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Michel Strogoff volontiers recours aux plus vils déguisements, se faisant mendiant à l'occasion, excellant à prendre toutes les formes et toutes les allures.

Publié le 12/04/2014

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Michel Strogoff volontiers recours aux plus vils déguisements, se faisant mendiant à l'occasion, excellant à prendre toutes les formes et toutes les allures. De plus, il était cruel, et il se fût fait bourreau au besoin. Féofar-Khan avait en lui un lieutenant digne de le seconder dans cette guerre sauvage. Or, quand Michel Strogoff arriva sur les bords de l'Irtyche, Ivan Ogareff était déjà maître d'Omsk, et il pressait d'autant plus le siège du haut quartier de la ville, qu'il avait hâte de rejoindre Tomsk, où le gros de l'armée tartare venait de se concentrer. Tomsk, en effet, avait été prise par Féofar-Khan depuis quelques jours, et c'est de là que les envahisseurs, maîtres de la Sibérie centrale, devaient marcher sur Irkoutsk. Irkoutsk était le véritable objectif d'Ivan Ogareff. Le plan de ce traître était de se faire agréer du grand-duc sous un faux nom, de capter sa confiance, et, l'heure venue, de livrer aux Tartares la ville et le grand-duc lui-même. Avec une telle ville et un tel otage, toute la Sibérie asiatique devait tomber aux mains des envahisseurs. Or, on le suit, ce complot était connu du czar, et c'était pour le déjouer qu'avait été confiée à Michel Strogoff l'importante missive dont il était porteur. De là aussi, les instructions les plus sévères qui avaient été données au jeune courrier, de passer incognito à travers la contrée envahie. Cette mission, il l'avait fidèlement exécutée jusqu'ici, mais, maintenant, pourrait-il en poursuivre l'accomplissement? Le coup qui avait frappé Michel Strogoff n'était pas mortel. En nageant de manière à éviter d'être vu, il avait atteint la rive droite, où il tomba évanoui entre les roseaux. Quand il revint à lui, il se trouva dans la cabane d'un moujik qui l'avait recueilli et soigné, et auquel il devait d'être encore vivant. Depuis combien de temps était-il l'hôte de ce brave Sibérien? il n'eût pu le dire. Mais, lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit une bonne figure barbue, penchée sur lui, qui le regardait d'un oeil compatissant. Il allait demander où il était, lorsque le moujik, le prévenant, lui dit: «Ne parle pas, petit père, ne parle pas! Tu es encore trop faible. Je vais te dire où tu es et tout ce qui s'est passé depuis que je t'ai rapporté dans ma cabane.» Et le moujik raconta à Michel Strogoff les divers incidents de la lutte dont il avait été témoin, l'attaque du bac par les barques tartares, le pillage du tarentass, le massacre des bateliers!... Mais Michel Strogoff ne l'écoutait plus, et, portant la main à son vêtement, il sentit la lettre impériale, toujours serrée sur sa poitrine. Il respira, mais ce n'était pas tout. «Une jeune fille m'accompagnait! dit-il. --Ils ne l'ont pas tuée! répondit le moujik, allant au-devant de l'inquiétude qu'il lisait dans les yeux de son hôte. Ils l'ont emmenée dans leur barque, et ils ont continué de descendre l'Irtyche! C'est une prisonnière de plus à joindre à tant d'autres que l'on conduit à Tomsk!» Michel Strogoff ne put répondre. Il mit la main sur son coeur pour en comprimer les battements. CHAPITRE XIV. MÈRE ET FILS. 83 Michel Strogoff Mais, malgré tant d'épreuves, le sentiment du devoir dominait son âme tout entière. «Où suis-je? demanda-t-il. --Sur la rive droite de l'Irtyche, et seulement à cinq verstes d'Omsk, répondit le moujik. --Quelle blessure ai-je donc reçue, qui ait pu me foudroyer ainsi? Ce n'est pas un coup de feu? --Non, un coup de lance à la tête, cicatrisé maintenant, répondit le moujik. Après quelques jours de repos, petit père, tu pourras continuer ta route. Tu es tombé dans le fleuve, mais les Tartares ne l'ont ni touché ni fouillé, et ta bourse est toujours dans ta poche.» Michel Strogoff tendit la main au moujik. Puis, se redressant par un subit effort: «Ami, dit-il, depuis combien de temps suis-je dans ta cabane? --Depuis trois jours. --Trois jours perdus! --Trois jours pendant lesquels tu as été sans connaissance! --As-tu un cheval à me vendre? --Tu veux partir? --A l'instant. --Je n'ai ni cheval ni voiture, petit père! Où les Tartares ont passé, il ne reste plus rien! --Eh bien, j'irai a pied à Omsk chercher un cheval... --Quelques heures de repos encore, et tu seras mieux en état de continuer ton voyage! --Pas une heure! --Viens donc! répondit le moujik, comprenant qu'il n'y avait pas à lutter contre la volonté de son hôte. Je te conduirai moi-même, ajouta-t-il. D'ailleurs, les Russes sont encore en grand nombre à Omsk, et tu pourras peut-être passer inaperçu. --Ami, répondit Michel Strogoff, que le ciel te récompense de tout ce que tu as fait pour moi! --Une récompense! Les fous seuls en attendent sur la terre,» répondit le moujik. Michel Strogoff sortit de la cabane. Lorsqu'il voulut marcher, il fut pris d'un éblouissement tel que, sans le secours du moujik, il serait tombé, mais le grand air le remit promptement. Il ressentit alors le coup qui lui avait été porté à la tête, et dont son bonnet de fourrure avait heureusement amorti la violence. Avec l'énergie qu'on lui connaît, il n'était pas homme à se laisser abattre pour si peu. Un seul but se dressait devant ses yeux, c'était cette lointaine Irkoutsk qu'il lui fallait atteindre! Mais il lui fallait traverser Omsk sans s'y arrêter. «Dieu protège ma mère et Nadia! murmura-t-il. Je n'ai pas encore le droit de penser à elles!» CHAPITRE XIV. MÈRE ET FILS. 84

« Mais, malgré tant d'épreuves, le sentiment du devoir dominait son âme tout entière. «Où suis-je? demanda-t-il. —Sur la rive droite de l'Irtyche, et seulement à cinq verstes d'Omsk, répondit le moujik. —Quelle blessure ai-je donc reçue, qui ait pu me foudroyer ainsi? Ce n'est pas un coup de feu? —Non, un coup de lance à la tête, cicatrisé maintenant, répondit le moujik.

Après quelques jours de repos, petit père, tu pourras continuer ta route.

Tu es tombé dans le fleuve, mais les Tartares ne l'ont ni touché ni fouillé, et ta bourse est toujours dans ta poche.» Michel Strogoff tendit la main au moujik.

Puis, se redressant par un subit effort: «Ami, dit-il, depuis combien de temps suis-je dans ta cabane? —Depuis trois jours. —Trois jours perdus! —Trois jours pendant lesquels tu as été sans connaissance! —As-tu un cheval à me vendre? —Tu veux partir? —A l'instant. —Je n'ai ni cheval ni voiture, petit père! Où les Tartares ont passé, il ne reste plus rien! —Eh bien, j'irai a pied à Omsk chercher un cheval... —Quelques heures de repos encore, et tu seras mieux en état de continuer ton voyage! —Pas une heure! —Viens donc! répondit le moujik, comprenant qu'il n'y avait pas à lutter contre la volonté de son hôte.

Je te conduirai moi-même, ajouta-t-il.

D'ailleurs, les Russes sont encore en grand nombre à Omsk, et tu pourras peut-être passer inaperçu. —Ami, répondit Michel Strogoff, que le ciel te récompense de tout ce que tu as fait pour moi! —Une récompense! Les fous seuls en attendent sur la terre,» répondit le moujik. Michel Strogoff sortit de la cabane.

Lorsqu'il voulut marcher, il fut pris d'un éblouissement tel que, sans le secours du moujik, il serait tombé, mais le grand air le remit promptement.

Il ressentit alors le coup qui lui avait été porté à la tête, et dont son bonnet de fourrure avait heureusement amorti la violence.

Avec l'énergie qu'on lui connaît, il n'était pas homme à se laisser abattre pour si peu.

Un seul but se dressait devant ses yeux, c'était cette lointaine Irkoutsk qu'il lui fallait atteindre! Mais il lui fallait traverser Omsk sans s'y arrêter. «Dieu protège ma mère et Nadia! murmura-t-il.

Je n'ai pas encore le droit de penser à elles!» Michel Strogoff CHAPITRE XIV.

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