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les développer aux autres.

Publié le 29/06/2013

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les développer aux autres. S'il trouvait, par exemple, que c'est une facilité de supposer ou d'apercevoir des oppositions ou des analogies, qui a sa source dans une connaissance pratique des qualités physiques des êtres considérés solitairement, ou de leurs effets réciproques, quand on les considère en combinaison, il étendrait cette idée ; il l'appuierait d'une infinité de faits qui se présenteraient à sa mémoire ; ce serait une histoire fidèle de toutes les extravagances apparentes qui lui ont passé par la tête. Je dis extravagances : car quel autre nom donner à cet enchaînement de conjectures fondées sur des oppositions ou des ressemblances si éloignées, si imperceptibles, que les rêves d'un malade ne paraissent ni plus bizarres, ni plus décousus. Il n'y a quelquefois pas une proposition qui ne puisse être contredite, soit en ellemême, soit dans sa liaison avec celle qui la précède ou qui la suit. C'est un tout si précaire et dans les suppositions et dans les conséquences, qu'on a souvent dédaigné de faire ou les observations ou les expériences qu'on en concluait. EXEMPLES XXXII PREMIÈRES CONJECTURES 82 1. Il est un corps que l'on appelle Môle 83. Ce corps singulier s'engendre dans la femme, et selon quelquesuns, sans le concours de l'homme. De quelque manière que le mystère de la génération s'accomplisse, il est certain que les deux sexes y coopèrent. La Môle ne serait-elle point un assemblage, ou de tous les éléments qui émanent de la femme dans la production de l'homme, ou de tous les éléments qui émanent de l'homme dans ses différentes approches de la femme ? Ces éléments qui sont tranquilles dans l'homme ; répandus et retenus 84 dans certaines femmes d'un tempérament ardent, d'une imagination forte 85, ne pourraient-ils pas s'y échauffer, s'y exalter, et y prendre de l'activité ? ces éléments qui sont tranquilles dans la femme, ne pourraient-ils pas y être mis en action, soit par une présence sèche et stérile, et des mouvements inféconds et purement voluptueux de l'homme, soit par la violence et la contrainte des désirs provoqués de la femme 86 ; sortir de leurs réservoirs, se porter dans la matrice, s'y arrêter 87, et s'y combiner d'eux-mêmes ? La Môle ne serait-elle point le résultat de cette combinaison solitaire ou des éléments émanés de la femme, ou des éléments fournis par 88 l'homme 89 ? Mais si la Môle est le résultat d'une combinaison telle que je la suppose, cette combinaison aura ses lois aussi invariables que celles de la génération. La Môle aura donc une organisation constante. Prenons 90 le Scalpel, ouvrons des Môles et voyons ; peut-être même découvrirons-nous des Môles distinguées par quelques vestiges relatifs à la différence des sexes 91.Voilà ce que l'on peut appeler l'art de procéder de ce qu'on ne connaît point à ce qu'on connaît moins encore. C'est cette habitude de déraison que possèdent dans un degré surprenant ceux qui ont acquis ou qui tiennent de la Nature le génie de la Physique expérimentale ; c'est à ces sortes de rêves qu'on doit plusieurs découvertes. Voilà l'espèce de divination qu'il faut apprendre aux élèves, si toutefois cela s'apprend. 2 92. Mais si l'on vient à découvrir avec le temps que la Môle ne s'engendre jamais dans la femme sans la coopération de l'homme ; voici quelques conjectures nouvelles, beaucoup plus vraisemblables que les précédentes, qu'on pourra former sur ce corps extraordinaire. Ce tissu de vaisseaux sanguins qu'on appelle le Placenta est, comme on sait, une calotte sphérique, une espèce de champignon qui adhère par sa partie convexe à la matrice, pendant tout le temps de la grossesse ; auquel le cordon ombilical sert comme de tige ; qui se détache de la matrice dans les douleurs de l'enfantement ; et dont la surface est égale, quand une femme est saine et que son accouchement est heureux. Les êtres n'étant jamais ni dans leur génération, ni dans leur conformation, ni dans leur usage, que ce que les résistances, les lois du mouvement et l'ordre universel les déterminent à être, s'il arrivait que cette calotte sphérique qui ne paraît tenir à la matrice que par application et contact, s'en détachât peu à peu par ses bords dès le commencement de la grossesse, en sorte que les progrès de la séparation suivissent exactement ceux de l'accroissement du volume ; j'ai pensé que ses bords libres de toute attache iraient toujours en s'approchant et en affectant la forme sphérique ; que le cordon ombilical tiré par deux forces contraires, l'une des bords séparés et convexes de la calotte qui tendrait à le raccourcir, et l'autre du poids du foetus qui tendrait à l'allonger, serait beaucoup plus court que dans les cas ordinaires ; qu'il viendrait un moment où ces bords coïncideraient, s'uniraient entièrement et formeraient une espèce d'oeuf, au centre duquel on trouverait un foetus bizarre dans son organisation, comme il l'a été dans sa production, oblitéré, contraint, étouffé ; et que cet oeuf se nourrirait jusqu'à ce que sa pesanteur achevât de détacher la petite partie de sa surface qui resterait adhérente, qu'il tombât isolé dans la matrice et qu'il en fût expulsé par une sorte de ponte, comme l'oeuf de la poule, avec lequel il a quelque analogie du moins par sa forme. Si ces conjectures se vérifiaient dans une Môle, et qu'il fût cependant démontré que cette Môle s'est engendrée dans la femme sans aucune approche de l'homme, il s'ensuivrait évidemment que le foetus est tout formé dans la femme et que l'action de l'homme ne concourt qu'au développement. 300(111 SECONDES CONJECTURES 93 Supposé que la Terre ait un noyau solide de verre, ainsi qu'un de nos plus grands Philosophes le prétend, et que ce noyau soit revêtu de poussière 94 ; on peut assurer qu'en conséquence des lois de la force centrifuge, qui tend à approcher les corps libres de l'Equateur 95, et à donner à la Terre la forme d'un

« prendre de l'activité ? ces éléments qui sont tranquilles dans la femme, ne pourraient-ils pas y être mis en action, soit par une présence sèche et stérile, et des mouvements inféconds et purement voluptueux de l'homme, soit par la violence et la contrainte des désirs provoqués de la femme 86 ; sortir de leurs réservoirs, se porter dans la matrice, s'y arrêter 87 , et s'y combi- ner d'eux-mêmes ? La Môle ne serait-elle point le résultat de cette combinaison solitaire ou des éléments émanés de la femme, ou des éléments fournis par 88 l'homme 89 ? Mais si la Môle est le résultat d'une com- binaison telle que je la suppose, cette combinaison aura ses lois aussi invariables que celles de la généra- tion.

La Môle aura donc une organisation constante.

Prenons 90 le Scalpel, ouvrons des Môles et voyons ; peut-être même découvrirons-nous des Môles distin- guées par quelques vestiges relatifs à la différence des sexes 91 .

Voilà ce que l'on peut appeler l'art de procéder de ce qu'on ne connaît point à ce qu'on connaît moins encore.

C'est cette habitude de déraison que possèdent dans un degré surprenant ceux qui ont acquis ou qui tiennent de la Nature le génie de la Physique expéri- mentale ; c'est à ces sortes de rêves qu'on doit plu- sieurs découvertes.

Voilà l'espèce de divination qu'il faut apprendre aux élèves, si toutefois cela s'apprend.

2 92 .

Mais si l'on vient à découvrir avec le temps que la Môle ne s'engendre jamais dans la femme sans la coopération de l'homme ; voici quelques conjectures nouvelles, beaucoup plus vraisemblables que les précé- dentes, qu'on pourra former sur ce corps extraordi- naire.

Ce tissu de vaisseaux sanguins qu'on appelle le Placenta est, comme on sait, une calotte sphérique, une espèce de champignon qui adhère par sa partie convexe à la matrice, pendant tout le temps de la grossesse ; auquel le cordon ombilical sert comme de tige ; qui se détache de la matrice dans les douleurs de l'enfantement ; et dont la surface est égale, quand une femme est saine et que son accouchement est heureux.

Les êtres n'étant jamais ni dans leur génération, ni dans leur conformation, ni dans leur usage, que ce que. »

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