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LE TEMPS - ARISTOTE

Publié le 06/02/2011

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temps

Que d'abord il n'existe absolument pas, ou n'a qu'une existence imparfaite et obscure, on peut le supposer d'après ce qui suit ; pour une part il a été et n'est plus, pour l'autre il va être et n'est pas encore ; c'est là ce dont se compose et le temps infini et le temps indéfiniment périodique. Or, ce qui est composé de non-êtres semble ne pouvoir pas participer à la substance. En outre l'existence de toute chose divisible, en tant que telle, entraîne nécessairement l'existence de toutes ou de quelques-unes de ses parties ; or, les parties du temps sont les unes passées, les autres futures ; aucune n'existe, et le temps est pourtant une chose divisible... Mais, puisque le temps paraît surtout être un mouvement et un changement, c'est cet aspect qu'il faut examiner. Or, le changement et le mouvement de chaque chose sont uniquement dans la chose qui change, ou là où se trouve être la chose mue et changeante elle-même ; mais le temps est partout et en tous également. En outre, tout changement est plus rapide ou plus lent, le temps non ; car la lenteur et la rapidité sont définies par le temps : est rapide ce qui est mû beaucoup en peu de temps, lent ce qui est mû peu en beaucoup ; mais le temps n'est pas défini par le temps, ni comme quantité, ni comme qualité. On voit donc que le temps n'est pas mouvement. Quand donc nous sentons l'instant comme unique au lieu de le sentir, ou bien comme antérieur et postérieur dans le mouvement, ou bien encore comme identique, mais comme fin de l'antérieur et commencement du postérieur, il semble qu'aucun temps ne s'est passé parce qu'aucun mouvement ne s'est produit. Quand au contraire nous percevons l'antérieur et le postérieur, alors nous disons qu'il y a le temps ; voici en effet ce qu'est le temps : le nombre du mouvement selon l'antérieur-postérieur. Le temps n'est donc pas mouvement mais n'est qu'en tant que le mouvement comporte un nombre. La preuve, c'est que le nombre nous permet de distinguer le plus et le moins, et le temps, le plus et le moins de mouvement ; le temps est donc une espèce de nombre. Mais nombre s'entend de deux façons : il y a, en effet, le nombre comme nombré et nombrable, et le nombre comme moyen de nombrer. Or, le temps, c'est le nombré, non le moyen de nombrer. Or le moyen de nombrer et la chose nombrée sont distincts. Extraits d'ARISTOTE, PHYSIQUE (trad. les Belles-Lettres).

 

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