La belle Gabrielle, vol.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
L'idée ne pouvait pas venir à cette étrange créature que son patriciat, sa richesse, sa beauté, son amour, la
rendissent à ce point fabuleuse et incompréhensible qu'un amant la repoussât épouvanté de son triomphe.
Elle se croyait dans son noble coeur d'autant plus assurée d'avoir conquis Crillon, qu'elle s'était, sans réserve
aucune de sa vie et de son honneur, livrée au plus hardi, au plus généreux chevalier du monde.
S'il hésitait, ce
devait être par délicatesse et magnanimité.
Il faut l'encourager par de bonnes paroles, pensa la Vénitienne.
Et, s'armant de son irrésistible sourire
Allons, il le faut; il faut subir votre femme, malgré sa laideur et son obscure pauvreté.
Impossible! s'écria-t-il la sueur au front, devant ce nouvel assaut du tentateur.
~ Impossible! pourquoi?
Je suis chevalier de Malte.
Vous l'étiez au berceau.
Ce sont des voeux absurdes, et le saint-père, qui n'a rien a refuser au héros de
Lépante, vous en relèvera quand nous voudrons.
Madame, balbutia Crillon, qui avait pris sa résolution, ces voeux qu'on prononça pour moi, enfant au
berceau, ainsi que vous venez de le dire, je les ai répétés à vingt ans, homme, et sachant ce que je faisais.
La Vénitienne pâlit comme une morte et reculant, les sourcils froncés.
Vous ne m'acceptez pas?...
murmura-t-elle d'une voix déchirante...
Vous me repoussez!
Dieu m'est témoin....
Oui ou non ...
monsieur! s'écria la jeune fille, qui sentit l'orgueil de son sang patricien lui monter
tumultueusement au front.
Crillon baissa la tête, le coeur navré.
On vous dit brave, prouvez-le donc, dit-elle avec ironie, oui, ou non; c'est facile à dire, ce me semble.
Eh bien ...
articula le chevalier en serrant les poings, jusqu'à les déchirer de ses ongles ...
Non!...
Le visage de la jeune fille prit une effrayante expression de désespoir.
Pas un cri, pas un soupir ne s'exhala de
sa poitrine.
Son oeil chargé d'éclairs, sa lèvre frémissante, éloquents interprètes de ce qui se passait dans cette
âme, prononcèrent la muette imprécation sous laquelle Crillon se courba anéanti.
Elle passa devant lui lentement comme un spectre, et laissa tomber une à une sur la tête du chevalier ces
sanglantes paroles:
Crillon, vous n'étiez pas libre.
Vous avez trompé lâchement une femme.
Vous n'êtes plus Crillon!
Lorsqu'il releva la tête pour essayer de se justifier, il se trouva seul dans l'appartement.
Il courut au vestibule,
croyant avoir entendu marcher de ce côté.
Il ouvrit même la porte et regarda dans le jardin.
Rien.
La porte se referma au moment où il cherchait à rentrer.
La belle Gabrielle, vol.
1
VI.
UNE AVENTURE DE CRILLON 48.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La belle Gabrielle, vol.
- La belle Gabrielle, vol.
- La belle Gabrielle, vol.
- La belle Gabrielle, vol.
- La belle Gabrielle, vol.