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Le Mauvais Genie M.

Publié le 11/04/2014

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Le Mauvais Genie M. GEORGEY, vivement.--Comment tu disais? Juliene etait une good fellow. Lui relevait moi dans le boue noire et mal parfioumee. Et le turkey c'etait pas lui. M. Bonarde m'a dit c'etait pas lui. C'etait pas croyable comme tu etais une malhonnete pour les turkeys. ALCIDE.--Monsieur, je vous assure que M. Bonard s'est trompe; il croit Julien qui est un menteur; moi, Monsieur, je vous aime bien, et je ferai tout ce que vous voudrez pour vous contenter et vous bien servir. M. GEORGEY.--Moi voir cette chose tardivement, moi demander a Madme Bonarde. ALCIDE.--Mme Bonard ne dira pas vrai a Monsieur, parce qu'elle ne m'aime pas et qu'elle ne croit que Julien. M. GEORGEY.--Madme Bonarde etait bien aimable; elle disait toujours le vrai. Good bye, Mossieu Bourel; good bye, Alcide. Prends attention! Je n'aimais pas quand on trompait moi." M. Georgey sortit et rentra chez lui; il appela sa servante. "Caroline, je voulais diner tres vite; le midi il etait passe." Cinq minutes apres, Caroline apportait le diner de M. Georgey. CAROLINE.--Monsieur devait acheter un dindon, et Monsieur ne m'a rien rapporte. M. GEORGEY.--C'etaient tous ces garcons qui faisaient des malentendements. Moi plus comprendre les raisonnements. J'avais donne houite francs pour une grosse, belle animal, et moi j'avais rien du tout. Pas de turkey dans le cuisine, moins houite francs dans mon poche. Moi demander a Madme Bonarde. C'etait une aimable dame, Madme Bonarde. Et moi demander toutes les choses a Madme Bonarde." Apres avoir dine, M. Georgey se mit a copier les papiers que lui avait repasses Mme Bonard; ils etaient d'une couleur qui sentait trop le bain qu'ils avaient pris. Tout en ecrivant, il songeait a son turkey et aux moyens de le ravoir. Tout a coup une idee lumineuse eclaircit sa physionomie. "Caroline, s'ecria-t-il. Caroline, vous venir vite; je voulais parler a vous." Caroline accourut. CAROLINE.--Qu'est-ce qu'il y a? Monsieur se trouve incommode? M. GEORGEY.--Oui, my dear; beaucoup fort incommode par mon turkey. Vous allez tout de souite, tres vitement, chez Madme Bonarde; vous demander a Madme Bonarde ma grosse turkey, et vous apporter le turkey strangled. CAROLINE.--Qu'est-ce que c'est strangled? M. GEORGEY.--Vous pas savoir quoi strangled? Vous, serrez le gorge du turkey; lui etre morte et pas courir, pas sauver chez Madme Bonarde. CAROLINE.--Ah! Monsieur veut dire etrangle? M. GEORGEY.--Yes, yes, my dear, strangle. Moi croyais fallait dire strangled; c'etait strangle. C'etait la meme chose. Allez vitement." V. TOUS LES TURKEYS 19 Le Mauvais Genie Caroline partit en riant. Elle avait a peine fait dix pas qu'elle s'entendit encore appeler par la fenetre. M. GEORGEY.--Caroline, my dear, vous acheter tous les turkeys de Madme Bonard, et tous les semaines vous prendre deux turkeys, et moi manger deux turkeys. CAROLINE.--Combien faut-il les payer, Monsieur? M. GEORGEY.--Vous payer quoi demandait Madme Bonard, et vous faire mes salutations. Allez, my dear, vous courir vitement." La tete de M. Georgey disparut; la fenetre se referma. Caroline marcha vite d'abord; quand elle fut hors de vue, elle prit son pas accoutume. "Quand je perdrais quelques minutes, se dit-elle, les tarke, comme il les appelle, n'auront pas disparu. Mais, avec lui, c'est toujours vite, vite. Il n'a pas de patience. C'est un brave homme tout de meme, et les Bourel le savent bien. Ils l'attrapent joliment. C'est le garcon surtout que je n'aime pas. Il trompe ce pauvre M. Georgey que c'est une pitie. Je finirai bien par le demasquer tout de meme. Tiens! le voila tout juste; il sort du cafe Margot. Ou prend-il tout l'argent qu'il depense? Ce n'est toujours pas le pere qui lui en donne; car il est joliment serre. Tiens! voila le petit Bonard qui le rencontre... Ils entrent dans le bois, qu'est-ce qu'ils ont a comploter ensemble? Ca me fait l'effet d'une paire de filous." Tout en observant et en reflechissant, Caroline etait arrivee chez les Bonard; elle ne trouva que la femme et lui fit de suite la commission de M. Georgey. MADAME BONARD, riant.--Ah! c'est M. Georgey qu'il s'appelle; mes dindes lui ont donne dans l'oeil, a ce qu'il parait. Il est un peu drole, tout de meme. CAROLINE.--Lui vendez-vous vos dindes? il les veut toutes. MADAME BONARD.--Toutes a la fois? Que va-t-il faire de ces quarante-six betes qu'il faut nourrir et mener dans les champs? CAROLINE.--Non, non, il en veut deux par semaines; mais il les retient toutes. Combien les vendez-vous? MADAME BONARD.--Je les vends quatre francs; mais s'il faut les lui garder trois ou quatre mois encore, ce n'est pas possible; les betes me couteraient cher a nourrir; de plus, elles deperiraient et ne vaudraient plus rien. CAROLINE.--Il m'a pourtant bien recommande de les acheter toutes. MADAME BONARD.--Ecoutez; pour l'obliger, je veux bien lui en garder une douzaine, mais je vendrai le reste a la foire du mois prochain. Pas possible autrement; elles sont toutes a point pour etre mangees. CAROLINE.--Va-t-il etre contrarie! Il tient a vos dindes que c'en est risible; les deux dernieres que je lui ai servies, je croyais le voir etouffer, tant il en a mange. Jamais il n'en avait eu de si tendres, de si blanches, de si excellentes, disait-il entre chaque bouchee. MADAME BONARD.--Est-ce qu'il vit seul? Que fait-il dans notre pays? CAROLINE.--Il vit tout seul. Il n'a que moi pour le servir. Il est venu, parait-il, pour construire et mettre en train une usine pour un ami, le baron de Gerfeuil, qui n'y entend rien et qui l'a fait venir d'Angleterre. Et il doit avoir beaucoup d'argent, car il en depense joliment. Il travaille toujours; il ne voit personne que les ouvriers et V. TOUS LES TURKEYS 20

« Caroline partit en riant.

Elle avait a peine fait dix pas qu'elle s'entendit encore appeler par la fenetre. M.

GEORGEY.—Caroline, my dear, vous acheter tous les turkeys de Madme Bonard, et tous les semaines vous prendre deux turkeys, et moi manger deux turkeys. CAROLINE.—Combien faut-il les payer, Monsieur? M.

GEORGEY.—Vous payer quoi demandait Madme Bonard, et vous faire mes salutations.

Allez, my dear, vous courir vitement.” La tete de M.

Georgey disparut; la fenetre se referma.

Caroline marcha vite d'abord; quand elle fut hors de vue, elle prit son pas accoutume. “Quand je perdrais quelques minutes, se dit-elle, les tarke, comme il les appelle, n'auront pas disparu.

Mais, avec lui, c'est toujours vite, vite.

Il n'a pas de patience.

C'est un brave homme tout de meme, et les Bourel le savent bien.

Ils l'attrapent joliment.

C'est le garcon surtout que je n'aime pas.

Il trompe ce pauvre M.

Georgey que c'est une pitie.

Je finirai bien par le demasquer tout de meme.

Tiens! le voila tout juste; il sort du cafe Margot.

Ou prend-il tout l'argent qu'il depense? Ce n'est toujours pas le pere qui lui en donne; car il est joliment serre.

Tiens! voila le petit Bonard qui le rencontre...

Ils entrent dans le bois, qu'est-ce qu'ils ont a comploter ensemble? Ca me fait l'effet d'une paire de filous.” Tout en observant et en reflechissant, Caroline etait arrivee chez les Bonard; elle ne trouva que la femme et lui fit de suite la commission de M.

Georgey. MADAME BONARD, riant.—Ah! c'est M.

Georgey qu'il s'appelle; mes dindes lui ont donne dans l'oeil, a ce qu'il parait.

Il est un peu drole, tout de meme. CAROLINE.—Lui vendez-vous vos dindes? il les veut toutes. MADAME BONARD.—Toutes a la fois? Que va-t-il faire de ces quarante-six betes qu'il faut nourrir et mener dans les champs? CAROLINE.—Non, non, il en veut deux par semaines; mais il les retient toutes.

Combien les vendez-vous? MADAME BONARD.—Je les vends quatre francs; mais s'il faut les lui garder trois ou quatre mois encore, ce n'est pas possible; les betes me couteraient cher a nourrir; de plus, elles deperiraient et ne vaudraient plus rien. CAROLINE.—Il m'a pourtant bien recommande de les acheter toutes. MADAME BONARD.—Ecoutez; pour l'obliger, je veux bien lui en garder une douzaine, mais je vendrai le reste a la foire du mois prochain.

Pas possible autrement; elles sont toutes a point pour etre mangees. CAROLINE.—Va-t-il etre contrarie! Il tient a vos dindes que c'en est risible; les deux dernieres que je lui ai servies, je croyais le voir etouffer, tant il en a mange.

Jamais il n'en avait eu de si tendres, de si blanches, de si excellentes, disait-il entre chaque bouchee. MADAME BONARD.—Est-ce qu'il vit seul? Que fait-il dans notre pays? CAROLINE.—Il vit tout seul.

Il n'a que moi pour le servir.

Il est venu, parait-il, pour construire et mettre en train une usine pour un ami, le baron de Gerfeuil, qui n'y entend rien et qui l'a fait venir d'Angleterre.

Et il doit avoir beaucoup d'argent, car il en depense joliment.

Il travaille toujours; il ne voit personne que les ouvriers et Le Mauvais Genie V.

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