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Histoire de la Revolution francaise, IV et sublime, des ennemis lents, routiniers, decousus, et etouffer des factions qui voulaient de l'ancien regime a tous les degres, de la revolution a tous les degres, et qui n'avaient ni accord ni but determine.

Publié le 11/04/2014

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Histoire de la Revolution francaise, IV et sublime, des ennemis lents, routiniers, decousus, et etouffer des factions qui voulaient de l'ancien regime a tous les degres, de la revolution a tous les degres, et qui n'avaient ni accord ni but determine. La convention, au milieu des circonstances extraordinaires ou elle etait placee, n'eprouva pas un seul instant de trouble. Pendant que des places fortes ou des camps retranches arretaient un moment les ennemis sur les differentes frontieres, le comite de salut public travaillait jour et nuit a reorganiser les armees, a les completer au moyen de la levee de trois cent mille hommes decretee en mars, a envoyer des instructions aux generaux, a depecher des fonds et des munitions. Il parlementait avec toutes les administrations locales qui voulaient retenir, au profit de la cause federaliste, les approvisionnemens destines aux armees, et parvenait a les faire desister par la grande consideration du salut public. Pendant que ces moyens etaient employes a l'egard de l'ennemi du dehors, la convention n'en prenait pas de moins efficaces a l'egard de l'ennemi du dedans. La meilleure ressource contre un adversaire qui doute de ses droits et de ses forces, c'est de ne pas douter des siens. C'est ainsi que se conduisit la convention. On a deja vu les decrets energiques qu'elle avait rendus au premier mouvement de revolte. Beaucoup de villes n'ayant pas voulu ceder, l'idee ne lui vint pas un instant de transiger avec celles dont les actes prenaient le caractere decide de la rebellion. Les Lyonnais ayant refuse d'obeir, et de renvoyer a Paris les patriotes incarceres, elle ordonna a ses commissaires pres l'armee des Alpes d'employer la force, sans s'inquieter ni des difficultes, ni des perils que ces commissaires couraient a Grenoble, ou ils avaient les Piemontais en face, et tous les revoltes de l'Isere et du Rhone sur leurs derrieres. Elle leur prescrivit de faire rentrer Marseille dans le devoir. Elle ne laissa que trois jours a toutes les administrations pour retracter leurs arretes equivoques, et enfin elle envoya a Vernon quelques gendarmes et quelques mille citoyens de Paris, pour soumettre sur-le-champ les insurges du Calvados, les plus rapproches de la capitale. La grande ressource de la constitution ne fut pas negligee, et huit jours suffirent pour achever cet ouvrage, qui etait plutot un moyen de ralliement qu'un veritable plan de legislation. Herault de Sechelles en avait ete le redacteur. D'apres ce projet, tout Francais age de vingt-un ans etait citoyen, et pouvait exercer ses droits politiques, sans aucune condition de fortune ni de propriete. Les citoyens reunis nommaient un depute par cinquante mille ames. Les deputes, composant une seule assemblee, ne pouvaient sieger qu'un an. Ils faisaient des decrets pour tout ce qui concernait les besoins pressans de l'etat, et ces decrets etaient executoires sur-le-champ. Ils faisaient des lois pour tout ce qui concernait les matieres d'un interet general et moins urgent, et ces lois n'etaient sanctionnees que lorsque, dans un delai donne, les assemblees primaires n'avaient pas reclame. Le premier jour de mai, les assemblees primaires se formaient de droit et sans convocation, pour renouveler la deputation. Les assemblees primaires pouvaient demander des conventions pour modifier l'acte constitutionnel. Le pouvoir executif etait confie a vingt-quatre membres nommes par des electeurs, et c'etait la seule election mediate. Les assemblees primaires nommaient les electeurs, ces electeurs nommaient des candidats, et le corps legislatif reduisait par elimination les candidats a vingt-quatre. Ces vingt-quatre membres du conseil choisissaient les generaux, les ministres, les agens de toute espece, et les prenaient hors de leur sein. Ils devaient les diriger, les surveiller, et ils etaient continuellement responsables. Le conseil executif se renouvelait tous les ans par moitie. Enfin, cette constitution, si courte, si democratique, ou le gouvernement se reduisait a un simple commissariat temporaire, respectait cependant un seul vestige de l'ancien regime, les communes, et n'en changeait ni la circonscription ni les attributions. L'energie dont elles avaient fait preuve leur avait valu d'etre conservees sur cette table rase, ou ne subsistait pas une seule trace du passe. Presque sans discussion, et en huit jours, cette constitution fut adoptee, [Note: Elle fut decretee le 24 juin. Le projet avait ete presente le 10.] et a l'instant ou l'ensemble en fut vote, le canon retentit dans Paris, et des cris d'allegresse s'eleverent de toutes parts. Elle fut imprimee a des milliers d'exemplaires pour etre envoyee a toute la France. Elle n'essuya qu'une seule contradiction. Ce fut de la part de quelques-uns des agitateurs qui avaient prepare le 31 mai. CHAPITRE X. 67 Histoire de la Revolution francaise, IV On se souvient du jeune Varlet, perorant sur les places publiques, du jeune Lyonnais Leclerc, si violent dans ses discours aux Jacobins, et suspect meme a Marat par ses emportements; de ce Jacques Roux, si dur envers l'infortune Louis XVI qui voulait lui remettre son testament; tous ces hommes s'etaient signales dans la derniere insurrection, et avaient une grande influence au comite de l'Eveche et aux Cordeliers. Ils trouverent mauvais que la constitution ne renfermat rien contre les accapareurs; ils redigerent une petition, la firent signer dans les rues, et coururent soulever les cordeliers, en disant que la constitution etait incomplete, puisqu'elle ne contenait aucune disposition contre les plus grands ennemis du peuple. Legendre voulut en vain resister a ce mouvement; on le traita de modere, et la petition, adoptee par la societe, fut presentee par elle a la convention. A cette nouvelle, toute la Montagne fut indignee. Robespierre, Collot-d'Herbois, s'emporterent, firent repousser la petition, et se rendirent aux jacobins pour montrer le danger de ces exagerations perfides, qui ne tendaient, disaient-ils, qu'a egarer le peuple, et ne pouvaient etre que l'ouvrage d'hommes payes par les ennemis de la republique. "La constitution la plus populaire qui ait jamais ete, dit Robespierre, vient de sortir d'une assemblee jadis contre-revolutionnaire, mais purgee maintenant des hommes qui contrariaient sa marche et mettaient obstacle a ses operations. Aujourd'hui pure, cette assemblee a produit le plus bel ouvrage, le plus populaire qui ait jamais ete donne aux hommes; et un individu couvert du manteau du patriotisme, qui se vante d'aimer le peuple plus que nous, ameute des citoyens de tout etat, et veut prouver qu'une constitution, qui doit rallier toute la France, ne leur convient pas! Defiez-vous de telles manoeuvres, defiez-vous de ces ci-devant pretres coalises avec les Autrichiens! Prenez garde au nouveau masque dont les aristocrates vont se couvrir! J'entrevois un nouveau crime dans l'avenir, qui n'est peut-etre pas loin d'eclater; mais nous le devoilerons, et nous ecraserons les ennemis du peuple sous quelque forme qu'ils puissent se presenter." Collot-d'Herbois parla aussi vivement que Robespierre; il soutint que les ennemis de la republique voulaient pouvoir dire aux departements: "Vous voyez, Paris approuve le langage de Jacques Roux!" Des acclamations unanimes accueillirent les deux orateurs. Les jacobins, qui se piquaient de reunir la politique a la passion revolutionnaire, la prudence a l'energie, envoyerent une deputation aux cordeliers. Collot-d'Herbois en etait l'orateur. Il fut recu aux Cordeliers avec la consideration qui etait due a l'un des membres les plus renommes des Jacobins et de la montagne. On professa pour la societe qui l'envoyait un respect profond. La petition fut retractee, Jacques Roux et Leclerc furent exclus. Varlet n'obtint son pardon qu'en raison de son age, et Legendre recut des excuses pour les paroles peu convenables qu'on lui avait adressees dans la seance precedente. La constitution ainsi vengee fut envoyee a la France pour etre sanctionnee par toutes les assemblees Primaires. Ainsi la Convention presentait aux departements, d'une main la Constitution, de l'autre le decret qui ne leur donnait que trois jours pour se decider. La Constitution justifiait la Montagne de tout projet d'usurpation, fournissait un pretexte de se rallier a une autorite justifiee; et le decret des trois jours ne donnait pas le temps d'hesiter, et obligeait a preferer le parti de l'obeissance. Beaucoup de departements en effet cederent, et d'autres persisterent dans leurs premieres demarches. Mais ceux-ci, echangeant des adresses, s'envoyant des deputations, semblaient s'attendre les uns les autres pour agir. Les distances ne permettaient pas de correspondre rapidement et de former un ensemble. En outre, le defaut de genie revolutionnaire empechait de trouver les ressources necessaires pour reussir. Quelque bien disposees que soient les masses, elles ne sont jamais pretes a tous les sacrifices, si des hommes passionnes ne les y obligent pas. Il aurait fallu des moyens violents pour soulever les bourgeois moderes des villes, pour les obliger a marcher, a contribuer, a se hater. Mais les girondins, qui condamnaient tous ces moyens chez les montagnards, ne pouvaient les employer eux-memes. Les negociants bordelais croyaient avoir beaucoup fait quand ils avaient parle avec un peu de vivacite dans les sections, mais il n'etaient pas sortis de leurs murs. Les Marseillais, un peu plus prompts, avaient envoye six mille hommes a Avignon, mais ils ne composaient pas eux-memes cette petite armee; ils s'etaient fait remplacer par des soldats payes. Les Lyonnais attendaient la jonction des Provencaux et des Languedociens; les Normands paraissaient un peu refroidis; les Bretons seuls ne s'etaient pas dementis, et avaient rempli eux-memes les cadres de leurs bataillons. CHAPITRE X. 68
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« On se souvient du jeune Varlet, perorant sur les places publiques, du jeune Lyonnais Leclerc, si violent dans ses discours aux Jacobins, et suspect meme a Marat par ses emportements; de ce Jacques Roux, si dur envers l'infortune Louis XVI qui voulait lui remettre son testament; tous ces hommes s'etaient signales dans la derniere insurrection, et avaient une grande influence au comite de l'Eveche et aux Cordeliers.

Ils trouverent mauvais que la constitution ne renfermat rien contre les accapareurs; ils redigerent une petition, la firent signer dans les rues, et coururent soulever les cordeliers, en disant que la constitution etait incomplete, puisqu'elle ne contenait aucune disposition contre les plus grands ennemis du peuple.

Legendre voulut en vain resister a ce mouvement; on le traita de modere, et la petition, adoptee par la societe, fut presentee par elle a la convention.

A cette nouvelle, toute la Montagne fut indignee.

Robespierre, Collot-d'Herbois, s'emporterent, firent repousser la petition, et se rendirent aux jacobins pour montrer le danger de ces exagerations perfides, qui ne tendaient, disaient-ils, qu'a egarer le peuple, et ne pouvaient etre que l'ouvrage d'hommes payes par les ennemis de la republique.

“La constitution la plus populaire qui ait jamais ete, dit Robespierre, vient de sortir d'une assemblee jadis contre-revolutionnaire, mais purgee maintenant des hommes qui contrariaient sa marche et mettaient obstacle a ses operations.

Aujourd'hui pure, cette assemblee a produit le plus bel ouvrage, le plus populaire qui ait jamais ete donne aux hommes; et un individu couvert du manteau du patriotisme, qui se vante d'aimer le peuple plus que nous, ameute des citoyens de tout etat, et veut prouver qu'une constitution, qui doit rallier toute la France, ne leur convient pas! Defiez-vous de telles manoeuvres, defiez-vous de ces ci-devant pretres coalises avec les Autrichiens! Prenez garde au nouveau masque dont les aristocrates vont se couvrir! J'entrevois un nouveau crime dans l'avenir, qui n'est peut-etre pas loin d'eclater; mais nous le devoilerons, et nous ecraserons les ennemis du peuple sous quelque forme qu'ils puissent se presenter.” Collot-d'Herbois parla aussi vivement que Robespierre; il soutint que les ennemis de la republique voulaient pouvoir dire aux departements: “Vous voyez, Paris approuve le langage de Jacques Roux!“ Des acclamations unanimes accueillirent les deux orateurs.

Les jacobins, qui se piquaient de reunir la politique a la passion revolutionnaire, la prudence a l'energie, envoyerent une deputation aux cordeliers. Collot-d'Herbois en etait l'orateur.

Il fut recu aux Cordeliers avec la consideration qui etait due a l'un des membres les plus renommes des Jacobins et de la montagne.

On professa pour la societe qui l'envoyait un respect profond.

La petition fut retractee, Jacques Roux et Leclerc furent exclus.

Varlet n'obtint son pardon qu'en raison de son age, et Legendre recut des excuses pour les paroles peu convenables qu'on lui avait adressees dans la seance precedente.

La constitution ainsi vengee fut envoyee a la France pour etre sanctionnee par toutes les assemblees Primaires. Ainsi la Convention presentait aux departements, d'une main la Constitution, de l'autre le decret qui ne leur donnait que trois jours pour se decider.

La Constitution justifiait la Montagne de tout projet d'usurpation, fournissait un pretexte de se rallier a une autorite justifiee; et le decret des trois jours ne donnait pas le temps d'hesiter, et obligeait a preferer le parti de l'obeissance. Beaucoup de departements en effet cederent, et d'autres persisterent dans leurs premieres demarches.

Mais ceux-ci, echangeant des adresses, s'envoyant des deputations, semblaient s'attendre les uns les autres pour agir.

Les distances ne permettaient pas de correspondre rapidement et de former un ensemble.

En outre, le defaut de genie revolutionnaire empechait de trouver les ressources necessaires pour reussir.

Quelque bien disposees que soient les masses, elles ne sont jamais pretes a tous les sacrifices, si des hommes passionnes ne les y obligent pas.

Il aurait fallu des moyens violents pour soulever les bourgeois moderes des villes, pour les obliger a marcher, a contribuer, a se hater.

Mais les girondins, qui condamnaient tous ces moyens chez les montagnards, ne pouvaient les employer eux-memes.

Les negociants bordelais croyaient avoir beaucoup fait quand ils avaient parle avec un peu de vivacite dans les sections, mais il n'etaient pas sortis de leurs murs.

Les Marseillais, un peu plus prompts, avaient envoye six mille hommes a Avignon, mais ils ne composaient pas eux-memes cette petite armee; ils s'etaient fait remplacer par des soldats payes.

Les Lyonnais attendaient la jonction des Provencaux et des Languedociens; les Normands paraissaient un peu refroidis; les Bretons seuls ne s'etaient pas dementis, et avaient rempli eux-memes les cadres de leurs bataillons.

Histoire de la Revolution francaise, IV CHAPITRE X.

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