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Frédéric GAUSSEN. Vacances. (Le Monde de l'éducation)

Publié le 22/03/2011

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   Comme chaque année, l'approche des vacances se vit comme une lente débandade. L'heure de la sortie, c'est, en fait, les derniers conseils de classe qui la sonnent. Passera, passera pas dans la classe supérieure? Ce problème résolu, la classe se délite1. Le ciment de la sanction finale n'étant plus là, du coup la vie scolaire perd sa fragile signification. Élèves et enseignants se trouvent aspirés par l'apesanteur des vacances. Ces vacances qui absorbent les crises et les révolutions, annulent le temps. Vacances-torpeur. Vacances-oubli.    Pour les enfants, elles commencent par le tournoiement un peu déboussolé dans l'appartement vide ou la rue. Par l'ennui déjà. Après viendront la transhumance familiale, la « colo « ou — pour les plus chanceux — le voyage...    Une société met longtemps à digérer ses conquêtes. La nôtre ne s'est pas encore habituée au droit aux vacances qu'elle s'est concédé. L'idéologie de la peine et du labeur pèse sur elle si fortement que le loisir ne va pas sans mauvaise conscience. Il faut d'abord « récupérer « (sa force de travail), retrouver la « forme « (avant de prendre le « collier «). Il faut vivre à pleins  poumons pour supporter l'asphyxie progressive des onze mois d'activité sérieuse.    Cette dichotomie de la tension et de la détente, la société l'a imposée aux enfants de façon quasiment forcenée. Les écoliers français sont ceux qui ont dans l'année le moins d'heures de cours et le plus de choses à apprendre. Le plus de matières intellectuelles et le moins de sports et de musique. Leur vie est une alternance minutieusement réglée d'immobilité et de déchaînement. Une heure pour écouter le maître, cinq minutes pour hurler dans la cour. Neuf mois de classe, trois mois d'oisiveté forcée.    Trois mois pour oublier, pour permettre aux inégalités de regagner le terrain grignoté en classe. Pour les enfants, les vacances sont l'expression la plus sournoise de l'injustice sociale. Notre société égalitaire peut dormir sur ses deux oreilles. Les vacances sont là pour rétablir les différences. Pendant les vacances chacun retrouve ses quartiers et son milieu. Elles remettent chacun à sa place.    Aux uns les livres, la culture, les voyages à l'étranger, la sollicitude familiale, la richesse de la conversation, les jeux qui ouvrent l'esprit. Aux autres, la promiscuité, la rue, le silence des adultes, l'entourage absent, la télévision, la bousculade.    Les vacances peuvent être le temps de la découverte, du contact, de la création, de l'imprévu. Encore faut-il avoir appris quelque part à chercher, à parler, à inventer. Lorsque la famille ne peut le faire, c'est à l'école de s'en acquitter. Tant que celle-ci n'aura pas fait de ces objectifs les principes de son action, les individus resteront démunis devant la vacuité des loisirs.    Résumez ce texte en une douzaine de lignes. Expliquez : « l'idéologie de la peine et du labeur « ; « la sollicitude familiale « ; « la promiscuité «. Pensez-vous, comme l'auteur, que les vacances soulignent les inégalités sociales tandis que la vie scolaire les atténue ? (Développement composé de trente à cinquante lignes.)

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