fixa longtemps les montagnes et les arbres, et même les visages, comme s'il voulait se les rappeler pour l'éternité.
Publié le 30/10/2013
Extrait du document
«
« Ne
ressentez-vous pasquelque honteàlaisser cetteterre enfriche ?
– Je n’aiaucune raisondelacultiver, répondit Adam.Nousenavons déjàparlé.
Vous
croyiez quejechangerais ? Jen’ai paschangé.
– Prenez-vous plaisiràsouffrir ? demanda Samuel.Vouscroyez-vous grandet
tragique ? – Je nesais pas.
– Pensez-y.
Peut-êtrejouez-vous unrôle surune grande scènedevant unesalle vide. »
Un léger agacement perçadanslavoix d’Adam :
« Pourquoi venez-vousmesermonner ? Jesuis content devous voir,mais pourquoi
essayez-vous descruter enmoi ?
– Pour voirsila colère n’estpasmorte envous.
Jesuis unvieux fouineur.
Cetteterreest
en friche, et,àcôté demoi, ilya un homme enfriche.
Jen’aime paslegaspillage, carje
n’ai jamais pume lepermettre.
Est-ceagréable delaisser envahir savie par le
chiendent ? – Que puis-je faired’autre ?
– Faire unnouvel essai. »
Adam fitface àSamuel.
« J’ai peurd’essayer, dit-il.Jepréfère continuer ainsi.Peut-être n’ai-jeplusniforce ni
courage.
– Et vosenfants ? Lesaimez-vous ?
– Oui… oui.
– Aimez-vous l’unplus quel’autre.
– Pourquoi dites-vouscela ?
– Je nesais pasquelque chosedansvotre voix.
– Rentrons », ditAdam.
Ils marchèrent lentementsouslesarbres.
Soudain Adamdemanda :
« Avez-vous jamaisentendu direqueCathy fûtàSalinas ? Dites,l’avez-vous entendu
dire ? – Et vous ?
– Oui, maisjene lecrois pas,jene peux paslecroire. »
Samuel marcha silencieusement dansuneornière delaroute.
Sonesprit connaissait la
même préoccupation quecelui d’Adam et,avec lassitude, ilsentit revivre unepensée
qu’il croyait morte.Ilfinit pardire :
« Elle nevous ajamais quitté ?
– C’est vrai.Mais j’aioublié lecoup defeu, jen’y repense plus.
– Je nepuis vous direcomment vivrevotre vie,ditSamuel.
Jesais qu’il serait préférable
que vous quittiez lessouterrains devos « peut-être » etque vous reveniez àla surface où
souffle levent.
Toutenvous parlant, jepasse aucrible messouvenirs commeunhomme
qui tamiserait lesbalayures surleplancher d’unbarpour recueillir lapoussière d’orqui
tombe entreleslames d’unparquet.
C’estdel’artisanat, toutauplus.
Vous êtesun
homme tropjeune pourcribler dessouvenirs, Adam,maisvousdevriez-vous fabriquer
de nouveaux pourqu’un jourlamoisson soitplus riche dansletamis. »
Adam avaitpenché latête enavant etses mâchoires saillaient,tantilles serrait.
Samuel leregarda furtivement :
« C’est cela,dit-il, mordez-y àpleines dents.Comme nousdéfendons noserreurs ! Vous
dirai-je ceque vous faites, pourquevous necroyiez pasl’avoir inventé ? Lorsquevous
êtes aulit, après avoirsoufflé lachandelle, elleapparaît àla porte, unepetite lumière
derrière elle,etvous voyez sachemise denuit remuer légèrement.
Ellevient doucement
vers votre lit,etvous, retenant votrerespiration, vousrepoussez lescouvertures pourla
recevoir etvous glissez votretêtesurl’oreiller pourluifaire delaplace.
Voussentez le
parfum desapeau, comparable ànul autre aumonde…
– Arrêtez ! criaAdam.
NomdeDieu ! Arrêtez.
Jevous interdis defouiller dansmavie.
Vous êtescomme uncoyote quirenifle unevache morte..
»
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