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Le cor - Chanson de Roland

Publié le 22/06/2011

Extrait du document

Olivier, à la vue des Sarrasins qui se préparent à attaquer et à cerner l'arrière-garde, demande à Roland de sonner son olifant, afin d'appeler Charlemagne à leur secours. Par trois fois Roland refuse; il pousse ainsi le courage jusqu'à l'excès, jusqu'à la démesure, ce qui peut faire considérer sa mort comme une expiation.

Olivier dit : « Les païens ont grande force; il me semble qu'il y a bien peu de Français. Compagnon Roland, sonnez donc votre cor : Charles l'entendra, il fera revenir l'armée. « Roland répond : « J'agirais comme un fou! En douce France, j'en perdrais ma gloire! Mais plutôt je frapperai de grands coups de Durandal; le fer en sera sanglant jusqu'à l'or de la garde. C'est pour leur malheur que les félons païens sont venus à et défilé : je vous le jure, ils sont tous condamnés à mort. « « Compagnon Roland, sonnez donc l'olifant (I); Charles l'entendra, il fera revenir l'armée, le Roi nous secourra avec ses barons. « Roland répond : « Ne plaise au Seigneur Dieu que mes parents soient jamais blâmés à cause de moi, ni que France la douce tombe en déshonneur! Mais je frapperai assez avec Durandal, ma bonne épée ceinte à mon côté; vous en verrez tout le fer ensanglanté. Les félons païens sont réunis ici pour leur malheur; je vous le jure, ils périront tous. « « Compagnon Roland, sonnez votre olifant. Charles l'entendra, lui qui passe aux défilés; je vous le jure, alors les Francs reviendront sur leurs pas. « — « Ne plaise à Dieu, lui répond Roland, qu'il puisse être dit par nul homme vivant, que jamais j'aie sonné du cor à cause des païens! Jamais on ne pourra en faire reproche à mes parents. Quand je serai au fort de la bataille, je frapperai mille et sept cents coups, et vous verrez l'acier de Durandal ensanglanté. Les Français sont braves, ils frappent en bons chevaliers! Désormais, ceux d'Espagne (les Sarrasins) n'auront rien qui les garantisse de la mort. « Olivier dit : « Je ne vois pas où serait le déshonneur. J'ai vu les Sarrasins d'Espagne : les vals et les monts en sont couverts, ainsi que les landes et les plaines. Grandes sont les armées de cette nation étrangère : pour nous, nous sommes en petit nombre. « Roland répond : « Mon ardeur n'en est que plus grande. Ne plaise à Dieu et à ses très saints anges que France perde à cause de moi son honneur! La mort vaut mieux que la honte! Parce que nous frappons bien, l'Empereur nous aime. « Roland est preux, et Olivier est sage : tous deux ont merveilleux courage. Puisqu'ils sont à cheval et en armes, désormais la mort ne les empêchera pas de livrer bataille. Braves sont les comtes, et leurs paroles sont nobles. Les félons païens chevauchent avec grande colère... (vers 1049-1080).  

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Nature du morceau : un dialogue. — Que conseille Olivier, l'un des douze pairs de France, à Roland, qui commande l'arrière-garde ? Combien de fois lui fait-il la même demande ? Que répond Roland? Quelle raison invoque-t-il pour justifier son refus ? (sonner du cor entraînerait le déshonneur, — pour lui, — pour sa famille, — pour la France); Sur quoi compte-t-il pour triompher des Sarrasins ? Que devient le courage quand il est porté à l'excès ? Que pensez-vous de l'attitude d'Olivier et de celle de Roland ? (mettre en relief les traits de caractère qui distinguent chacun d'eux); 70 Quel est celui de ces deux personnages qui a vos préférences ?

II. — L'analyse du morceau. — Distinguez les différentes parties de ce morceau : a) Le conseil pressant d'Olivier, — donné trois fois, — et la réponse de Roland; b) La réfutation par Olivier, de l'argument qu'a fait valoir Roland (le déshonneur); c) La conclusion. — Olivier adresse trois fois à Roland, et dans un bref langage, la même demande : montrez que cette insistance et cette brièveté sont commandées par les circonstances. Pourquoi Roland parle-t-il plus longuement ? Olivier vous paraît-il moins courageux que Roland ? (il est à la fois courageux et prudent). Quel vers de Corneille vous rappelle cette parole de Roland : La mort vaut mieux que la honte ?

III. — Le style; — les expressions. — Faites ressortir la clarté et la correction du style, dans ce morceau; Le dialogue est-il vif, rapide? (Montrez que l'auteur l'alourdit en répétant : Roland répond, et qu'il fait parler Roland un peu trop longuement; — comparez ce dialogue à l'un des dialogues de Corneille, dans le Cid, et faites les remarques que vous suggère cette comparaison); Donnez la signification de preux et de sage, dans la phrase : Roland est preux et Olivier est sage; Quel est le sens de l'expression : les félons païens ? Qu'est-ce qu'un défilé? —Qu'appelle-t-on la garde d'une épée ?

IV. — La grammaire. — Indiquez la composition du mot déshonneur; Citez quelques dérivés du mot val (les vals et les monts); Remplacez le mot fou par une expression synonyme (... comme un fou); Nature et fonction de chacun des mots suivants : il y a bien peu de Français.

Rédaction. — Inventez un récit dans lequel le mot de Roland : La mort vaut mieux que la honte, trouvera son application.   

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