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L'esclave de la mode (Caractères, ch. XIII, De la Mode.)

Publié le 20/06/2011

Extrait du document

esclave

Iphis voit à l'église un soulier d'une nouvelle mode; il regarde le sien, et en rougit ; il ne se croit plus habillé. Il était venu à la messe, pour s'y montrer, et il ,se cache : le voilà retenu par le pied dans sa chambre tout le reste du jour. Il a la main douce, et il l'entretient avec une pâte de senteur. Il a soin de rire pour montrer ses dents; il fait la petite bouche et il n'y a guère de moments où il ne veuille sourire. Il regarde ses jambes, il se voit au miroir; l'on ne peut être plus content de personne qu'il l'est de lui-même. Il s'est acquis une voix claire et délicate, et heureusement il parle gras ; il a un mouvement de tête et je ne sais quel adoucissement dans les yeux, dont il n'oublie pas de s'embellir. Il a une démarche molle et le plus joli maintien qu'il est capable de se procurer. Il met du rouge, mais rarement, il n'en fait pas habitude; il est vrai aussi qu'il porte des chausses et un chapeau, et qu'il n'a ni boucles d'oreilles, ni collier de perles : aussi ne l'ai-je pas mis dans le chapitre des femmes.

(Caractères, ch. XIII, De la Mode.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Nature du morceau : un portrait. — Portrait d'un homme efféminé. — La Bruyère peint-il un homme efféminé comme le ferait d'ordinaire un moraliste? Comment procède-t-il? (énumération de gestes et d'impressions...; à préciser) ; N'arrive-t-il pas ainsi à peindre le moral par le physique? (Nous avons le personnage devant les yeux : il marche, il sourit, il est impressionné..., et nous le connaissons); Quel est le mot final? Marquez-en l'originalité et l'ironie; N'est-ce pas ce mot qui donne au portrait son unité?

II. — L'analyse du morceau. — La Bruyère est un observateur; il a noté les gestes de l'homme efféminé, saisi sur sa physionomie ses impressions : indiquez ces gestes et ces impressions (Iphis voit un soulier, le compare au sien; — il en rougit; — il se cache; — il a la main douce; —il rit pour montrer ses dents..., etc...); Quelles simples remarques, faites au sujet de la toilette, empêchent l'auteur de mettre Iphis dans le chapitre des femmes?

III. — Le style; — les expressions. — Montrez que le thème développé par La Bruyère (L'esclave de la mode) est assez banal, mais qu'il sait lui donner de l'attrait par l'originalité de la forme; Dans le portrait d'Iphis, comme dans la plupart des autres portraits, il procède par énumération de gestes et d'impressions : ne risquait-il pas ainsi de tomber dans la monotonie? Comment a-t-il su éviter ce danger? (montrez l'infinie variété des tours); Le style, dans le portrait d'Iphis, ressemble-t-il au style, précédemment étudié, du portrait de Zénobie? (dans ce dernier portrait, style périodique; dans le portrait d'Iphis, style coupé...; le faire remarquer); Indiquez quelques expressions pittoresques (il en rougit; il se cache; il a soin de rire pour montrer ses dents; il lait la petite bouche...), quelques expressions railleuses (il est retenu par le pied dans sa chambre...) ; Le mot joli (le plus joli maintien...) n'est-il pas ironique? Est-ce à l'homme que s'applique, d'ordinaire, le mot joli? 6° Les expressions : Il a soin de..., il veuille sourire..., il s'est acquis une voix..., capable de se procurer... n'indiquent-elles pas l'effort de volonté, c'est-à-dire l'absence de naturel? (à développer); Faites ressortir l'antithèse contenue dans la deuxième phrase.

IV. — La grammaire. — Indiquez quelques mots de la même famille que mode; 2° Trouvez le contraire de chacun des adjectifs suivants : douce (main douce), — claire (voix claire), — molle (démarche molle); Distinguez les propositions contenues dans la première phrase du morceau; Nature et fonction de chacun des mots suivants : il regarde le sien et en rougit.

Rédaction. — Dire en quoi consiste la mode. — Inconvénients qu'il y aurait : à refuser absolument de s'y conformer; à s'y trop assujettir. —Conclusion.   

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