Devoir de Philosophie

Gabriel ou en plaisirs de jeune homme, comme vous l'entendrez.

Publié le 11/04/2014

Extrait du document

Gabriel ou en plaisirs de jeune homme, comme vous l'entendrez. Je me suis dit que ma franchise vous convaincrait et lèverait tout vain scrupule de votre part; que vous comprendriez le besoin que j'éprouve d'aimer et d'être aimé; que vous partageriez avec moi en frère; qu'enfin vous ne me forceriez pas à me jeter dans la vie des orgueilleux, en vous montrant orgueilleux vous-même, et en repoussant un coeur sincère qui vous cherche et vous implore. ASTOLPHE, l'embrassant avec effusion. Ma foi! tu es un noble enfant; il y a plus de fermeté, de sagesse et de droiture dans ta jeune tête qu'il n'y en a jamais eu dans toute notre famille. Eh bien, je le veux: nous serons frères, et nous nous moquerons des vieilles querelles de nos pères. Nous courrons le monde ensemble; nous nous ferons de mutuelles concessions, afin d'être toujours d'accord: je me ferai un peu moins fou, tu te feras un peu moins sage. Ton grand-père ne peut pas te déshériter: tu le laisseras gronder, et nous nous chérirons à sa barbe. Toute la vengeance que je veux tirer de sa haine, c'est de t'aimer de toute mon âme. GABRIEL, lui serrant la main. Merci, Astolphe; vous m'ôtez un grand poids de la poitrine. ASTOLPHE. C'est donc pour me rencontrer que tu avais été ce soir à la taverne? GABRIEL. On m'avait dit que vous étiez là tous les soirs. ASTOLPHE. Cher Gabriel! et tu as failli être assassiné dans ce tripot! et je l'eusse été, moi, peut-être, sans ton secours! Ah! je ne t'exposerai plus jamais à ces ignobles périls; je sens que pour toi j'aurai la prudence que je n'avais pas pour moi-même. Ma vie me semblera plus précieuse unie à la tienne. GABRIEL, s'approchant de la grille de la fenêtre. Tiens! le jour est levé: regarde, Astolphe, comme le soleil rougit les flots en sortant de leur sein. Puisse notre amitié être aussi pure, aussi belle que le jour dont cette aurore est le brillant présage! (Le geôlier et le chef des sbires entrent.) LE CHEF DES SBIRES. Messeigneurs, en apprenant vos noms, le chef de la police a ordonné que vous fussiez mis en liberté sur-le-champ. ASTOLPHE. Tant mieux, la liberté est toujours agréable: elle est comme le bon vin, on n'attend pas pour en boire que la soif soit venue. GABRIEL. SCÈNE II. 33 Gabriel Allons! vieux Marc, éveille-toi. Notre captivité est déjà terminée. MARC, bas à Gabriel. Eh quoi! mon cher maître, vous allez sortir bras dessus bras dessous avec le seigneur Astolphe?... Que dira Son Altesse si on vient à lui redire.... GABRIEL. Son Altesse aura bien d'autres sujets de s'étonner. Je le lui ai promis: je me comporterai en homme! DEUXIÈME PARTIE. Dans la maison d'Astolphe. SCÈNE PREMIÈRE. ASTOLPHE, LA FAUSTINA. (Astolphe, en costume de fantaisie très-riche, achève sa toilette devant un grand miroir. La Faustina, très-parée, entre sur la pointe du pied et le regarde. Astolphe essaie plusieurs coiffures tour à tour avec beaucoup d'attention.) LA FAUSTINA, à part. Jamais femme mit-elle autant de soin à sa toilette et de plaisir à se contempler? Le fat! ASTOLPHE, qui voit Faustina dans la glace. A part. Bon! je te vois fort bien, fléau de ma bourse, ennemi de mon salut? Ah! tu reviens me trouver! Je vais te faire un peu damner à mon tour. (Il jette sa toque avec une affectation d'impatience et arrange sa chevelure minutieusement.) FAUSTINA, s'assied et le regarde. Toujours à part. Courage! admire-toi, beau damoiseau! Et qu'on dise que les femmes sont coquettes! Il ne daignera pas se retourner! ASTOLPHE, à part. Je gage qu'on s'impatiente. Oh! je n'aurai pas fini de si tôt. (Il recommence à essayer ses toques.) FAUSTINA, à part. Encore!... Le fait est qu'il est beau, bien plus beau qu'Antonio; et on dira ce qu'on voudra, rien ne fait tant d'honneur que d'être au bras d'un beau cavalier. Cela vous pare mieux que tous les joyaux du monde. Quel dommage que tous ces Alcibiades soient si vite ruinés! En voilà un qui n'a plus le moyen de donner une agrafe DEUXIÈME PARTIE. 34

« Allons! vieux Marc, éveille-toi.

Notre captivité est déjà terminée. MARC, bas à Gabriel. Eh quoi! mon cher maître, vous allez sortir bras dessus bras dessous avec le seigneur Astolphe?...

Que dira Son Altesse si on vient à lui redire.... GABRIEL. Son Altesse aura bien d'autres sujets de s'étonner.

Je le lui ai promis: je me comporterai en homme! DEUXIÈME PARTIE. Dans la maison d'Astolphe. SCÈNE PREMIÈRE. ASTOLPHE, LA FAUSTINA. (Astolphe, en costume de fantaisie très-riche, achève sa toilette devant un grand miroir.

La Faustina, très-parée, entre sur la pointe du pied et le regarde.

Astolphe essaie plusieurs coiffures tour à tour avec beaucoup d'attention.) LA FAUSTINA, à part. Jamais femme mit-elle autant de soin à sa toilette et de plaisir à se contempler? Le fat! ASTOLPHE, qui voit Faustina dans la glace.

A part. Bon! je te vois fort bien, fléau de ma bourse, ennemi de mon salut? Ah! tu reviens me trouver! Je vais te faire un peu damner à mon tour. (Il jette sa toque avec une affectation d'impatience et arrange sa chevelure minutieusement.) FAUSTINA, s'assied et le regarde.

Toujours à part. Courage! admire-toi, beau damoiseau! Et qu'on dise que les femmes sont coquettes! Il ne daignera pas se retourner! ASTOLPHE, à part. Je gage qu'on s'impatiente.

Oh! je n'aurai pas fini de si tôt. (Il recommence à essayer ses toques.) FAUSTINA, à part. Encore!...

Le fait est qu'il est beau, bien plus beau qu'Antonio; et on dira ce qu'on voudra, rien ne fait tant d'honneur que d'être au bras d'un beau cavalier.

Cela vous pare mieux que tous les joyaux du monde.

Quel dommage que tous ces Alcibiades soient si vite ruinés! En voilà un qui n'a plus le moyen de donner une agrafe Gabriel DEUXIÈME PARTIE.

34. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles