Barberino, De la conduite et des coutumes des femmes
Publié le 13/04/2013
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Dans son traité de bonne conduite — publié au début du XIVe siècle sous le titre Del Reggimento e Costume di donna —, l’Italien Francesco da Barberino exhorte la femme à se bien tenir en société. Tout excès, en tant que manifestation du mal, est répréhensible ; aussi les préceptes et bonnes manières sont-ils inculqués dès la plus tendre enfance : la jeune fille à marier, comme la femme, doit modérer chacun de ses actes ; son corps ne doit jamais laisser transparaître une émotion.
De la conduite et des coutumes des femmes de Francesco da Barberino
« Si on la prie de répondre ou qu’on l’envoie parler à quelqu’un, elle doit répondre et parler avec modération : sa voix restera basse, tandis qu’elle gardera les mains et les membres immobiles, car les mouvements et les gestes brusques veulent dire, chez la petite fille, un caractère capricieux et chez la plus grande, un cœur inconstant. Elle doit manger de façon mesurée et courtoise, boire peu et avec tempérance, car si elle en prend l’habitude, elle la gardera par la suite. […] Si à l’occasion il lui faut chanter sur l’ordre de son seigneur ou de sa mère, ou si elle en est priée un peu avant par ses compagnes, qu’elle chante doucement à voix basse, en restant immobile, courtoise et les yeux baissés, le visage tourné vers la personne la plus importante de l’auditoire. […] Et si on lui demande de même de danser, qu’elle danse avec honnêteté, sans faire excès de charme ; et qu’elle ne se pique pas de faire des sauts comme une saltimbanque, afin qu’on ne dise pas qu’elle n’a pas la raison bien solide. […] S’il lui faut rire parce qu’elle s’amuse, qu’elle ne crie pas : “ah ! ah ! ah !” ou n’émette pas des sons de ce genre, car cela laisserait voir ses dents, ce qui n’est pas honnête ; mais que, sans le moindre bruit, elle fasse montre de son allégresse. […] Et s’il lui arrive de pleurer par suite de quelque événement malheureux, que ses larmes soient silencieuses, et qu’elle ne laisse jamais échapper un blasphème ou un gros mot. «
Source : cité dans Klapisch-Zuber (Christiane), la Maison et le nom : stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, EHESS, 1990.
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