Devoir de Philosophie

La belle Gabrielle, vol.

Publié le 11/04/2014

Extrait du document

La belle Gabrielle, vol. 1 l'incohérence même de ses pensées. Espérance comprit tout cela. --Mon Dieu! dit-il, que je suis un sot et un bélître; j'ai d'un côté la parole de Crillon, de l'autre celle d'une petite.... --Dites le mot! s'écria le chevalier. --Coquette! --C'est faible, grommela Crillon. --Et je balance.... --Mais non, vous ne balancez même pas, puisque vous continuez à vous rapprocher de la tanière de ces bêtes puantes. Puantes n'est pas vrai, elles ne sont que trop fardées et parfumées, les sirènes. Allons, mon pauvre Espérance, marchez, ne vous égarez pas, ni dans les ornières, ni ailleurs. Adieu ... au revoir ... adieu! Il s'agitait sur son cheval de façon à inquiéter sérieusement la pauvre bête, qui connaissait la calme et ferme assiette de ce modèle des cavaliers. --Monsieur, s'écria Espérance, ne croyez pas que je vous laisserai aller seul ainsi! --Et pourquoi non? --Parce que s'il m'arrive malheur à moi, ce sera bien fait, et chacun en rira, tandis que s'il fallait qu'un buisson vous égratignât, la France entière prendrait le deuil. --Tenez, Espérance, il faut que je vous embrasse, dit le brave guerrier en se penchant vers le jeune homme, qu'il arrêta un moment sur sa poitrine gonflée. Là, je me suis contenté. Maintenant, c'est fini, allez! tous mes discours sentent le vieux podagre. Allez! un homme de vingt ans ne doit pas faire attendre une belle fille de seize. Allez, dis-je, et faites-moi grand'mère l'illustre Marie Touchet ... Mais n'épousez pas, harnibieu! Espérance se mit à rire. --Voilà parler, dit-il, et je reconnais Crillon; mais je resterai avec vous jusqu'à ce que Pontis nous ait rejoints. --Il s'est arrêté à quelque cabaret, l'ivrogne. --Il aime le vin? --C'est la manie de tous ces jeunes gens. Celui-là est une véritable éponge. Vous souvenez-vous d'avoir aperçu un petit cabaret dans le bois, à un carrefour?... Eh bien, le drôle est là. Nous avons passé devant dans la chaleur de notre conversation. Je vais l'aller tirer par la jambe sous quelque table, où il sera tombé. --Je vous suis. --Non, non! allez à tous les diables, c'est-à-dire à Entragues! Adieu. Tenez, voilà d'ailleurs un galop de cheval; c'est mon drôle qui revient. Il est bonne lame et mauvais comme teigne quand il a bu. Gare à ceux qui nous chercheraient noise! VIII. 63 La belle Gabrielle, vol. 1 --En effet, j'entends venir un cheval, dit Espérance qui brûlait de se remettre en route. Eh bien, monsieur, puisque vous me le permettez.... --Je vous l'ordonne. --Je vais prendre un trot allongé. M'autorisez-vous à retourner vous dire les explications de Mlle Henriette? --Harnibieu! si vous manquiez de me voir demain à Saint-Germain, où je serai, j'aurais de l'inquiétude. Venez demander de mes nouvelles et m'apporter des vôtres aux Barreaux-Verts. --Êtes-vous bon pour moi, qui ne vous cause que des ennuis! --J'obéis à la recommandation de votre mère, répondit Crillon qui frappa de sa houssine le cheval d'Espérance et le lança ainsi par le chemin. Le jeune homme rendit les rênes et partit comme un trait; mais si rapide que fût sa course, si bruyante que fût la brise qui sifflait à ses oreilles, il entendit encore une fois la voix déjà éloignée de Crillon qui lui répétait: --Harnibieu! n'épousez-pas! Crillon regarda Espérance tant qu'il put le voir, et se retourna ensuite vers la forêt. Le galop qu'il avait entendu retentissait toujours; il s'approchait, et le chevalier finit par apercevoir dans l'ombre quelque chose qui traversait les taillis à cent pas, écrasant, cassant et foulant avec autant de bruit qu'en eût fait une troupe. --Ce n'est pus un cerf qui passe. C'est bien un cheval, il me semble. Que diable cet animal fait-il dans le fourré, pensa Crillon? Est-il sans maître? Le cheval disparut laissant Crillon dans la perplexité. --J'irai décidément, se dit-il, jusqu'au cabaret, c'est là que mon Dauphinois a pris racine. Tout à coup le cheval reparut, il piaffait dans les fougères avec une joie et une aisance qui n'appartiennent qu'aux êtres libres. L'animal était d'un gris-blanc. Il se mit à grignoter des branches de chêne, tout en se rapprochant du chevalier. --Mais c'est mon cheval, dit Crillon, c'est bien Coriolan, sans Pontis, oh! oh! serait-il arrivé malheur au pauvre cadet? Crillon poussa son cheval vers le quadrupède fringant et libre. Il l'appela par son nom sur des tons affectueux et impérieux tout ensemble, qui rappelèrent l'indépendante créature aux leçons de discipline qu'elle avait reçues trop souvent. Coriolan revint, l'oreille basse, en frottant ses étriers à toute branche, et accrochant sa bride à ses pieds comme une entrave. --Pontis, ivre-mort, sera tombé, se dit Crillon; il faut le faire chercher par charité, puis, demain, je l'enverrai au cachot pour une quinzaine. Soudain il entendit crier dans l'épaisseur du bois, et bientôt un homme en sueur, souillé de poussière, les habits en lambeaux, soufflant ou plutôt râlant à faire pitié, arriva près de Crillon, qui fut bien forcé de VIII. 64

« —En effet, j'entends venir un cheval, dit Espérance qui brûlait de se remettre en route.

Eh bien, monsieur, puisque vous me le permettez.... —Je vous l'ordonne. —Je vais prendre un trot allongé.

M'autorisez-vous à retourner vous dire les explications de Mlle Henriette? —Harnibieu! si vous manquiez de me voir demain à Saint-Germain, où je serai, j'aurais de l'inquiétude. Venez demander de mes nouvelles et m'apporter des vôtres aux Barreaux-Verts. —Êtes-vous bon pour moi, qui ne vous cause que des ennuis! —J'obéis à la recommandation de votre mère, répondit Crillon qui frappa de sa houssine le cheval d'Espérance et le lança ainsi par le chemin. Le jeune homme rendit les rênes et partit comme un trait; mais si rapide que fût sa course, si bruyante que fût la brise qui sifflait à ses oreilles, il entendit encore une fois la voix déjà éloignée de Crillon qui lui répétait: —Harnibieu! n'épousez-pas! Crillon regarda Espérance tant qu'il put le voir, et se retourna ensuite vers la forêt. Le galop qu'il avait entendu retentissait toujours; il s'approchait, et le chevalier finit par apercevoir dans l'ombre quelque chose qui traversait les taillis à cent pas, écrasant, cassant et foulant avec autant de bruit qu'en eût fait une troupe. —Ce n'est pus un cerf qui passe.

C'est bien un cheval, il me semble.

Que diable cet animal fait-il dans le fourré, pensa Crillon? Est-il sans maître? Le cheval disparut laissant Crillon dans la perplexité. —J'irai décidément, se dit-il, jusqu'au cabaret, c'est là que mon Dauphinois a pris racine. Tout à coup le cheval reparut, il piaffait dans les fougères avec une joie et une aisance qui n'appartiennent qu'aux êtres libres. L'animal était d'un gris-blanc.

Il se mit à grignoter des branches de chêne, tout en se rapprochant du chevalier. —Mais c'est mon cheval, dit Crillon, c'est bien Coriolan, sans Pontis, oh! oh! serait-il arrivé malheur au pauvre cadet? Crillon poussa son cheval vers le quadrupède fringant et libre.

Il l'appela par son nom sur des tons affectueux et impérieux tout ensemble, qui rappelèrent l'indépendante créature aux leçons de discipline qu'elle avait reçues trop souvent.

Coriolan revint, l'oreille basse, en frottant ses étriers à toute branche, et accrochant sa bride à ses pieds comme une entrave. —Pontis, ivre-mort, sera tombé, se dit Crillon; il faut le faire chercher par charité, puis, demain, je l'enverrai au cachot pour une quinzaine. Soudain il entendit crier dans l'épaisseur du bois, et bientôt un homme en sueur, souillé de poussière, les habits en lambeaux, soufflant ou plutôt râlant à faire pitié, arriva près de Crillon, qui fut bien forcé de La belle Gabrielle, vol.

1 VIII.

64. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles