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La dame de Monsoreau v.

Publié le 11/04/2014

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La dame de Monsoreau v.2 teinturier, avait lache sur Schomberg ses apprentis. Schomberg etait brave; il s'arreta, voulut parler haut, et mit la main a son epee. D'Epernon etait prudent, il s'enfuit. Henri ne s'etait plus occupe de ses deux mignons, il les connaissait pour avoir l'habitude de se tirer d'affaire tous deux: l'un, grace a ses jambes, l'autre, grace a ses bras; il avait donc fait sa tournee comme nous avons vu, et, sa tournee faite, il etait revenu au Louvre. Il etait rentre dans son cabinet d'armes, et, assis sur son grand fauteuil, il tremblait d'impatience, cherchant un bon sujet de se mettre en colere. Maugiron jouait avec Narcisse, le grand levrier du roi. Quelus, les poings appuyes contre ses joues, s'etait accroupi sur un coussin, et regardait Henri. --Ils vont, ils vont, disait le roi. Leur complot marche; tantot tigres, tantot serpents; quand ils ne bondissent pas, ils rampent. --Eh! sire, dit Quelus, est-ce qu'il n'y a pas toujours des complots, dans un royaume? Que diable voudriez-vous que fissent les fils de rois, les freres de rois, les cousins de rois, s'ils ne complotaient pas? --Tenez, en verite, Quelus, avec vos maximes absurdes et vos grosses joues boursouflees, vous me faites l'effet d'etre, en politique, de la force du Gilles de la foire Saint-Laurent. Quelus pivota sur son coussin et tourna irreverencieusement le dos au roi. --Voyons, Maugiron, reprit Henri, ai-je raison ou tort, mordieu! et doit-on me bercer avec des fadaises et des lieux communs, comme si j'etais un roi vulgaire ou un marchand de laine qui craint de perdre son chat favori? --Eh! sire, dit Maugiron qui etait toujours et en tout point de l'avis de Quelus, si vous n'etes pas un roi vulgaire, prouvez-le en faisant le grand roi. Que diable! voila Narcisse, c'est un bon chien, c'est une bonne bete; mais, quand on lui tire les oreilles, il grogne, et quand on lui marche sur les pattes, il mord. --Bon! dit Henri, voila l'autre qui me compare a mon chien. --Non pas, sire, dit Maugiron; vous voyez bien, au contraire, que je mets Narcisse fort au-dessus de vous, puisque Narcisse sait se defendre et que Votre Majeste ne le sait pas. Et, a son tour, il tourna le dos a Henri. --Allons, me voila seul, dit le roi; fort bien, continuez, mes bons amis, pour qui l'on me reproche de dilapider le royaume; abandonnez-moi, insultez-moi, egorgez-moi tous; je n'ai que des bourreaux autour de ma personne, parole d'honneur. Ah! Chicot! mon pauvre Chicot, ou es-tu? --Bon, dit Quelus, il ne nous manquait plus que cela. Voila qu'il appelle Chicot, a present. --C'est tout simple, repondit Maugiron. CHAPITRE XIX. COMMENT D'EPERNON EUT SON POURPOINT DECHIRE, ET COMMENT SCHOMBER 132 La dame de Monsoreau v.2 Et l'insolent se mit a machonner entre ses dents certain proverbe latin qui se traduit en francais par l'axiome: Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. Henri fronca le sourcil, un eclair de terrible courroux illumina ses grands yeux noirs, et, pour cette fois, certes, c'etait bien un regard de roi que le prince lanca sur ses indiscrets amis. Mais, sans doute epuise par cette velleite de colere, Henri retomba sur sa chaise et frotta les oreilles d'un des petits chiens de sa corbeille. En ce moment un pas rapide retentit dans les antichambres, et d'Epernon apparut sans toquet, sans manteau, et son pourpoint tout dechire. Quelus et Maugiron se retournerent, et Narcisse s'elanca vers le nouveau venu en jappant, comme si, des courtisans du roi, il ne reconnaissait que les habits. --Jesus-Dieu! s'ecria Henri, que t'est-il donc arrive? --Sire, dit d'Epernon, regardez-moi; voici de quelle facon l'on traite les amis de Votre Majeste. --Et qui t'a traite ainsi? demanda le roi. --Mordieu! votre peuple, ou plutot le peuple de M. le duc d'Anjou, qui criait: Vive la Ligue! vive la messe! vive Guise! vive Francois! vive tout le monde enfin! excepte: Vive le roi. --Et que lui as-tu donc fait, a ce peuple, pour qu'il te traite ainsi? --Moi? rien. Que voulez-vous qu'un homme fasse a un peuple? Il m'a reconnu pour ami de Votre Majeste, et cela lui a suffi. --Mais Schomberg? --Quoi! Schomberg? --Schomberg n'est pas venu a ton secours? Schomberg ne t'a pas defendu? --Corboeuf! Schomberg avait assez a faire pour son propre compte. --Comment cela? --Oui, je l'ai laisse aux mains d'un teinturier dont il avait decoiffe la femme, et qui, avec cinq ou six garcons, etait en train de lui faire passer un mauvais quart d'heure. --Par la mordieu! s'ecria le roi, et ou l'as-tu laisse, mon pauvre Schomberg? dit Henri en se levant; j'irai moi-meme a son aide. Peut-etre pourra-t-on dire, ajouta Henri en regardant Maugiron et Quelus, que mes amis m'ont abandonne, mais on ne dira pas au moins que j'ai abandonne mes amis. --Merci, sire, dit une voix derriere Henri, merci, me voila, Gott verdamme mih; je m'en suis tire tout seul, mais ce n'est pas sans peine. --Oh! Schomberg! c'est la voix de Schomberg! crierent les trois mignons. Mais ou diable es-tu? CHAPITRE XIX. COMMENT D'EPERNON EUT SON POURPOINT DECHIRE, ET COMMENT SCHOMBER 133

« Et l'insolent se mit a machonner entre ses dents certain proverbe latin qui se traduit en francais par l'axiome: Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. Henri fronca le sourcil, un eclair de terrible courroux illumina ses grands yeux noirs, et, pour cette fois, certes, c'etait bien un regard de roi que le prince lanca sur ses indiscrets amis. Mais, sans doute epuise par cette velleite de colere, Henri retomba sur sa chaise et frotta les oreilles d'un des petits chiens de sa corbeille. En ce moment un pas rapide retentit dans les antichambres, et d'Epernon apparut sans toquet, sans manteau, et son pourpoint tout dechire. Quelus et Maugiron se retournerent, et Narcisse s'elanca vers le nouveau venu en jappant, comme si, des courtisans du roi, il ne reconnaissait que les habits. —Jesus-Dieu! s'ecria Henri, que t'est-il donc arrive? —Sire, dit d'Epernon, regardez-moi; voici de quelle facon l'on traite les amis de Votre Majeste. —Et qui t'a traite ainsi? demanda le roi. —Mordieu! votre peuple, ou plutot le peuple de M.

le duc d'Anjou, qui criait: Vive la Ligue! vive la messe! vive Guise! vive Francois! vive tout le monde enfin! excepte: Vive le roi. —Et que lui as-tu donc fait, a ce peuple, pour qu'il te traite ainsi? —Moi? rien.

Que voulez-vous qu'un homme fasse a un peuple? Il m'a reconnu pour ami de Votre Majeste, et cela lui a suffi. —Mais Schomberg? —Quoi! Schomberg? —Schomberg n'est pas venu a ton secours? Schomberg ne t'a pas defendu? —Corboeuf! Schomberg avait assez a faire pour son propre compte. —Comment cela? —Oui, je l'ai laisse aux mains d'un teinturier dont il avait decoiffe la femme, et qui, avec cinq ou six garcons, etait en train de lui faire passer un mauvais quart d'heure. —Par la mordieu! s'ecria le roi, et ou l'as-tu laisse, mon pauvre Schomberg? dit Henri en se levant; j'irai moi-meme a son aide.

Peut-etre pourra-t-on dire, ajouta Henri en regardant Maugiron et Quelus, que mes amis m'ont abandonne, mais on ne dira pas au moins que j'ai abandonne mes amis. —Merci, sire, dit une voix derriere Henri, merci, me voila, Gott verdamme mih; je m'en suis tire tout seul, mais ce n'est pas sans peine. —Oh! Schomberg! c'est la voix de Schomberg! crierent les trois mignons.

Mais ou diable es-tu? La dame de Monsoreau v.2 CHAPITRE XIX.

COMMENT D'EPERNON EUT SON POURPOINT DECHIRE, ET COMMENT SCHOMBERG FUT TEINT EN BLEU.

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