Devoir de Philosophie

Le Mauvais Genie M.

Publié le 11/04/2014

Extrait du document

Le Mauvais Genie M. GEORGEY.--Alcide! my goodness! Ce coquine abominable, ce gueuse horrible! il poursuivait partout le povre Fridric? LE COLONEL.--Ils etaient six, ils ont fait un train d'enfer; le marechal des logis y est alle, Alcide l'a injurie, frappe; Frederic a lutte contre le marechal de logis pour degager Alcide. Le poste est arrive; tous deux ont ete mis au cachot, ou ils attendent leur jugement. M. GEORGEY.--Oh! my goodness! Le povre Fridric! Le povre Mme Bonarde! Fridric morte ou deshonorable, c'etait le meme chose... Et le Master Bonarde! il avait un frayeur si terrible du deshonoration!... Colonel, vous etais un ami a moi, vous me donner Fridric et pas faire de jugement. LE COLONEL.--Ah! si je le pouvais, mon ami, j'aurais etouffe l'affaire. Mais Alcide est arrete aussi; les autres ivrognes sont a la salle de police. Le poste les a tous vus; il a degage le marechal des logis, qu'Alcide assommait a coups de poing." Ils causerent longtemps encore. M. Georgey cherchant les moyens de sauver Frederic, le colonel lui en demontrant l'impossibilite. Quand il parla a son ami de l'accusation de vol portee par Alcide contre Frederic, M. Georgey sauta de dessus sa chaise, entra dans une colere epouvantable contre Alcide. Lorsque son emportement se fut apaise, le colonel l'interrogea sur cette accusation d'Alcide. M. Georgey raconta tout et n'oublia pas le repentir, la maladie, la profonde tristesse de Frederic et son changement total. Le colonel remercia beaucoup M. Georgey de tous ces details, et lui promit d'en faire usage dans le cours du proces. M. GEORGEY.--Je ferai aussi usage; je voulais parler pour Fridric! Je voulais plaidoyer pour cette povre miserable. LE COLONEL, souriant.--Vous? Mais, mon cher, vous ne parlez pas assez couramment notre langue pour plaider? Il aura un avocat. M. GEORGEY.--Lui avoir dix avocats, ca fait rien a moi. Vous pouvez pas defendre moi parler pour une malheureuse creature tres fort insultee. L'Alcide etait une scelerate; et moi voulais dire elle etait une scelerate, une menteur, une voleur et autres choses. LE COLONEL.--Parlez tant que vous voudrez, mon cher, si Frederic y consent; seulement je crains que vous ne lui fassiez tort en voulant lui faire du bien. M. GEORGEY.--No, no, je savais quoi je disais; j'etais pas une imbecile; je dirai bien." L'heure du diner arreta la conversation. M. Georgey mangea comme quatre, et remit au lendemain sa visite au prisonnier. Frederic vegetait tristement dans son cachot. Ses camarades profitaient pourtant de l'amitie que lui temoignaient les officiers et le marechal des logis pour lui envoyer toutes les douceurs que peuvent se procurer de pauvres soldats en garnison en Algerie; son morceau de viande etait plus gros que le leur; sa gamelle de soupe etait plus pleine, sa ration de cafe un peu plus sucree. On lui envoyait quelques livres; la cantiniere soignait davantage son linge; sa paillasse etait plus epaisse; tout ce qu'on pouvait imaginer pour adoucir sa position etait fait. Frederic le voyait avec reconnaissance et plaisir; il en remerciait ses camarades et ses chefs. L'aumonier venait le voir aussi souvent que le lui permettaient ses nombreuses occupations; chacune de ses visites calmait l'agitation du malheureux prisonnier. XXV. VISITE AGREABLE 91 Le Mauvais Genie Un matin, lendemain de l'arrivee de M. Georgey, la porte du cachot s'ouvrit, et Frederic vit entrer l'excellent Anglais suivi d'un soldat qui apportait un panier rempli de provisions. Frederic ne put retenir un cri de joie; il s'elanca vers M. Georgey, et, par un mouvement machinal, irreflechi, il se jeta dans ses bras et le serra contre son coeur. M. GEORGEY.--Povre Fridric! J'etais si chagrine, si fache! Je savais rien hier. Je savais tout le soir; le colonel avait tout raconte a moi. Je avais apporte un consolation pour l'estomac; et le scelerate Alcide avoir rien du tout, pas une piece." Frederic, trop emu pour parler, lui serrait les mains, le regardait avec des yeux humides et reconnaissants. M. Georgey profita du silence de Frederic pour exhaler son indignation contre Alcide, son espoir de le voir fusille en pieces. "Je apportais a vous des nouvelles excellentes de Mme Bonarde, de M. Bonarde, de petite Juliene." Frederic tressaillit et palit visiblement. M. Georgey, qui l'observait, rentra sa main dans sa poche; il avait apporte des lettres du pere et de la mere. M. Georgey savait ce qu'elles contenaient; Bonard remerciait son fils d'avoir honore son nom; il racontait les propos des gens du pays, les compliments qu'on lui adressait, son bonheur en apprenant que son fils avait ete mis deux fois a l'ordre du jour; et d'autres choses de ce genre qui eussent ete autant de coups de poignard pour le malheureux Frederic. La lettre de Mme Bonard, beaucoup plus tendre, etait pourtant dans les memes sentiments d'orgueil maternel. "Si le povre infortune etait justifie, se dit M. Georgey, je remettrai apres. Si la condamnation se faisait, je brulerai." Ils resterent quelques instants sans parler, Frederic cherchait a contenir son emotion et a dissimuler sa honte; M. Georgey cherchait les moyens de le faire penser a autre chose. Enfin, il trouva. "J'avais vu le colonel; il m'avait dit c'etait pas grand'chose pour toi. Le marechal des logis dira c'etait rien, c'etait lui qui avait pousse; toi avais pousse Alcide seulement; toi etais excellente creature et le autres t'aiment tous. Et le jugement etre excellent." Frederic le regarda avec surprise. FREDERIC.--J'ai pourtant entendu la lecture de l'acte d'accusation qui dit que j'ai lutte contre le marechal des logis. M. GEORGEY.--Quoi c'est lutter? Ce n'etait rien du tout. Ce n'etait pas taper. FREDERIC.--Que Dieu vous entende, Monsieur! Je vous remercie de votre bonne intention. M. GEORGEY.--Tiens, Fridric, voila une grosse panier; il y avait bonnes choses pour manger. Tu avais curiosite? Tu volais voir? je savais. Voila." M. Georgey retira trois langues fourrees et fumees. "Une, ail. Une, truffes. Une, pistaches; tout trois admirables. Une pate, une jambon." Il posa le tout sur la paillasse. Frederic sourit, il etait touche de la bonte avec laquelle cet excellent homme cherchait a le consoler. Il prit un air satisfait et le remercia vivement d'avoir si bien trouve des distractions a XXV. VISITE AGREABLE 92

« Un matin, lendemain de l'arrivee de M.

Georgey, la porte du cachot s'ouvrit, et Frederic vit entrer l'excellent Anglais suivi d'un soldat qui apportait un panier rempli de provisions.

Frederic ne put retenir un cri de joie; il s'elanca vers M.

Georgey, et, par un mouvement machinal, irreflechi, il se jeta dans ses bras et le serra contre son coeur. M.

GEORGEY.—Povre Fridric! J'etais si chagrine, si fache! Je savais rien hier.

Je savais tout le soir; le colonel avait tout raconte a moi.

Je avais apporte un consolation pour l'estomac; et le scelerate Alcide avoir rien du tout, pas une piece.” Frederic, trop emu pour parler, lui serrait les mains, le regardait avec des yeux humides et reconnaissants. M.

Georgey profita du silence de Frederic pour exhaler son indignation contre Alcide, son espoir de le voir fusille en pieces. “Je apportais a vous des nouvelles excellentes de Mme Bonarde, de M.

Bonarde, de petite Juliene.” Frederic tressaillit et palit visiblement.

M.

Georgey, qui l'observait, rentra sa main dans sa poche; il avait apporte des lettres du pere et de la mere.

M.

Georgey savait ce qu'elles contenaient; Bonard remerciait son fils d'avoir honore son nom; il racontait les propos des gens du pays, les compliments qu'on lui adressait, son bonheur en apprenant que son fils avait ete mis deux fois a l'ordre du jour; et d'autres choses de ce genre qui eussent ete autant de coups de poignard pour le malheureux Frederic.

La lettre de Mme Bonard, beaucoup plus tendre, etait pourtant dans les memes sentiments d'orgueil maternel. “Si le povre infortune etait justifie, se dit M.

Georgey, je remettrai apres.

Si la condamnation se faisait, je brulerai.” Ils resterent quelques instants sans parler, Frederic cherchait a contenir son emotion et a dissimuler sa honte; M.

Georgey cherchait les moyens de le faire penser a autre chose.

Enfin, il trouva. “J'avais vu le colonel; il m'avait dit c'etait pas grand'chose pour toi.

Le marechal des logis dira c'etait rien, c'etait lui qui avait pousse; toi avais pousse Alcide seulement; toi etais excellente creature et le autres t'aiment tous.

Et le jugement etre excellent.” Frederic le regarda avec surprise. FREDERIC.—J'ai pourtant entendu la lecture de l'acte d'accusation qui dit que j'ai lutte contre le marechal des logis. M.

GEORGEY.—Quoi c'est lutter? Ce n'etait rien du tout.

Ce n'etait pas taper. FREDERIC.—Que Dieu vous entende, Monsieur! Je vous remercie de votre bonne intention. M.

GEORGEY.—Tiens, Fridric, voila une grosse panier; il y avait bonnes choses pour manger.

Tu avais curiosite? Tu volais voir? je savais.

Voila.” M.

Georgey retira trois langues fourrees et fumees. “Une, ail.

Une, truffes.

Une, pistaches; tout trois admirables.

Une pate, une jambon.” Il posa le tout sur la paillasse.

Frederic sourit, il etait touche de la bonte avec laquelle cet excellent homme cherchait a le consoler.

Il prit un air satisfait et le remercia vivement d'avoir si bien trouve des distractions a Le Mauvais Genie XXV.

VISITE AGREABLE 92. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles