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commachin, on peut plus rien faire de ce qu'on veut.

Publié le 30/10/2013

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commachin, on peut plus rien faire de ce qu'on veut. Y a pas un tac à l'horizon. -- On va pas déjà rentrer, dit Zazie. -- De toute façon, dit Fédor Balanovitch, faut qu'on passe d'abord la Sainte-Chapelle avant que ça ferme. Ensuite, ajouta-t-il à l'intention de Gabriel, c'est possible que je te rentre chez toi. -- Et c'est intéressant, la Sainte-Chapelle ? demanda Gabriel. -- Sainte-Chapelle ! Sainte-Chapelle ! telle fut la clameur touriste et ceux qui la poussèrent, cette clameur touriste, entraînèrent Gabriel vers le car dans un élan irrésistible. -- Il leur a tapé dans l'oeil, dit Fédor Balanovitch à Zazie restée comme lui en arrière. -- Faut tout de même pas, dit Zazie, s'imaginer que je vais me laisser trimbaler avec tous ces veaux. -- Moi, dit Fédor Balanovitch, je m'en fous. Et il remonta devant son volant et son micro, utilisant aussitôt ce dernier instrument : -- Allons grouillons ! qu'il haut-parlait jovialement. Schnell ! Schnell ! Les admirateurs de Gabriel l'avaient déjà confortablement installé et, munis d'appareils adéquats, mesuraient le poids de la lumière afin de lui tirer le portrait avec des effets de contre jour. Bien que toutes ces attentions le flattassent, il s'enquit cependant du destin de sa nièce. Ayant appris de Fédor Balanovitch que la dite se refusait à suivre le mouvement, il s'arrache au cercle enchanté des xénophones, redescend et se jette sur Zazie qu'il saisit par un bras et entraîne vers le car. Les caméras crépitent. -- Tu me fais mal, glapissait Zazie folle de rage. Mais elle fut elle aussi emportée vers la Sainte-Chapelle par le véhicule aux lourds pneumatiques. IX -- Ouvrez grand vos hublots, tas de caves, dit Fédor Balanovitch. À droite vous allez voir la gare d'Orsay. C'est pas rien comme architecture et ça peut vous consoler de la Sainte-Chapelle si on arrive trop tard ce qui vous pend au nez avec tous ces foutus encombrements à cause de cette grève de mes deux. Communiant dans une incompréhension unanime et totale, les voyageurs béèrent. Les plus fanatiques d'entre eux n'avaient d'ailleurs fait aucune attention aux grognements du haut-parleur et, grimpés à contresens sur les sièges, ils contemplaient avec émotion l'archiguide Gabriel. Il leur sourit. Alors, ils espérèrent. -- Sainte-Chapelle, qu'ils essayaient de dire. Sainte-Chapelle... -- Oui, oui, dit-il aimablement. La Sainte-Chapelle (silence) (geste) un joyau de l'art gothique (geste) (silence). -- Recommence pas à déconner, dit aigrement Zazie. -- Continuez, continuez, crièrent les voyageurs en couvrant la voix de la petite. On veut ouïr, on veut ouïr, ajoutèrent-ils en un grand effort berlitzscoulien. -- Tu vas tout de même pas te laisser faire, dit Zazie. Elle lui prit un morceau de chair à travers l'étoffe du pantalon, entre les ongles, et tordit méchamment. La douleur fut si forte que de grosses larmes commencèrent à couler le long des joues de Gabriel. Les voyageurs qui, malgré leur grande expérience du cosmopolitisme, n'avaient encore jamais vu de guide pleurer, s'inquiétèrent ; analysant ce comportement étrange, les uns selon la méthode déductive, les autres selon l'inductive, ils conclurent à la nécessité d'un pourliche. Une collecte fut faite, on la posa sur les genoux du pauvre homme, dont le visage redevint souriant plus d'ailleurs par cessation de souffrance que par gratitude, car la somme n'était pas considérable. -- Tout ceci doit vous paraître bien singulier, dit-il timidement aux voyageurs. Une francophone assez distinguée esprima l'opinion commune : -- Et la Sainte-Chapelle ? -- Ah ah, dit Gabriel et il fit un grand geste. -- Il va parler, dit la dame polyglotte à ses congénères en leur idiome natif. D'aucuns, encouragés, montèrent sur les banquettes pour ne rien perdre et du discours et de la mimique. Gabriel toussota pour se donner de l'assurance. Mais Zazie recommença. -- Aouïe, dit Gabriel distinctement. -- Le pauvre homme, s'écria la dame. -- Ptite vache, murmura Gabriel en se frottant la cuisse. -- Moi, lui souffla Zazie dans le cornet de l'oreille, je me tire au prochain feu rouge. Alors, tonton, tu vois ce qui te reste à faire. -- Mais après, comment on fera pour rentrer ? dit Gabriel en gémissant. -- Puisque je te dis que j'ai pas envie de rentrer. -- Mais ils vont nous suivre... -- Si on descend pas, dit Zazie avec férocité, je leur dis que t'es un hormosessuel. -- D'abord, dit paisiblement Gabriel, c'est pas vrai et, deuzio, i comprendront pas. -- Alors, si c'est pas vrai, pourquoi le satyre t'a dit ça ? -- Ah pardon (geste). Il est pas du tout démontré que ça eille été un satyre. -- Bin qu'est-ce qu'i te faut. -- Ce qu'il me faut ? Des faits ! Et il fit de nouveau un grand geste d'un air illuminé qui impressionna fortement les voyageurs fascinés par le mystère de cette conversation qui joignait à la difficulté du vocabulaire tant d'associations d'idées exotiques. -- D'ailleurs, ajouta Gabriel, quand tu l'as amené, tu nous as dit que c'était un flic. -- Oui, mais maintenant je dis que c'était un satyre. Et puis, tu n'y connais rien. -- Oh pardon (geste), je sais ce que c'est.

« IX — Ouvrez grandvoshublots, tasdecaves, ditFédor Balanovitch.

Àdroite vousallez voir lagare d’Orsay.

C’estpasrien comme architecture etça peut vous consoler dela Sainte-Chapelle sion arrive troptard cequi vous pend aunez avec touscesfoutus encombrements àcause decette grève demes deux. Communiant dansuneincompréhension unanimeettotale, lesvoyageurs béèrent.Les plus fanatiques d’entreeuxn’avaient d’ailleursfaitaucune attention auxgrognements du haut-parleur et,grimpés àcontresens surlessièges, ilscontemplaient avecémotion l’archiguide Gabriel.Illeur sourit.

Alors,ilsespérèrent. — Sainte-Chapelle, qu’ilsessayaient dedire.

Sainte-Chapelle… — Oui, oui,dit-il aimablement.

LaSainte-Chapelle (silence)(geste)unjoyau del’art gothique (geste)(silence). — Recommence pasàdéconner, ditaigrement Zazie. — Continuez, continuez,crièrentlesvoyageurs encouvrant lavoix delapetite.

Onveut ouïr, onveut ouïr, ajoutèrent-ils enun grand effortberlitzscoulien. — Tu vastout demême pastelaisser faire,ditZazie. Elle luiprit unmorceau dechair àtravers l’étoffedupantalon, entrelesongles, ettordit méchamment.

Ladouleur futsiforte quedegrosses larmescommencèrent àcouler le long desjoues deGabriel.

Lesvoyageurs qui,malgré leurgrande expérience du cosmopolitisme, n’avaientencorejamaisvude guide pleurer, s’inquiétèrent ; analysant ce comportement étrange,lesuns selon laméthode déductive, lesautres selon l’inductive, ilsconclurent àla nécessité d’unpourliche.

Unecollecte futfaite, onlaposa sur lesgenoux dupauvre homme, dontlevisage redevint souriantplusd’ailleurs par cessation desouffrance quepargratitude, carlasomme n’étaitpasconsidérable. — Tout cecidoitvous paraître biensingulier, dit-iltimidement auxvoyageurs. Une francophone assezdistinguée esprimal’opinion commune : — Et laSainte-Chapelle ? — Ah ah,ditGabriel etilfit un grand geste. — Il vaparler, ditladame polyglotte àses congénères enleur idiome natif. D’aucuns, encouragés, montèrentsurlesbanquettes pournerien perdre etdu discours et de lamimique.

Gabrieltoussota poursedonner del’assurance.

MaisZazie recommença.

— Aouïe, ditGabriel distinctement. — Le pauvre homme, s’écrialadame. — Ptite vache,murmura Gabrielensefrottant lacuisse. — Moi, luisouffla Zaziedanslecornet del’oreille, jeme tire auprochain feurouge. Alors, tonton, tuvois cequi tereste àfaire. — Mais après,comment onfera pour rentrer ? ditGabriel engémissant. — Puisque jete dis que j’aipas envie derentrer. — Mais ilsvont nous suivre… — Si ondescend pas,ditZazie avecférocité, jeleur disque t’esunhormosessuel. — D’abord, ditpaisiblement Gabriel,c’estpasvraiet,deuzio, icomprendront pas. — Alors, sic’est pasvrai, pourquoi lesatyre t’aditça ? — Ah pardon (geste).

Ilest pas dutout démontré queçaeille étéunsatyre. — Bin qu’est-ce qu’itefaut. — Ce qu’ilmefaut ? Desfaits ! Et ilfit de nouveau ungrand gested’unairilluminé quiimpressionna fortementles voyageurs fascinésparlemystère decette conversation quijoignait àla difficulté du vocabulaire tantd’associations d’idéesexotiques. — D’ailleurs, ajoutaGabriel, quandtul’as amené, tunous asditque c’était unflic. — Oui, maismaintenant jedis que c’était unsatyre.

Etpuis, tun’y connais rien. — Oh pardon (geste), jesais ceque c’est.. »

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