Le sensualisme : la science naît de la sensation.
Publié le 11/05/2011
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Si nous considérons que se ressouvenir, comparer, juger, discerner, imaginer, être étonné, avoir des idées abstraites, en avoir de nombre et de durée, connaître des vérités générales et particulières, ne sont que différentes manières d'être attentif ; qu'avoir des passions, aimer, haïr, espérer, craindre et vouloir, ne sont que différentes manières de désirer ; et qu'enfin être attentif et désirer ne sont dans l'origine que sentir ; nous conclurons que la sensation enveloppe toutes les facultés de l'âme. Si un philosophe soupçonne que toutes nos connaissances pourraient bien tirer leur origine des sens, aussitôt les esprits se révoltent contre une opinion qui leur paraît si étrange. Quelle est la couleur de la pensée, lui demande-t-on, pour venir à l'âme par la vue ? Quelle en est la saveur, quelle en est l'odeur, etc., pour être due au goût, à l'odorat ? etc. Enfin, on l'accable de mille difficultés de cette sorte, avec toute la confiance que donne un préjugé généralement reçu. Le philosophe, qui s'est hâté de prononcer, avant d'avoir démêlé la génération de toutes nos idées, est embarrassé ; et on ne doute pas que ce ne soit une preuve de la fausseté de son sentiment.
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