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FOURIER: LA MÉDECINE AU PHALANSTÈRE

Publié le 07/02/2011

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La médecine harmonique spécule, comme toute autre fonction, à contre-sens de nos calculs d'égoïsme civilisé.    En civilisation, le médecin gagne en proportion du nombre des malades qu'il a traités ; il lui convient donc que les maladies soient nombreuses et longues, principalement dans la classe riche.    Le contraire a lieu en Harmonie ; les médecins y sont rétribués par un dividende sur le produit général de la phalange. Ce dividende est conditionnel pour le taux : il s'accroît de i, 2, 3, 4, 5, 6, 10 millièmes, ou décroît d'autant, en raison de la santé collective et comparative de la phalange entière. Moins elle aura eu de malades et morts dans le cours de l'année, plus le dividende alloué aux médecins sera fort. On estime leurs services par les résultats, et comparativement aux statistiques sanitaires des phalanges voisines, jouissant de pareils climats.    L'intérêt des médecins est le même que celui des assureurs sur la vie ; ils sont intéressés à veiller à ce que rien ne compromette la santé d'aucune classe, que la phalange ait de beaux vieillards, des enfants bien robustes, et que la mortalité s'y réduise au minimum.    Les dentistes spéculent de même sur les râteliers ; moins ils opèrent, plus il gagnent ; aussi surveillent-ils assidûment les dents des enfants comme des pères.    Bref, l'intérêt de ces fonctionnaires est que chacun ait bon appétit, bon estomac, bon râtelier ; s'ils étaient comme les nôtres dans le cas de spéculer sur les maladies individuelles, il y aurait dans leur industrie duplicité d'action, contrariété de l'intérêt individuel avec le collectif, comme dans le mécanisme civilisé, qui est une guerre universelle des individus contre les masses. Et nos sciences politiques osent parler d'unité d'action.

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