Jean-Pierre RIOUX in L'Histoire
Publié le 29/03/2011
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L'identification de classe s'était nourrie d'us et coutumes, d'arts de vivre, de cultures que chaque camp préservait jalousement. Jadis, le vêtement et l'habitat, le loisir et les sociabilités, la langue d'appartenance et même les formes de la tendresse, de l'intimité et du rêve distinguaient aisément l'ouvrier du bourgeois. Au premier coup d'œil, jusqu'à la fin des années 1950, on savait repérer la casquette et le chapeau, les appartenances étaient codées et l'on arborait sa différence. Que peut-il subsister de ce zonage social quand le jean et les tennis, le « survêt « du dimanche, le frigo et la télé, le voyage organisé et l'auto familiale n'arborent plus guère de signalisation de classe ? [...] Au bout du compte, ce sont des traits sociaux très neufs qui ont le plus fortement incité à ranger la classe au magasin des accessoires. Depuis le début des années 1960, la classe d'âge et la génération ont pris une plus forte lisibilité, avec un rôle bien typé des jeunes qui a eu tant de conséquences sur la consommation, les pratiques culturelles et les visions de la vie. Le meilleur accès à la connaissance à travers un enseignement de masse, les progrès parallèles de la médiatisation multiforme, ont introduit d'autres classifications économiques et mentales : on est diplômé, téléspectateur plus ou moins assidu, consommateur de rock ou fou de micro-informatique autant que cadre, agriculteur ou métallo [...]. Jean-Pierre RIOUX in L'Histoire n° 195 janvier 1996
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