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La tentation de Saint Antoine remonte sur la terre, et je rentre chez moi.

Publié le 11/04/2014

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La tentation de Saint Antoine remonte sur la terre, et je rentre chez moi. Elle pousse un sifflement aigu;--et un grand oiseau, qui descend du ciel, vient s'abattre sur le sommet de sa chevelure, dont il fait tomber la poudre bleue. Son plumage, de couleur orange, semble compose d'ecailles metalliques. Sa petite tete, garnie d'une huppe d'argent, represente un visage humain. Il a quatre ailes, des pattes de vautour, et une immense queue de paon, qu'il etale en rond derriere lui. Il saisit dans son bec le parasol de la Reine, chancelle un peu avant de prendre son aplomb, puis herisse toutes ses plumes, et demeure immobile. Merci, beau Simorg-anka! toi qui m'as appris ou se cachait l'amoureux! Merci! merci! messager de mon coeur! Il vole comme le desir. Il fait le tour du monde dans sa journee. Le soir, il revient; il se pose au pied de ma couche; il me raconte ce qu'il a vu, les mers qui ont passe sous lui avec les poissons et les navires, les grands deserts vides qu'il a contemples du haut des cieux, et toutes les moissons qui se courbaient dans la campagne, et les plantes qui poussaient sur le mur des villes abandonnees. Elle tord ses bras, langoureusement. Oh! si tu voulais, si tu voulais!... J'ai un pavillon sur un promontoire au milieu d'un isthme, entre deux oceans. Il est lambrisse de plaques de verre, parquete d'ecailles de tortue, et s'ouvre aux quatre vents du ciel. D'en haut, je vois revenir mes flottes et les peuples qui montent la colline avec des fardeaux sur l'epaule. Nous dormirions sur des duvets plus mous que des nuees, nous boirions des boissons froides dans des ecorces de fruits, et nous regarderions le soleil a travers des emeraudes! Viens!... Antoine se recule. Elle se rapproche; et d'un ton irrite: Comment? ni riche, ni coquette, ni amoureuse? ce n'est pas tout cela qu'il te faut, hein? mais lascive, grasse, avec une voix rauque, la chevelure couleur de feu et des chairs rebondissantes. Preferes-tu un corps froid comme la peau des serpents, ou bien de grands yeux noirs, plus sombres que les cavernes mystiques? regarde-les, mes yeux! Antoine, malgre lui, les regarde. Toutes celles que tu as rencontrees, depuis la fille des carrefours chantant sous sa lanterne jusqu'a la patricienne effeuillant des roses du haut de sa litiere, toutes les formes entrevues, toutes les imaginations de ton desir, demande-les! Je ne suis pas une femme, je suis un monde. Mes vetements n'ont qu'a tomber, et tu decouvriras sur ma personne une succession de mysteres! Antoine claque des dents. Si tu posais ton doigt sur mon epaule, ce serait comme une trainee de feu dans tes veines. La possession de la moindre place de mon corps t'emplira d'une joie plus vehemente que la conquete d'un empire. Avance tes levres! mes baisers ont le gout d'un fruit qui se fondrait dans ton coeur! Ah! comme tu vas te perdre sous mes cheveux, humer ma poitrine, t'ebahir de mes membres, et brule par mes prunelles, entre mes bras, dans un tourbillon ... Antoine fait un signe de croix. II. 19 La tentation de Saint Antoine Tu me dedaignes! adieu! Elle s'eloigne en pleurant, puis se retourne: Bien sur? une femme si belle! Elle rit, et le singe qui tient le bas de sa robe, la souleve. Tu te repentiras, bel ermite, tu gemiras! tu t'ennuieras! mais je m'en moque! la! la! la! oh! oh! oh! Elle s'en va la figure dans les mains, en sautillant a cloche-pied. Les esclaves defilent devant saint Antoine, les chevaux, les dromadaires, l'elephant, les suivantes, les mulets qu'on a recharges, les negrillons, le singe, les courriers verts, tenant a la main leur lis casse;--et la Reine de Saba s'eloigne, en poussant une sorte de hoquet convulsif, qui ressemble a des sanglots ou a un ricanement. III. Quand elle a disparu, Antoine apercoit un enfant sur le seuil de sa cabane. C'est quelqu'un des serviteurs de la Reine, pense-t-il. Cet enfant est petit comme un nain, et pourtant trapu comme un Cabire, contourne, d'aspect miserable. Des cheveux blancs couvrent sa tete prodigieusement grosse; et il grelotte sous une mechante tunique, tout en gardant a sa main un rouleau de papyrus. La lumiere de la lune, que traverse un nuage, tombe sur lui. ANTOINE l'observe de loin et en a peur. Qui es tu? L'ENFANT repond: Ton ancien disciple Hilarion! ANTOINE Tu mens! Hilarion habite depuis longues annees la Palestine. HILARION J'en suis revenu! c'est bien moi! ANTOINE se rapproche, et il le considere. Cependant sa figure etait brillante comme l'aurore, candide, joyeuse. Celle-la est toute sombre et vieille. III. 20

« Tu me dedaignes! adieu! Elle s'eloigne en pleurant, puis se retourne: Bien sur? une femme si belle! Elle rit, et le singe qui tient le bas de sa robe, la souleve. Tu te repentiras, bel ermite, tu gemiras! tu t'ennuieras! mais je m'en moque! la! la! la! oh! oh! oh! Elle s'en va la figure dans les mains, en sautillant a cloche-pied. Les esclaves defilent devant saint Antoine, les chevaux, les dromadaires, l'elephant, les suivantes, les mulets qu'on a recharges, les negrillons, le singe, les courriers verts, tenant a la main leur lis casse;—et la Reine de Saba s'eloigne, en poussant une sorte de hoquet convulsif, qui ressemble a des sanglots ou a un ricanement. III. Quand elle a disparu, Antoine apercoit un enfant sur le seuil de sa cabane. C'est quelqu'un des serviteurs de la Reine, pense-t-il. Cet enfant est petit comme un nain, et pourtant trapu comme un Cabire, contourne, d'aspect miserable.

Des cheveux blancs couvrent sa tete prodigieusement grosse; et il grelotte sous une mechante tunique, tout en gardant a sa main un rouleau de papyrus. La lumiere de la lune, que traverse un nuage, tombe sur lui. ANTOINE l'observe de loin et en a peur. Qui es tu? L'ENFANT repond: Ton ancien disciple Hilarion! ANTOINE Tu mens! Hilarion habite depuis longues annees la Palestine. HILARION J'en suis revenu! c'est bien moi! ANTOINE se rapproche, et il le considere. Cependant sa figure etait brillante comme l'aurore, candide, joyeuse.

Celle-la est toute sombre et vieille.

La tentation de Saint Antoine III.

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