! Prenez place et attendez le Maître de la maison ! Il ne tardera pas. Il s'occupe de vos bêtes fatiguées. Les Hobbits s'assirent avec plaisir dans des fauteuils bas à siège de jonc, tandis que Baie d'Or s'affairait autour de la table ; et ils la suivaient des yeux, car la svelte grâce de ses mouvements les emplissait d'une calme félicité. De quelque part derrière la maison vint un son de chanson. De temps à autre, ils saisissaient, parmi maints derry dol, gai dol et gai ho, les mots répétés de :   Le vieux Tom Bombadil est un gai luron, Bleu vif est sa veste, et ses bottes sont jaunes.   -- Belle dame ! dit de nouveau Frodon après un moment. Dites-moi, si ma question ne vous paraît pas stupide, qui est Tom Bombadil ? -- C'est lui, dit Baie d'Or, suspendant ses mouvements et souriant. Frodon la regarda d'un air interrogateur. -- C'est lui, tel que vous l'avez vu, dit-elle en réponse à son regard. C'est le Maître de la forêt, de l'eau et de la colline. -- Ainsi, tout cet étrange pays lui appartient ? -- Non, certes ! répondit-elle, et son sourire s'évanouit. Ce serait assurément un fardeau, ajouta-t-elle à mivoix, comme pour elle-même. Les arbres, les herbes et toutes les choses qui poussent ou vivent dans cette terre n'appartiennent qu'à eux-mêmes. Tom Bombadil est le Maître. Personne n'a jamais attrapé le vieux Tom marchant dans la forêt, pataugeant dans l'eau, bondissant sur le sommet des collines dans la lumière ou dans l'ombre. Il n'a aucune peur. Tom Bombadil est maître. Une porte s'ouvrit, et Tom Bombadil entra. Il n'avait plus de chapeau, et son épaisse chevelure brune était couronnée de feuilles automnales. Il rit et, s'avançant vers Baie d'Or, il lui prit la main. -- Voici ma belle dame ! dit-il en saluant les Hobbits. Voici ma Baie d'Or vêtue de vert argent avec des fleurs à sa ceinture ! La table est-elle mise ? Je vois de la crème jaune et des rayons de miel, du pain blanc et du beurre, du lait, du fromage, des herbes vertes et des baies mûres récoltées. Cela nous suffit-il ? Le souper est-il prêt ? -- Oui, dit Baie d'Or, mais peut-être les hôtes ne le sont-ils point ? Tom battit des mains et s'écria : -- Tom, Tom ! Tes hôtes sont fatigués et tu as failli oublier ! Venez, mes joyeux amis, et Tom va vous rafraîchir ! Vous allez nettoyer vos mains sales et laver vos visages las ; débarrassez-vous de vos manteaux boueux et peignez vos cheveux emmêlés ! Il ouvrit la porte, et ils le suivirent dans un court passage qui tournait à angle droit. Ils arrivèrent ainsi à une chambre basse à toit en pente (un appentis, semblait-il, ajouté au côté nord de la maison). Les murs en étaient de pierre nette, mais tendus pour la majeure partie de nattes vertes et de rideaux jaunes. Le sol était dallé et recouvert de joncs verts frais. Il y avait quatre épais matelas, chacun recouvert d'un tas de couvertures blanches, étendus par terre sur un des côtés. Contre le mur opposé, un long banc portait de grandes cuvettes d'argile, et à côté se trouvaient des pots bruns remplis d'eau, les uns froids, les autres tout chauds. De douces pantoufles vertes attendaient à côté de chaque lit.   Avant peu, les Hobbits, lavés et rafraîchis, furent assis à table, deux de chaque côté, tandis qu'à l'un et l'autre bout siégeaient Baie d'Or et le Maître. Ce fut un long et joyeux repas. Bien que les Hobbits mangeassent comme seuls peuvent manger des Hobbits affamés, il n'y eut aucun défaut. La boisson dans leurs bols semblait être de la simple eau fraîche, mais elle leur montait au coeur comme du vin, donnant libre cours à leur voix. Les convives s'aperçurent soudain qu'ils chantaient gaiement, comme si ce fût plus facile et plus naturel que de parler.   Finalement, Tom et Baie d'Or se levèrent et débarrassèrent vivement la table. Les invités, ayant reçu l'ordre de rester tranquillement assis, furent installés dans des fauteuils, chacun avec un tabouret pour reposer ses pieds las. Un feu flambait devant eux dans la vaste cheminée, et il répandait une douce odeur, comme s'il fût fait de bois de pommier. Quand tout fut en ordre, les lumières de la pièce furent éteintes à l'exception d'une lampe et d'une paire de chandelles à chaque bout du manteau de cheminée. Baie d'Or vint alors et se tint devant eux, une chandelle à la main ; elle leur souhaita à chacun une bonne nuit et un profond sommeil. -- Soyez en paix maintenant, dit-elle, jusqu'au matin ! Ne prêtez attention à aucun bruit nocturne ! Car rien ne passe ici la porte ni la fenêtre que le clair de lune, la lumière des étoiles et le vent venu du sommet de la colline. Bonsoir ! Bruissante, elle sortit de la pièce dans un miroitement. Le son de ses pas faisait penser à celui d'un ruisseau coulant doucement d'une colline sur des pierres fraîches dans le calme de la nuit. Tom resta assis un moment avec eux en silence, tandis que chacun s'efforçait de rassembler le courage nécessaire pour énoncer une des nombreuses questions qu'il aurait voulu poser à dîner. Le sommeil montait à leurs paupières. Finalement, Frodon prit la parole : -- M'avez-vous entendu appeler, maître, ou est-ce simplement la chance qui vous a amené à ce moment ? Tom remua comme un homme tiré d'un rêve agréable : -- Hein, quoi ? dit-il. Si je vous ai entendu appeler ? Non, je n'ai rien entendu : j'étais occupé à chanter. C'est simplement la chance qui m'a amené à ce moment, si vous appelez cela de la chance. Ce n'était aucunement dans mes plans, encore que je vous attendisse. Nous avions entendu parler de vous, et nous avions appris que vous erriez par-là. Nous avions deviné que vous viendriez avant peu au bord de l'eau ; tous les sentiers mènent dans cette direction, vers le Tournesaules. Le vieil Homme-Saule gris est un rude chanteur ; et il est difficile aux petites personnes d'échapper à ses malins dédales. Mais Tom avait par là une affaire qu'il n'osait remettre. Tom hocha la tête comme si le sommeil le reprenait, mais il poursuivit d'une voix douce et chantante : -- J'avais à faire par-là : cueillir des lis d'eau, des feuilles et de blancs lis pour le plaisir de ma jolie dame, les derniers avant la fin de l'année, pour les préserver de l'hiver, pour qu'ils fleurissent près de ses jolis pieds

«   CHAPITRE SEPT CHEZ TOMBOMBADILLes quatre Hobbits franchirent lelarge seuildepierre etse tinrent là,clignotant despaupières.

Ilsse trouvaient dansunelongue piècebasse, toutemplie delalumière delampes suspendues auxpoutres duplafond, et sur latable debois sombre cirésedressaient engrand nombre, deschandelles, hautesetjaunes, àla flamme brillante.

Dans unfauteuil, ducôté delapièce opposé àla porte d’entrée, étaitassise unefemme.

Sescheveux blonds tombaient enlongues ondulations sursesépaules ; sarobe étaitverte, duvert desjeunes roseaux, chatoyant d’argent semblable àdes perles derosée ; etsa ceinture étaitd’or, façonnée commeunechaîne d’irisdesmarais émaillée desyeux bleupâledemyosotis.

Àses pieds, dansdegrands vaisseaux depoterie verteetbrune, flottaient deslisd’eau, desorte qu’elle semblait trôneraumilieu d’unétang. — Entrez, mesbons hôtes ! dit-elle. Et comme elleparlait, ilssurent quec’était savoix claire qu’ilsavaient entendue chanter. Ils avancèrent dequelques pastimides danslapièce etcommencèrent unesérie deprofonds saluts,avec l’étrange sentiment desurprise etd’embarras degens qui,ayant frappé àla porte d’une chaumière pour demander unverre d’eau, sesont trouvés devantunebelle jeune reine-elfe vêtuedefleurs vivantes.

Maisavant qu’ils n’eussent puprononcer unmot, ellebondit aveclégèreté par-dessus lescoupes delisetaccourut verseux en riant ; etcomme ellecourait, sarobe bruissait doucement commelevent surlesrives fleuries d’unerivière. — Venez, chersamis ! dit-elle, prenant Frodonparlamain.

Riezetsoyez joyeux ! Jesuis Baie d’Or, filledela Rivière.

Puis, légère, ellepassa devant euxet,ayant fermé laporte, elleluitourna ledos, sesbras blancs étendus en travers.

— Fermons laporte àla nuit ! dit-elle.

Carvous avezencore peurpeut-être delabrume, del’ombre des arbres, del’eau profonde etdes choses sauvages.

N’ayezaucune crainte ! Pourcettenuit,vousêtessous letoit de Tom Bombadil. Les Hobbits laregardaient avecétonnement, etelle lesregarda chacuntouràtour etsourit. — Belle dameBaied’Or ! ditenfin Frodon, lecœur gonflé d’unejoiequ’il necomprenait pas. Il se tenait là,comme illui était arrivé parfois derester, enchanté pardebelles voixelfiques ; maislecharme sous lequel ilse trouvait àprésent étaitdifférent : leplaisir étaitmoins aiguetmoins sublime, maisplusprofond et plus proche d’uncœur demortel ; merveilleux etpourtant pointétrange : — Belle dameBaied’Or ! répéta-t-il.

Àprésent, lajoie cachée dansleschants quenous entendions m’est rendue claire.   Ô toi, svelte comme unebaguette desaule ! Ô toi, plus claire quel’eau claire ! Ô toi, roseau prisduvivant étang ! Bellefilledelarivière ! Ô toi, printemps etété, etde nouveau printemps après ! Ô toi, vent surlacascade etrire desfeuilles !   Il s’arrêta soudain etse mit àbégayer, succombant àla surprise des’entendre prononcerpareilleschoses. Mais Baied’Or rit. — Soyez lebienvenu ! dit-elle.J’ignorais quelesgens delaComté eussent lalangue aussidouce.

Maisjevois que vous êtesunami desElfes ; lalumière devos yeux etleson devotre voixledisent.

Voiciuneheureuse réunion ! Prenezplaceetattendez leMaître delamaison ! Ilne tardera pas.Ils’occupe devos bêtes fatiguées. Les Hobbits s’assirent avecplaisir dansdesfauteuils basàsiège dejonc, tandis queBaie d’Or s’affairait autour delatable ; etils lasuivaient desyeux, carlasvelte grâcedeses mouvements lesemplissait d’unecalme félicité.

Dequelque partderrière lamaison vintunson dechanson.

Detemps àautre, ilssaisissaient, parmi maints derry dol,gaidol et gai ho , les mots répétés de :   Le vieux TomBombadil estungai luron, Bleu vifest saveste, etses bottes sontjaunes.  — Belle dame !ditdenouveau Frodonaprèsunmoment.

Dites-moi, sima question nevous paraît pas. »

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