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De l'idéal humaniste à l'ébranlement du XXe siècle

Publié le 18/05/2012

Extrait du document

Montrer l'évolution de la conception de l'homme à travers les époques

 

v  16ème siècle, l'idéal humaniste :

 

Renaissance apparition nouvelle vision de l'Homme :

 

-          valorisation du savoir de l'être humain diffusion d'un idéal de perfection

-          supériorité de l'Homme sur l'animal

 

L'Homme se distingue par sa capacité à acquérir "vertu et connaissance" (Divine Comédie, Dante)

Discours sur la dignité de l'homme, Pic de la Mirandole (1488) :

Finalement, j'ai cru comprendre pourquoi l'homme est le mieux loti des êtres animés, digne par conséquent de toute admiration, et quelle est en fin de compte cette noble condition qui lui est échue dans l'ordre de l'univers, où non seulement les bêtes pourraient l'envier, mais les astres, ainsi que les esprits de l'au-delà. Chose incroyable et merveilleuse! Comment ne le serait-elle pas, puisque de ce fait l'homme est à juste titre proclamé et réputé une grande merveille, un être décidément admirable? [...] Déjà Dieu, Père et architecte suprême, avait construit avec les lois d'une sagesse secrète cette demeure du monde que nous voyons, auguste temple de sa divinité: il avait orné d'esprits la région supra-céleste, il avait vivifié d'âmes éternelles les globes éthérés, il avait empli d'une foule d'êtres de tout genre les parties excrémentielles et bourbeuses du monde inférieur. Mais, son œuvre achevée, l'architecte désirait qu'il y eût quelqu'un pour peser la raison d'une telle œuvre, pour en aimer la beauté, pour en admirer la grandeur. Aussi, quand tout fut terminé (comme l'attestent Moïse et Timée), pensa-t-il en dernier lieu à créer l'homme. [...] O suprême bonté de Dieu le Père, suprême et admirable félicité de l'homme ! Il lui est donné d'avoir ce qu'il souhaite, d'être ce qu'il veut.

De nbrx auteurs insistent sur la nécessité d'acquérir de solides connaissances lui permettant d'être à l'image de Dieu et de s'affranchir de toutes sortes de frayeurs.

L'homme idéal de la Renaissance apparaît donc sage et avide de connaissances.

Gargantua, chap. 57, "Comment était réglée la vie des Thélémites", Rabelais (1534) :

Ils étaient si bien éduqués qu'il n'y avait parmi eux homme ni femme qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments de musique, parler cinq ou six langues et y composer, tant en vers qu'en prose. Jamais on ne vit de chevaliers si vaillants, si hardis, si adroits au combat à pied ou à cheval, plus vigoureux, plus agiles, maniant mieux les armes que ceux là : jamais on ne vit de dames si fraîches, si jolies, moins acariâtres, plus doctes aux travaux d'aiguilles et à toute activité de femme honnête et bien née que celles-là.

§  vision utopique, idéal humaniste

 

Pantagruel, chap.8, "Gargantua écrit à son fils Pantagruel une lettre pout l'exhorter à étudier", Rabelais (1532) :

J'entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement. Premièrement la grecque, comme le veut Quintilien, secondement la latine, et puis l'hébraïque pour les saintes lettres, et la chaldaïque et arabique pareillement ; et que tu formes ton style quant à la grecque, à l'imitation de Platon, quant à la latine, de Cicéron. Qu'il n'y ait histoire que tu ne tiennes en mémoire présente [...] Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique, je t'en donnai quelque goût quand tu étais encore petit, en l'âge de cinq à six ans ; poursuis le reste, et d'astronomie saches-en tous les canons ; laisse-moi l'astrologie[...] comme abus et vanité. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes et me les confères avec philosophie. Et quant à la connaissance des sciences naturelles, je veux que tu t'y adonnes avec zèle : qu'il n'y ait mer, rivière ni fontaine, dont tu ne connaisses les poissons, tous les oiseaux de l'air, tous les arbres, tous les arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de l'Orient et l'Afrique : que rien ne te soit inconnu.

§  lettre rappelant exigence humaniste en définissant un véritable programme d'enseignement

v  17ème siècle, renouvellement de la littérature morale :

 

-          guerres de religion (1562-1598) → remise en cause de l'idéal promu par les humanistes

→ l'Homme étant capable de tuer son voisin, il n'apparaît plus comme une valeur suprême.

 

-          De la période baroque (1560-1640) à l'âge classique (1640-1715), les écrivains relativisent la notion de perfection humaine 

 

-          pdt cette "crise de conscience européenne"naissance de nvlles formes artistiques en lien ac cette nvlle représentation de l'Homme 

Exemple : le genre des vanités (peinture de natures mortes s'accompagnant d'une vision sombre de la destinée humaine comme le suggère la présence marquée d'un sablier ou d'une tête de mort)

Renouvellement de la littérature morale → des formes fragmentaires voient le jour (maximes, sentences ou réflexions) :

"Que le cœur de l'homme est creux et plein d'ordure" (Pascal, Pensées, IX, Divertissement)

"L'homme croit souvent se conduire lorsqu'il est conduit; et pendant que par son esprit il tend à un but, son cœur l'entraîne insensiblement vers un autre." (Réflexions morales, La Rochefoucauld)

§  Ces moralistes révèlent la vanité de toute action humaine et la misère de celui qui ne se conduit pas en suivant le chemin tracé par Dieu.

 

 

 

 

v  1ère moitié du 19ème siècle :

Le Voyage - VIII

O Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons ! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

 

§  Baudelaire : un poète maudit + chef de file de la modernité

§  "mal du siècle", fuite du poète par le rêve d'une société qui ne le comprend pas

§  lyrisme personnel

 

Mémoires d'Outre-tombe, Chateaubriand :

Plus la saison était triste, plus elle était en rapport avec moi : le temps de frimas, en rendant les communications moins faciles, isole les habitants des campagnes : on se sent mieux à l'abri des hommes. Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne : ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées. Je voyais avec un plaisir indicible le retour de la saison des tempêtes, le passage de cygnes et des ramiers, le rassemblement des corneilles dans la prairie de l'étang, et leur perchée à l'entrée de la nuit sur les plus hauts chênes du grand Mail. Rencontrais-je quelque laboureur au bout d'un gueret ? je m'arrêtais pour regarder cet homme germé à l'ombre des épis parmi lesquels il devait être moissonné, et qui retournant la terre de sa tombe avec le soc de la charrue, mêlait ses sueurs brûlantes aux pluies glacées de l'automne : le sillon qu'il creusait était le monument destiné à lui survivre.

 

§  19ème siècle

§  écrivain romantique

§  Les Mémoires d’outre tombe --> une œuvre autobiographique ancrée dans son époque. Chateaubriand se peint comme l’une des victimes du mal du siècle. Dans cet extrait, on voit le lien que le romantique établit entre son moi et le monde extérieur.

 

Ils gisent dans le champ terrible et solitaire., Victor Hugo : Leur sang fait une mare affreuse sur la terre ; Les vautours monstrueux fouillent leur ventre ouvert ; Leurs corps farouches, froids, épars sur le pré vert, Effroyables, tordus, noirs, ont toutes les formes Que le tonnerre donne aux foudroyés énormes ; Leur crâne est à la pierre aveugle ressemblant ; La neige les modèle avec son linceul blanc ; On dirait que leur main lugubre, âpre et crispée, Tâche encor de chasser quelqu'un à coup d'épée ; Ils n'ont pas de parole, ils n'ont pas de regard ; Sur l'immobilité de leur sommeil hagard Les nuits passent ; ils ont plus de chocs et de plaies Que les suppliciés promenés sur des claies ; Sous eux rampent le ver, la larve et la fourmi ; Ils s'enfoncent déjà dans la terre à demi Comme dans l'eau profonde un navire qui sombre ; Leurs pâles os, couverts de pourriture et d'ombre, Sont comme ceux auxquels Ezéchiel parlait ; On voit partout sur eux l'affreux coup du boulet, La balafre du sabre et le trou de la lance ; Le vaste vent glacé souffle sur ce silence ; Ils sont nus et sanglants sous le ciel pluvieux.

O morts pour mon pays, je suis votre envieux.

Alfred de Musset - La confession d'un enfant du siècle   

Alors s'assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse. Tous ces enfants étaient des gouttes d'un sang brûlant qui avait inondé la terre ; ils étaient nés au sein de la guerre, pour la guerre. Ils avaient rêvé pendant quinze ans des neiges de Moscou et du soleil des pyramides. Ils n'étaient pas sortis de leurs villes, mais on leur avait dit que, par chaque barrière de ces villes, on allait à une capitale d'Europe. Ils avaient dans la tête tout un monde ; ils regardaient la terre, le ciel, les rues et les chemins ; tout cela était vide, et les cloches de leurs paroisses résonnaient seules dans le lointain.

§  Alfred de MUSSET (1810-1857)

§  roman racontant indirectement l’histoire d'amour de Sand et Musset.

 

 

v  2ème moitié du 19ème siècle :

 

Extrait de Germinal, Zola :

 

C'était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la température montait jusqu'à trente-cinq degrés, l'air ne circulait pas, l'étouffement à la longue devenait mortel. Il avait dû, pour voir clair, fixer sa lampe à un clou près de sa tête ; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang. Mais son supplice s'aggravait surtout de l'humidité. La roche au-dessus de lui, à quelques centimètres de son visage, ruisselait d'eau, de grosses gouttes continues et rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place. Il avait beau tordre le cou, renverser la nuque : elles battaient sa face, s'écrasaient, claquaient sans relâche. Au bout d'un quart d'heure, il était trempé, couvert de sueur lui-même, fumant d'une chaude buée de lessive. (...) Pas une parole n'était échangée. Ils tapaient tous, on n'entendait que ces coups irréguliers, voilés et comme lointains. Les bruits prenaient une sonorité rauque, sans un écho dans l'air mort. Et il semblait que les ténèbres fussent d'un noir inconnu, épaissi par les poussières volantes du charbon, alourdi par des gaz qui pesaient sur les yeux.

 

§  Zola : écrivain engagé + chef de fil du naturalisme

§  naturalisme

§  description + dénonciation de la condition des ouvriers

§  réflexion sur l'homme

 

 

v  20ème siècle, l'ébranlement des mentalités :

 

-          naissance d'un nvl humanisme à c. du traumatisme des GM + disparition des repères religieux

-          prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine (diff.  à communiquer + montée de l'individualisme)

 

 

Exemple : théâtre de l'absurde (met en scène personnages en quête perpétuelle de sens. Incapables de raisonner et d'expliquer leur raison d'exister, ils se contentent de subir les événements.

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