Gilles LAPOUGE, Encyclopoedia Universatis, Volume X : Le masque et la transgression
Publié le 21/06/2012
Extrait du document
Cette relation du carnaval au sacré trouve confirmation dans le style
même de la fête. Ces explosions populaires n'ont rien de comparable
aux admirables rituels des peuples sauvages : rires, vulgarité, saouleries,
farces et hurlements, voilà ce qui fait le bonheur de l'Occident.
Mais, sous ces formes frustes, le désir persiste de rompre avec la continuité,
la cohérence et la raison qui scandent la vie humaine. Si la licence
balaie toutes les habitudes, n'est-ce pas qu'elle est en quête d'une autre
vie, d'une seconde nature ? La règle est d'inverser, dans la fête, toutes
les règles. L'interdit devient le licite. De sorte que le carnaval, même
expressionniste, réaliste et caricatural, recherche, à la fois par la transgression
et la coupure, une issue hors du temps profane.
«
RÉSUMÉ.
QUESTIONS DE VOCABULAIRE DISCUSSION.
immense musée de l'imaginaire.
Toute la peinture moderne lui consa
cre des soins ainsi qu'aux thèmes du clown et du carnaval (Daumier,
Toulouse-Lautrec, Rouault, Nolde, Ensor, Picasso).
Mais la mort véri
table du masque
se repère dans l'usage du fard.
Cet usage est ancien, mais voici qu'il devient
à lui-même sa propre
fin.
Pour la première fois, le masque accomplit la tâche pour laquelle
il semble avoir été inventé : pour masquer.
Le mouvement amorcé
par
le loup vénitien s'achève ici :ce poudroiement de crèmes et de paillet
tes,
ces rectifications du visage, ces ombres, ces bleus et ces pourpres
que les femmes ajoutent
à leur chair deviennent des armes pour trom
per la vie, pour prendre
au piège le regard de l'Autre.
Et pourtant,
même
à ce degré extrême de corruption, le masque demeure ambigu
et troublant :pourquoi
se doter de cils imaginaires si ce n'est pour deve
nir une autre
? On joue le jeu de la création, on procède, avec sa pro
pre peau, comme procéda
le démiurge qui créa le premier masque essen
tiel, le visage humain.
« Je est une autre »3
, dit toute femme fardée,
et cette parole n'est pas futile.
Il n'est peut-être pas fortuit que les pro
duits de beauté
se nomment « cosmétiques ».
Le mot, qui pourrait dési
gner tous les masques du monde, n'est pas insignifiant : rectifier les
traits que
la nature a disposés, c'est modifier, en même temps qu'une
chance
ou qu'un destin, l'ordre même du« cosmos »dont le visage,
avec
ses yeux, ses lèvres, son nez, ses reliefs et ses espaces forme un
double minuscule et vertigineux (microcosme).
1.
Le dottore, le capitan : personnages de la Commedia dell'arte.
:Z.
Mascaron : masque fantastique et grotesque utilisé dans l'architecture.
3.
« Je est une autre » : transposition de la formule célèbre d'Arthur Rimbaud : >.
Questions:
1.
Résumez ce texte en 170 mots avec une marge de tolérance de
plus ou moins JO %.
Indiquez le nombre de mots à la fin de votre résumé.
2.
Expliquez:
- L'interdit devient le licite,
- une dimension [ ...
] liturgique.
3.
« Je est une autre» dit toutejemmejardée, et cette parole n'est
pas futile
».
Vous commenterez cette réflexion de G.
Lapouge en vous inter
rogeant sur la jonction du maquillage moderne.
Barème de notation :
Question 1 : 8 points - Question 2 : 2 points - Question 3 :
JO points..
»
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