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compréhensible satisfaction.

Publié le 01/11/2013

Extrait du document

compréhensible satisfaction. Peut-être, alors, eût-il vu sous un autre aspect cette possibilité d'une union entre la famille Bathory et la sienne. En tout cas, il n'y fallait pas songer à l'heure présente. Silas Toronthal ne voulut donc point revenir sur l'accueil qu'il avait fait à sa femme, lorsqu'elle s'était hasardée à lui parler de Pierre Bathory. Il ne lui donna d'ailleurs aucune explication à cet égard. Surveiller plus sévèrement Sava, la faire espionner même, ce fut à quoi il s'appliqua désormais. Quant au jeune ingénieur, se conduire avec lui de façon hautaine, détourner la tête lorsqu'il le rencontrerait, agir enfin de manière à lui ôter tout espoir, ce fut aussi le parti auquel il s'arrêta. Et il ne réussit que trop bien à lui montrer que toute démarche de sa part serait absolument inutile ! Ce fut en ces circonstances que, dans la soirée du 10 juin, le nom de Sarcany fut jeté à travers les salons de l'hôtel du Stradone, après que la porte se fût ouverte devant cet impudent. Le matin même, Sarcany, accompagné de Namir, avait pris le chemin de fer de Cattaro à Raguse. Il était descendu dans un des principaux hôtels de la ville, il avait fait une élégante toilette, et, sans perdre une heure, il était venu se présenter chez son ancien complice. Silas Toronthal le reçut et donna ordre de ne pas les déranger. Comment prit-il la visite de Sarcany ? Fût-il assez maître de ses impressions pour ne rien laisser percer de ce qu'il éprouvait à le revoir, et composa-t-il avec lui ? Sarcany, de son côté, se montra-t-il impérieux, insolent, comme autrefois ? Rappela-t-il au banquier des promesses qui avaient pu être faites, des conventions arrêtées entre eux de longue date ? Enfin parlèrent-ils du passé, du présent, de l'avenir ? C'est ce qu'on ne pourrait dire, car cet entretien ne fut troublé par personne. Mais voici ce qui en résulta. Vingt-quatre heures après, une nouvelle, bien faite pour étonner, courait la ville. On parlait du mariage de Sarcany, - un riche personnage de la Tripolitaine, - avec Mlle Sava Toronthal. Évidemment, le banquier avait dû céder aux menaces de l'homme qui pouvait le perdre d'un mot. Aussi, ni les prières de sa femme, ni l'horreur manifestée par Sava, dont son père prétendait disposer à sa seule convenance, rien ne devait-il le toucher. Un mot seulement de l'intérêt que Sarcany avait à faire ce mariage, - intérêt qu'il n'avait point dissimulé à Silas Toronthal. Sarcany était maintenant ruiné. Cette part de fortune, qui avait permis au banquier de rétablir le crédit de sa maison, c'est à peine si elle avait suffi à l'aventurier pendant cette période de quinze ans. Depuis son départ de Trieste, Sarcany avait couru l'Europe, vivant en prodigue, pour qui les hôtels de Paris, de Londres, de Berlin, de Vienne, de Rome, n'eurent jamais assez de fenêtres pour qu'il pût y jeter l'argent au gré de ses fantaisies. Après les plaisirs de toutes sortes, ce fut aux chances du hasard qu'il demanda d'achever sa ruine, aussi bien dans les villes où les jeux fonctionnaient encore, en Suisse et en Espagne, que sur les tables de la Principauté monégasque, enserrée dans un périmètre de frontières françaises. Il va sans dire que Zirone n'avait cessé d'être son second pendant toute cette période. Puis, lorsqu'ils n'eurent plus que quelques milliers de florins, tous deux étaient revenus dans ce pays, cher au Sicilien, en cette portion orientale de la Sicile. Là, ils ne restèrent pas oisifs, en attendant les événements, c'est-à-dire que le temps fût venu pour Sarcany de reprendre ses relations avec le banquier de Trieste. En effet, quoi de plus simple que de refaire sa fortune en épousant Sava, l'unique héritière du riche Silas Toronthal, - lequel n'avait rien à refuser à Sarcany. En effet, aucun refus n'était possible, aucun refus n'avait été même tenté. Peut-être, après tout, y avait-il encore entre ces deux hommes et dans le problème dont ils poursuivaient la solution, une inconnue que dégagerait l'avenir. Cependant une explication très nette fut demandée par Sava à son père. Pourquoi disposait-il ainsi d'elle ? « Mon honneur dépend de ce mariage, finit par répondre Silas Toronthal, et ce mariage se fera ! « Lorsque Sava rapporta cette réponse à sa mère, celle-ci tomba presque évanouie dans les bras de sa fille et ne put que verser des larmes de désespoir. Silas Toronthal avait donc dit la vérité ! Le mariage fut fixé au 6 juillet. Pendant ces trois semaines, on imagine ce que dut être l'existence de Pierre Bathory. Son trouble était effrayant. En proie à des accès de rage impuissante, tantôt il restait enfermé dans la maison de la rue Marinella, tantôt il s'échappait de cette ville maudite, et Mme Bathory pouvait craindre de ne plus le revoir. Quelles paroles de consolation aurait-elle pu lui faire entendre ? Tant qu'il n'avait pas été question de ce mariage, Pierre Bathory, bien qu'il fût repoussé par le père de Sava, pouvait conserver un peu d'espoir. Mais, Sava mariée, c'était un nouvel abîme, - abîme infranchissable cette fois ! Quoi qu'eût dit le docteur Antékirtt, lui aussi, malgré ses promesses, il avait abandonné Pierre ! Et pourtant, se demandait-il, comment la jeune fille qui l'aimait, dont il connaissait l'énergique nature, avait-elle pu consentir à cette union ? Quel mystère y avait-il dans cet hôtel du Stradone, où se passaient de telles choses ? Ah ! que Pierre eût mieux fait de quitter Raguse, d'accepter les situations qui lui avaient été offertes au dehors, de s'en aller loin de Sava, qu'on livrait à cet étranger, à ce Sarcany ! « Non ! répétait-il. C'est impossible !... Je l'aime ! « Le désespoir était donc entré dans cette maison qu'un rayon de bonheur avait éclairée pendant quelques jours ! Pointe Pescade, toujours en observation, très au courant des bruits de la ville, fut un des premiers instruits de ce qui se préparait. Dès qu'il connut cette nouvelle du mariage de Sava Toronthal et de Sarcany, il écrivit à Cattaro. Dès qu'il eût pu constater le pitoyable état auquel cette nouvelle avait réduit le jeune ingénieur - auquel il s'intéressait vivement, - il en fit part au docteur Antékirtt. Pour toute réponse, il reçut l'ordre de continuer à observer ce qui se passerait à Raguse et de tenir Cattaro au courant de tout. Cependant, à mesure que s'approchait cette date néfaste du 6 juillet, l'état de Pierre Bathory ne faisait qu'empirer. Sa mère ne pouvait plus lui rendre un peu de calme. Comment, d'ailleurs, eût-il été possible de modifier les projets de Silas Toronthal ? N'était-il pas évident, rien qu'à la hâte avec laquelle il avait été déclaré et fixé, que ce mariage était depuis longtemps résolu, que Sarcany et le banquier se connaissaient de longue date, que ce « riche Tripolitain « devait avoir sur le père de Sava une influence toute particulière ? Emporté par ses idées obsédantes, Pierre Bathory eut la pensée d'écrire à Silas Toronthal, huit jours avant la date indiquée pour la célébration du mariage. Sa lettre resta sans réponse. Pierre essaya alors de rencontrer le banquier dans la rue... Il ne put y parvenir. Pierre voulut aller le chercher jusqu'en son hôtel... Il ne put en franchir la porte. Quant à Sava et à sa mère, elles étaient maintenant invisibles. Nulle possibilité d'arriver jusqu'à elles ! Mais, si Pierre Bathory ne put revoir Sava ni son père, plusieurs fois, dans le Stradone, il se trouva face à face avec Sarcany. Au regard de haine du jeune homme, Sarcany ne répondit que par le plus insolent dédain. Pierre Bathory eut alors la pensée de le provoquer, afin de le forcer à se battre... Mais, sous quel prétexte, et pourquoi Sarcany aurait-il accepté une rencontre que son intérêt, à la veille de devenir le mari de Sava Toronthal, lui commandait d'éviter ? Six jours s'écoulèrent. Pierre, malgré les supplications de sa mère, malgré les prières de Borik, quitta la maison de la rue Marinella dans la soirée du 4 juillet. Le vieux serviteur voulut essayer

« « Mon honneur dépenddecemariage, finitparrépondre SilasToronthal, etce mariage se fera ! » Lorsque Savarapporta cetteréponse àsa mère, celle-ci tombapresque évanouie danslesbras de safille etne put que verser deslarmes dedésespoir. Silas Toronthal avaitdonc ditlavérité ! Le mariage futfixé au6juillet. Pendant cestrois semaines, onimagine ceque dutêtre l’existence dePierre Bathory.

Son trouble étaiteffrayant.

Enproie àdes accès derage impuissante, tantôtilrestait enfermé dans la maison delarue Marinella, tantôtils’échappait decette villemaudite, etMme Bathory pouvait craindre deneplus lerevoir. Quelles parolesdeconsolation aurait-ellepuluifaire entendre ? Tantqu’iln’avait pasété question decemariage, PierreBathory, bienqu’ilfûtrepoussé parlepère deSava, pouvait conserver unpeu d’espoir.

Mais,Savamariée, c’étaitunnouvel abîme, –abîme infranchissable cette fois !Quoiqu’eût ditledocteur Antékirtt, luiaussi, malgré sespromesses, ilavait abandonné Pierre !Etpourtant, sedemandait-il, commentlajeune fillequil’aimait, dontil connaissait l’énergique nature,avait-elle puconsentir àcette union ? Quelmystère yavait-il dans cethôtel duStradone, oùsepassaient detelles choses ? Ah !quePierre eûtmieux faitde quitter Raguse, d’accepter lessituations quiluiavaient étéoffertes audehors, des’en aller loin de Sava, qu’on livraitàcet étranger, àce Sarcany ! « Non ! répétait-il.

C’estimpossible !… Jel’aime ! » Le désespoir étaitdonc entré danscette maison qu’unrayondebonheur avaitéclairée pendant quelques jours ! Pointe Pescade, toujoursenobservation, trèsaucourant desbruits delaville, futundes premiers instruitsdecequi sepréparait.

Dèsqu’il connut cettenouvelle dumariage deSava Toronthal etde Sarcany, ilécrivit àCattaro.

Dèsqu’il eûtpuconstater lepitoyable étatauquel cette nouvelle avaitréduit lejeune ingénieur –auquel ils’intéressait vivement,–ilen fitpart au docteur Antékirtt. Pour toute réponse, ilreçut l’ordre decontinuer àobserver cequi sepasserait àRaguse etde tenir Cattaro aucourant detout. Cependant, àmesure ques’approchait cettedatenéfaste du6juillet, l’étatdePierre Bathory ne faisait qu’empirer.

Samère nepouvait plusluirendre unpeu decalme.

Comment, d’ailleurs, eût-il étépossible demodifier lesprojets deSilas Toronthal ? N’était-ilpasévident, rienqu’à la hâte avec laquelle ilavait étédéclaré etfixé, quecemariage étaitdepuis longtemps résolu,que Sarcany etlebanquier seconnaissaient delongue date,quece« riche Tripolitain » devaitavoir sur lepère deSava uneinfluence touteparticulière ? Emporté parsesidées obsédantes, PierreBathory eutlapensée d’écrire àSilas Toronthal, huit jours avant ladate indiquée pourlacélébration dumariage. Sa lettre restasansréponse. Pierre essaya alorsderencontrer lebanquier danslarue… Ilne put yparvenir. Pierre voulut allerlechercher jusqu’ensonhôtel… Ilne put enfranchir laporte. Quant àSava etàsa mère, ellesétaient maintenant invisibles.Nullepossibilité d’arriverjusqu’à elles ! Mais, siPierre Bathory neput revoir Savanison père, plusieurs fois,dans leStradone, ilse trouva faceàface avec Sarcany.

Auregard dehaine dujeune homme, Sarcanynerépondit que par leplus insolent dédain.PierreBathory eutalors lapensée deleprovoquer, afindeleforcer à se battre… Mais,sousquelprétexte, etpourquoi Sarcanyaurait-ilaccepté unerencontre que son intérêt, àla veille dedevenir lemari deSava Toronthal, luicommandait d’éviter ? Six jours s’écoulèrent.

Pierre,malgré lessupplications desamère, malgré lesprières deBorik, quitta lamaison delarue Marinella danslasoirée du4juillet.

Levieux serviteur voulutessayer. »

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