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Michel Strogoff Tout à coup, un cri le fit tressaillir, un cri qui le pénétra jusqu'au fond de l'âme, et ces deux mots furent pour ainsi dire jetés à son oreille: «Mon fils!

Publié le 12/04/2014

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Michel Strogoff Tout à coup, un cri le fit tressaillir, un cri qui le pénétra jusqu'au fond de l'âme, et ces deux mots furent pour ainsi dire jetés à son oreille: «Mon fils! Sa mère, la vieille Marfa, était devant lui! Elle lui souriait, toute tremblante! Elle lui tendait les bras!... Michel Strogoff se leva. Il allait s'élancer... La pensée du devoir, le danger sérieux qu'il y avait pour sa mère et pour lui dans cette regrettable rencontre, l'arrêtèrent soudain, et tel fut son empire sur lui-même, que pas un muscle de sa figure ne remua. Vingt personnes étaient réunies dans la salle commune. Parmi elles, il y avait peut-être des espions, et ne savait-on pas dans la ville que le fils de Maria Strogoff appartenait au corps des courriers du czar? Michel Strogoff ne bougea pas. «Michel! s'écria sa mère. --Qui êtes-vous, ma brave dame? demanda Michel Strogoff, balbutiant ces mots plutôt qu'il ne les prononça. --Qui je suis? tu le demandes! Mon enfant, est-ce que tu ne reconnais plus ta mère? --Vous vous trompez!... répondit froidement Michel Strogoff. Une ressemblance vous abuse...» La vieille Marfa alla droit à lui, et là, les yeux dans les yeux: «Tu n'es pas le fils de Pierre et de Marfa Strogoff?» dit-elle. Michel Strogoff aurait donné sa vie pour pouvoir serrer librement sa mère dans ses bras!... mais s'il cédait, c'en était fait de lui, d'elle, de sa mission, de son serment!... Se dominant tout entier, il ferma les yeux pour ne pas voir les inexprimables angoisses qui contractaient le visage vénéré de sa mère, il retira ses mains pour ne pas étreindre les mains frémissantes qui le cherchaient. «Je ne sais, en vérité, ce que vous voulez dire, ma bonne femme, répondit-il en reculant de quelques pas. --Michel! cria encore la vieille mère. --Je ne me nomme pas Michel! Je n'ai jamais été votre fils! Je suis Nicolas Korpanoff, marchand à Irkoutsk!...» Et, brusquement, il quitta la salle commune, pendant que ces mots retentissaient une dernière fois: «Mon fils! mon fils!» Michel Strogoff, à bout d'efforts, était parti. Il ne vit pas sa vieille mère, qui était retombée presque inanimée sur un banc. Mais, au moment où le maître de poste se précipitait pour la secourir, la vieille femme se releva. Une révélation subite s'était faite dans son esprit. Elle, reniée par son fils! ce n'était pas possible! Quant à s'être trompée et à prendre un autre pour lui, impossible également. C'était bien son fils qu'elle venait de voir, et, s'il ne l'avait pas reconnue, c'est qu'il ne voulait pas, c'est qu'il ne devait pas la reconnaître, c'est qu'il avait des raisons terribles pour en agir ainsi! Et alors, refoulant en elle ses sentiments de mère, elle n'eut plus qu'une pensée: «L'aurai-je perdu sans le vouloir?» CHAPITRE XIV. MÈRE ET FILS. 87 Michel Strogoff «Je suis folle! dit-elle à ceux qui l'interrogeaient. Mes yeux m'ont trompée! Ce jeune homme n'est pas mon enfant! Il n'avait pas sa voix! N'y pensons plus! Je finirais par le voir partout.» Moins de dix minutes après, un officier tartare se présentait à la maison de poste. «Marfa Strogoff? demanda-t-il. --C'est moi, répondit la vieille femme d'un ton si calme et le visage si tranquille, que les témoins de la rencontre qui venait de se produire ne l'auraient pas reconnue. --Viens,» dit l'officier. Marfa Strogoff, d'un pas assuré, suivit l'officier tartare et quitta la maison de poste. Quelques instants après, Marfa Strogoff se trouvait au bivouac de la grande place, en présence d'Ivan Ogareff, auquel tous les détails de cette scène avaient été rapportés immédiatement. Ivan Ogareff, soupçonnant la vérité, avait voulu interroger lui-même la vieille Sibérienne. «Ton nom? demanda-t-il d'un ton rude. --Marfa Strogoff. --Tu as un fils? --Oui. --Il est courrier du czar? --Oui. --Où est-il? --A Moscou. --Tu es sans nouvelles de lui? --Sans nouvelles. --Depuis combien de temps? --Depuis deux mois. --Quel est donc ce jeune homme que tu appelais ton fils, il y a quelques instants, au relais de poste? --Un jeune Sibérien que j'ai pris pour lui, répondit Marfa Strogoff. C'est le dixième en qui je crois retrouver mon fils depuis que la ville est pleine d'étrangers! Je crois le voir partout! --Ainsi ce jeune homme n'était pas Michel Strogoff? --Ce n'était pas Michel Strogoff. CHAPITRE XIV. MÈRE ET FILS. 88

« «Je suis folle! dit-elle à ceux qui l'interrogeaient.

Mes yeux m'ont trompée! Ce jeune homme n'est pas mon enfant! Il n'avait pas sa voix! N'y pensons plus! Je finirais par le voir partout.» Moins de dix minutes après, un officier tartare se présentait à la maison de poste. «Marfa Strogoff? demanda-t-il. —C'est moi, répondit la vieille femme d'un ton si calme et le visage si tranquille, que les témoins de la rencontre qui venait de se produire ne l'auraient pas reconnue. —Viens,» dit l'officier. Marfa Strogoff, d'un pas assuré, suivit l'officier tartare et quitta la maison de poste. Quelques instants après, Marfa Strogoff se trouvait au bivouac de la grande place, en présence d'Ivan Ogareff, auquel tous les détails de cette scène avaient été rapportés immédiatement. Ivan Ogareff, soupçonnant la vérité, avait voulu interroger lui-même la vieille Sibérienne. «Ton nom? demanda-t-il d'un ton rude. —Marfa Strogoff. —Tu as un fils? —Oui. —Il est courrier du czar? —Oui. —Où est-il? —A Moscou. —Tu es sans nouvelles de lui? —Sans nouvelles. —Depuis combien de temps? —Depuis deux mois. —Quel est donc ce jeune homme que tu appelais ton fils, il y a quelques instants, au relais de poste? —Un jeune Sibérien que j'ai pris pour lui, répondit Marfa Strogoff.

C'est le dixième en qui je crois retrouver mon fils depuis que la ville est pleine d'étrangers! Je crois le voir partout! —Ainsi ce jeune homme n'était pas Michel Strogoff? —Ce n'était pas Michel Strogoff.

Michel Strogoff CHAPITRE XIV.

MÈRE ET FILS.

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