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Le Mauvais Genie LE COLONEL.

Publié le 11/04/2014

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Le Mauvais Genie LE COLONEL.--C'est facheux, tres facheux! Je ne puis rien te promettre; mais tes antecedents te vaudront l'indulgence du conseil, et tu peux compter sur moi pour le jugement le plus favorable. FREDERIC.--Que Dieu vous benisse, mon colonel. Au lieu de reproches, et de paroles severes, je recois de vous des paroles d'encouragement et d'indulgence. Oui, que le bon Dieu vous benisse, vous et les votres, et qu'il ne vous fasse jamais eprouver les terreurs de la mort deshonorante dont je suis menace par ma faute." Le colonel, emu, tendit la main a Frederic, qui la baisa avec effusion. La porte du cachot se referma, et il se retrouva seul, livre a ses reflexions. Quand on vint le soir lui apporter son diner, il demanda au soldat s'il pouvait recevoir la visite de l'aumonier de la garnison. "J'en parlerai au marechal des logis, qui t'aura la permission, bien sur. Jamais on ne refuse a ceux qui la demandent", repondit le soldat. Le soir meme, en effet, l'aumonier vint visiter le pauvre prisonnier; ce fut une grande consolation pour Frederic, qui lui ouvrit son coeur en lui racontant ses torts passes, sa position vis-a-vis de son pere, etc. Il lui decouvrit, sans rien dissimuler, son desespoir par rapport a ses parents, sa rancune, haineuse par moments, contre Alcide, auteur de tous ses maux. Le bon pretre le consola, le remonta et le laissa dans une disposition d'esprit bien plus douce, plus resignee. Quant a Alcide, il conserva tous ses mauvais sentiments. "Je n'ai qu'un regret, disait-il, c'est que Frederic n'ait pas donne une rossee soignee a ce brigand de marechal des logis; il eut ete certainement condamne a mort comme moi, ce qui reste incertain pour lui, puisqu'il a seulement lutte contre ce gueux." XXV. VISITE AGREABLE Huit ou dix jours apres cet evenement, le colonel, seul dans sa chambre, lisait attentivement les interrogatoires des accuses et toutes les pieces du proces. Il vit avec surprise qu'Alcide accusait Frederic de deux vols graves commis au prejudice de M. Georgey et d'un pauvre orphelin recu par charite chez Bonard pere. Il lut avec un chagrin reel le demi-aveu de Frederic, qui en rejetait la faute sur Alcide. Il ne pouvait comprendre que ces vols n'eussent pas ete poursuivis par les tribunaux; il comprenait bien moins encore qu'un garcon capable de deux actions aussi laches que criminelles fut devenu ce qu'etait Frederic depuis son entree au regiment, l'exemple de tous ses camarades. "Comment Georgey a-t-il pu s'attacher a un voleur et me le recommander en termes aussi vifs et aussi affectueux?" Pendant qu'il se livrait a ces reflexions, il entendit un debat a la porte d'entree entre sa sentinelle et une personne qui voulait penetrer de force dans la maison. Il ecouta... "Dieu me pardonne, s'ecria-t-il, c'est Georgey! Je reconnais son accent. Il veut forcer la consigne. Il faut que j'y aille, car ma sentinelle serait capable de lui passer sa baionnette au travers du corps pour maintenir la consigne." Le colonel se leva precipitamment, ouvrit la porte et descendit. M. Georgey voulait entrer de force, et la sentinelle lui presentait la pointe de la baionnette au moment ou le colonel parut. "Georgey!... s'ecria-t-il. Sentinelle, laisse passer." XXV. VISITE AGREABLE 89 Le Mauvais Genie Le soldat releva son fusil et presenta arme. LE COLONEL.--Entrez, entrez, mon ami. M. GEORGEY.--Une minoute, s'il vous plaisait. Soldat, vous avoir bien fait; moi j'etais une imbecile, et vous etais bon soldat francais. Voila. Et voila un petit recompense." M. Georgey lui presenta une piece de vingt francs. Le soldat ne bougea pas; il restait au port d'armes. M. GEORGEY.--Quoi vous avez, soldat francais. Pourquoi vous pas tendre le main? --Arme a terre! commanda le colonel. Tends la main et prends." Le soldat porta la main a son kepi, la tendit a M. Georgey en souriant et recut la piece d'or. Le colonel riait de la surprise de M. Georgey. "Entrez, entrez, mon cher Georgey; c'est la consigne que j'avais donnee qui vous retenait a la porte. M. GEORGEY.--Bonjour, my dear colonel. Bonjour. J'etais heureuse de voir vous. Le pauvre soldat francais, il comprenait rien; je parlais, il parlait; c'etait le meme chose. Je pouvais pas vous voir. LE COLONEL.--Vous voici entre, mon ami; je vous attendais, votre chambre est prete. Voulez-vous prendre quelque chose en attendant le diner? M. GEORGEY.--No, my dear. J'avais l'estomac rempli et j'avais apporte a vous des choses delicieux. Pates de gros foies, pates de partridge (perdrix) tres truffes, pates de saumon delicieux; turkeys grosses et truffees dans l'estomac; oisons chauffes dans le graisse dans des poteries; c'est admirable." Le colonel riait de plus en plus a mesure que M. Georgey enumerait ses succulents presents. LE COLONEL.--Je vois, mon cher, que vous etes toujours le meme; vous n'oubliez pas les bonnes choses, non plus que vous n'oubliez jamais vos amis. M. GEORGEY.--No, my dear, jamais. J'avais aussi porte une bonne chose a Fridric; un langue fourre, truffe, fume; un fromage gros de soixante livres; c'etait tres excellent pour lui, sale, fourre, fume. Lui manger longtemps. Le colonel ne riait plus. "Helas! mon cher Georgey, votre pauvre Frederic m'inquiete beaucoup. Je m'occupais de lui quand vous etes entre. M. GEORGEY.--Quoi il avait? Pourquoi vous disez povre Fridric? Lui malade? LE COLONEL.--Non, il est au cachot depuis dix jours. M. GEORGEY.--Fridric au cachot? Pour quelle chose vous mettre au cachot le Fridric, soldat francais? LE COLONEL.--Une mauvaise affaire pour ce pauvre garcon. Il s'est laisse entrainer a s'enivrer par un mauvais drole de son pays, nomme Alcide Bourel. XXV. VISITE AGREABLE 90

« Le soldat releva son fusil et presenta arme. LE COLONEL.—Entrez, entrez, mon ami. M.

GEORGEY.—Une minoute, s'il vous plaisait.

Soldat, vous avoir bien fait; moi j'etais une imbecile, et vous etais bon soldat francais.

Voila.

Et voila un petit recompense.” M.

Georgey lui presenta une piece de vingt francs.

Le soldat ne bougea pas; il restait au port d'armes. M.

GEORGEY.—Quoi vous avez, soldat francais.

Pourquoi vous pas tendre le main? —Arme a terre! commanda le colonel.

Tends la main et prends.” Le soldat porta la main a son kepi, la tendit a M.

Georgey en souriant et recut la piece d'or. Le colonel riait de la surprise de M.

Georgey. “Entrez, entrez, mon cher Georgey; c'est la consigne que j'avais donnee qui vous retenait a la porte. M.

GEORGEY.—Bonjour, my dear colonel.

Bonjour.

J'etais heureuse de voir vous.

Le pauvre soldat francais, il comprenait rien; je parlais, il parlait; c'etait le meme chose.

Je pouvais pas vous voir. LE COLONEL.—Vous voici entre, mon ami; je vous attendais, votre chambre est prete.

Voulez-vous prendre quelque chose en attendant le diner? M.

GEORGEY.—No, my dear.

J'avais l'estomac rempli et j'avais apporte a vous des choses delicieux.

Pates de gros foies, pates de partridge (perdrix) tres truffes, pates de saumon delicieux; turkeys grosses et truffees dans l'estomac; oisons chauffes dans le graisse dans des poteries; c'est admirable.” Le colonel riait de plus en plus a mesure que M.

Georgey enumerait ses succulents presents. LE COLONEL.—Je vois, mon cher, que vous etes toujours le meme; vous n'oubliez pas les bonnes choses, non plus que vous n'oubliez jamais vos amis. M.

GEORGEY.—No, my dear, jamais.

J'avais aussi porte une bonne chose a Fridric; un langue fourre, truffe, fume; un fromage gros de soixante livres; c'etait tres excellent pour lui, sale, fourre, fume.

Lui manger longtemps. Le colonel ne riait plus. “Helas! mon cher Georgey, votre pauvre Frederic m'inquiete beaucoup.

Je m'occupais de lui quand vous etes entre. M.

GEORGEY.—Quoi il avait? Pourquoi vous disez povre Fridric? Lui malade? LE COLONEL.—Non, il est au cachot depuis dix jours. M.

GEORGEY.—Fridric au cachot? Pour quelle chose vous mettre au cachot le Fridric, soldat francais? LE COLONEL.—Une mauvaise affaire pour ce pauvre garcon.

Il s'est laisse entrainer a s'enivrer par un mauvais drole de son pays, nomme Alcide Bourel.

Le Mauvais Genie XXV.

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