Devoir de Philosophie

L'isolement (1819). LAMARTINE

Publié le 14/06/2011

Extrait du document

lamartine

Pour analyser cette pièce typique de Lamartine, on y distinguera : le spectacle ( strophes 1, 2, 3, 4) ; la mélancolie ( strophes 5, 6...) ; enfin l'espoir en Dieu (strophes 7, 8,9); la pièce se termine par un élan. C'est toute l'histoire d'une âme déçue par le malheur, à qui la nature autrefois si chère ne suffit plus, et qui s'élève au-dessus d'elle jusqu'au bien idéal.

Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil, tristement je m'assieds; Je promène au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds. Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes, Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes, Où l'étoile du soir se lève dans l'azur. Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Le crépuscule encor jette un dernier rayon; Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon. Cependant, s'élançant de la flèche gothique, Un son religieux se répand dans les airs : Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente N'éprouve devant eux ni charme ni 'transports; Je contemple la terre ainsi qu'une âme errante; Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant, Je parcours tous les points de l'immense étendue, Et je dis : Nulle part le bonheur ne m'attend.... Mais peut-être au delà des bornes, de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux. Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire : Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour. Que ne puis-je, porté sur le char de l'aurore, Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi! Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore? Il n'est rien de commun entre la terre et moi. Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons; Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons!

(Premières Méditations poétiques, 1820, I)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Une pièce lyrique tout empreinte de mélancolie. Ce morceau ne montre-t-il pas que Lamartine aime et comprend la nature?  Cherche-t-il cependant, en présence d'un paysage, à en rendre le relief et la couleur? Montrez qu'il excelle surtout à exprimer les émotions que la nature fait naître dans son âme (analogie avec J.-J. Rousseau); Pourquoi, — ainsi qu'il nous le dit ici, — demeure-t-il indifférent aux « doux tableaux « qui s'offrent à ses yeux? D'où lui vient cette mélancolie? (Lamartine, épris d'idéal, n'a pas trouvé parmi les hommes la délicatesse de sentiment et la bonté qui faisaient le fond même de son être; profondément déçu, il se réfugie dans la nature, et la nature lui laisse entrevoir « ce bien idéal que toute âme désire «. — D'autre part, il subit aussi l'influence du René de Chateaubriand.) II.— L'analyse du morceau. — Distinguez les différentes parties du morceau. a) Le spectacle offert par la nature, b) La mélancolie, L'espoir en une vie meilleure); De quel lieu le poète promène-t-il ses regards sur le paysage qui s'étend devant lui? Quelle est la nature de ses impressions? (visuelles, — auditives; — les distinguer); Quel sentiment lui inspirent les tableaux de la nature?  A quoi aspire-t-il? Quel est le vers de la dernière strophe qui marque un élan de son âme? III. — Le style; — les expressions. — Faites ressortir l'harmonie des vers (la lecture à mi-voix de cette pièce est une véritable musique pour l'oreille...) ; Montrez aussi la facilité et la limpidité de la forme (vers qui ne paraissent avoir coûté aucun effort et dont toutes les expressions sont d'une parfaite clarté...) ; La troisième strophe ne contient-elle pas une périphrase? (l'indiquer); Montrez la justesse de cette expression : le tableau changeant; Quelle comparaison contient la dernière strophe? IV. — La grammaire. — Quels sont les mots de la même famille que : isolement, vallon? Distinguez les propositions contenues dans les deux derniers vers de la première strophe; Quels sont les compléments de assieds? (même strophe); — nature de chacun d'eux. Rédaction. — Vous assistez, un soir d'automne, à un coucher de soleil, et vous entendez le son lointain d'une cloche dans la campagne. — Faites connaitre vos impressions.

Liens utiles