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La belle Gabrielle, vol.

Publié le 11/04/2014

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La belle Gabrielle, vol. 1 Le colonel partit entouré de ses gardes qui, l'adorant comme un père, le suivirent pendant quelques cent pas avec des protestations et des voeux pour son prompt retour. Pontis, fier d'avoir été choisi, se prélassait sur le grand cheval du colonel. Il laissa prendre l'avance à ses compagnons, et les suivit au petit pas hors de la portée de la voix, comme un discret et délicat serviteur. Le temps était magnifique, et la campagne, protégée par la trêve, épanouissait de jaunes moissons sur lesquelles se jouait le soleil. Les chevaux hennissaient de plaisir à chaque souffle de la brise tiède qui leur apportait l'arôme des foins frais et des pailles odorantes. Lorsque Crillon eut respiré quelque temps en silence ce bon air de la paix, si doux aux braves soldats, il se rapprocha d'Espérance et lui dit: --Encore une fois, je vous trouve imprudent de voyager seul et sans cuirasse ni salade quand vous êtes porteur de deux mille écus pour le moins. --Moi? monsieur, deux mille écus! je n'ai pas cent vingt pistoles. --Alors, vous n'avez donc pas reçu votre pension ce mois-ci? --Ce mois-ci et tous les autres, mais.... --Ah! vous dissipez tant d'argent! --Ce n'est pas pour moi, au moins, n'allez pas le croire, dit vivement Espérance. --Pour qui donc, alors? Espérance ouvrit son justaucorps et en tira une petite boîte de cuir, d'une forme plate et longue. --Un écrin!... Espérance desserra les crochets pour faire voir le contenu à Crillon. --Des pendants d'oreille ... Oh! oh! les beaux diamants! --Mes oreilles n'en seraient pas dignes, n'est-ce pas? dit le jeune homme. --Il faut de bien jolies oreilles pour mériter de pareils diamants, murmura Crillon. Ah! mon pauvre ami, si Rosny vous voyait avec cette boîte, son estime baisserait singulièrement! --A défaut de son estime, je me contenterai, pour cette fois, d'une autre.... Crillon secoua la tête. --Oh! ne la dépréciez pas, monsieur, dit Espérance avec enjouement, elle vaut son prix. --Vous en savez plus que moi à cet égard, probablement; mais, à ne considérer que les pendants d'oreille, je trouve la conquête d'un prix considérable. Vous avez payé cela au moins deux cents pistoles. --Quatre mille livres. VII. CE QU'ON APPREND EN VOYAGEANT 53 La belle Gabrielle, vol. 1 --A un juif? --De Rouen. Je n'avais pas le choix. En guerre, les diamants se cachent. --Et il vous en fallait absolument. --A tout prix. --Peste! votre inestimable est bien exigeante. --Ce n'est pas elle précisément. --Qui donc, alors? --Elle a une mère, monsieur. Crillon, avec un mouvement qui fit rire Espérance: --Une honnête mère, s'écria-t-il, qui prie mademoiselle sa fille d'avoir besoin de quatre cents pistoles de diamants. Harnibieu!... la jolie drôlesse de mère. Vous êtes dans la nasse. --Là, là, monsieur, dit Espérance avec le même enjouement, comme vous arrangez cela! vous avez l'imagination trop vive. Eh non, ce n'est pas la mère qui exige les diamants. --Vous venez de le dire. --J'ai dit: elle a une mère. Cela signifie que la mère est une si grande dame.... --Que pour ne pas l'humilier dans la personne de sa fille, vous donnez à celle-ci des pendants de quatre cents pistoles. --C'est un peu cela. --Voilà d'impudentes pécores, et vous êtes un grand niais, mon cher protégé. --Vous changeriez de langage si vous connaissiez Henriette. --Elle n'est pas fille d'empereur, harnibieu! --Elle pourrait être fille de roi! --Plaît-il? --J'ai dit de roi, et si elle ne l'est pas, son frère a cet honneur. --Ah çà, quels contes me faites-vous: est-ce que nous avons des fils de roi autres que notre roi? --Mais oui, monsieur, dit Espérance avec une douce opiniâtreté. --Harnibieu! s'écria Crillon en se frappant le front d'un coup si brusque que le cheval en fit un écart. Ah! malheureux que nous sommes ... oui... c'est cela!... VII. CE QU'ON APPREND EN VOYAGEANT 54

« —A un juif? —De Rouen.

Je n'avais pas le choix.

En guerre, les diamants se cachent. —Et il vous en fallait absolument. —A tout prix. —Peste! votre inestimable est bien exigeante. —Ce n'est pas elle précisément. —Qui donc, alors? —Elle a une mère, monsieur. Crillon, avec un mouvement qui fit rire Espérance: —Une honnête mère, s'écria-t-il, qui prie mademoiselle sa fille d'avoir besoin de quatre cents pistoles de diamants.

Harnibieu!...

la jolie drôlesse de mère.

Vous êtes dans la nasse. —Là, là, monsieur, dit Espérance avec le même enjouement, comme vous arrangez cela! vous avez l'imagination trop vive.

Eh non, ce n'est pas la mère qui exige les diamants. —Vous venez de le dire. —J'ai dit: elle a une mère.

Cela signifie que la mère est une si grande dame.... —Que pour ne pas l'humilier dans la personne de sa fille, vous donnez à celle-ci des pendants de quatre cents pistoles. —C'est un peu cela. —Voilà d'impudentes pécores, et vous êtes un grand niais, mon cher protégé. —Vous changeriez de langage si vous connaissiez Henriette. —Elle n'est pas fille d'empereur, harnibieu! —Elle pourrait être fille de roi! —Plaît-il? —J'ai dit de roi, et si elle ne l'est pas, son frère a cet honneur. —Ah çà, quels contes me faites-vous: est-ce que nous avons des fils de roi autres que notre roi? —Mais oui, monsieur, dit Espérance avec une douce opiniâtreté. —Harnibieu! s'écria Crillon en se frappant le front d'un coup si brusque que le cheval en fit un écart.

Ah! malheureux que nous sommes ...

oui...

c'est cela!...

La belle Gabrielle, vol.

1 VII.

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