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OBJET D'ETUDE : LE THEATRE, TEXTE ET REPRESENTATION

Publié le 09/04/2012

Extrait du document

theatre

SUJET 1

DOCUMENTS

A - Molière, Dom Juan, extrait de l’Acte IV, scène 3 (1665)

B - G. Feydeau, On purge bébé, (1910)

C - J. Romains, Knock, extrait de l’Acte I (1923)

D - J. Deschamps, « Les Deschiens «

 

ECRITURE

I) Vous répondrez d’abord à la question suivante (4 points) :

- Observez les rapports qui unissent les personnages dans chacun des quatre documents. Quel ressort comique se trouve ici en jeu ?

II) Vous traiterez ensuite l’un de ces sujets (16 points) :

Sujet 1 : Commentaire

Vous ferez le commentaire de la scène de Dom Juan (document A).

Sujet 2 : Dissertation

« Pas d’oeuvres littéraires a dit un critique contemporain qui ne vieillissent aussi vite que les comédies. « D’où vient ce déclin rapide ? D’où vient aussi que certaines comédies y échappent et gardent, malgré les siècles, une étonnante jeunesse ?

Sujet 3 : Invention

Ecrivez un dialogue qui oppose Jules Romains et un spectateur. Ce dernier lui remontre qu’il y a des sujets sur lesquels on ne peut plaisanter et qu’on ne peut rire de tout. J. Romains défend les vertus du rire même pour les sujets les plus graves.

 

DOCUMENT A

[Don Juan se trouve chez lui quand l’un de ses créanciers, M. Dimanche, vient lui réclamer son argent]

Don Juan, Monsieur. Dimanche, Sganarelle, Suite.

DON JUAN, faisant de grandes civilités : Ah ! Monsieur Dimanche, approchez. Que je suis ravi de vous voir, et que je veux de mal à mes gens de ne vous pas faire entrer d'abord ! J'avais donné ordre qu'on ne me fît parler personne ; mais cet ordre n'est pas pour vous, et vous êtes en droit de ne trouver jamais de porte fermée chez moi.

M. DIMANCHE : Monsieur, je vous suis fort obligé.

DON JUAN, parlant à ses laquais : Parbleu ! Coquins, je vous apprendrai à laisser M. Dimanche dans une antichambre, et je vous ferai connaître les gens.

M. DIMANCHE : Monsieur, cela n'est rien.

DON JUAN : Comment ? Vous dire que je n'y suis pas, à M. Dimanche, au meilleur de mes amis ?

M. DIMANCHE : Monsieur, je suis votre serviteur. J'étais venu…

DON JUAN : Allons vite, un siège pour M. Dimanche.

M. DIMANCHE : Monsieur, je suis bien comme cela.

DON JUAN : Point, point, je veux que vous soyez assis contre moi.

M. DIMANCHE : Cela n'est point nécessaire.

DON JUAN : Otez ce pliant, et apportez un fauteuil.

M. DIMANCHE : Monsieur, vous vous moquez, et…

DON JUAN : Non, non, je sais ce que je vous dois, et je ne veux point qu'on mette de différence entre nous deux.

M. DIMANCHE : Monsieur…

DON JUAN : Allons, asseyez-vous.

M. DIMANCHE : Il n'est pas besoin, Monsieur, et je n'ai qu'un mot à vous dire. J'étais…

DOM JUAN : Mettez-vous là, vous dis-je.

M. DIMANCHE : Non, Monsieur, je suis bien. Je viens pour...

DOM JUAN : Non, je ne vous écoute point si vous n'êtes assis.

M. DIMANCHE : Monsieur, je fais ce que vous voulez. Je...

DOM JUAN : Parbleu ! Monsieur Dimanche, vous vous portez bien.

M. DIMANCHE : Oui, Monsieur, pour vous rendre service. Je suis venu...

DOM JUAN : Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des yeux vifs.

M. DIMANCHE : Je voudrais bien…

DOM JUAN : Comment se porte Madame Dimanche, votre épouse ?

M. DIMANCHE : Fort bien, Monsieur, Dieu merci.

DOM JUAN : C'est une brave femme.

M. DIMANCHE : Elle est votre servante, Monsieur. Je venais…

DOM JUAN : Et votre petite fille Claudine, comment se porte-t-elle ?

M. DIMANCHE : Le mieux du monde.

DOM JUAN : La jolie petite fille que c'est ! Je l'aime de tout mon cœur.

M. DIMANCHE : C'est trop d'honneur que vous lui faites, Monsieur. Je vous...

DOM JUAN : Et le petit Colin, fait-il toujours bien du bruit avec son tambour ?

M. DIMANCHE : Toujours de même, Monsieur. Je...

DOM JUAN : Et votre petit chien Brusquet ? Gronde-t-il toujours aussi fort, et mord-il toujours bien aux jambes les gens qui vont chez vous ?

M. DIMANCHE : Plus que jamais, Monsieur, et nous ne saurions en chevir.

DOM JUAN : Ne vous étonnez pas si je m'informe des nouvelles de toute la famille, car j'y prends beaucoup d'intérêt.

M. DIMANCHE : Nous vous sommes, Monsieur, infiniment obligés. Je...

DOM JUAN, lui tendant la main : Touchez donc là, Monsieur Dimanche. Etes-vous bien de mes amis ?

M. DIMANCHE : Monsieur, je suis votre serviteur.

DOM JUAN : Parbleu ! Je suis à vous de tout mon cœur.

M. DIMANCHE : Vous m'honorez trop. Je...

DOM JUAN : Il n'y a rien que je ne fisse pour vous.

M. DIMANCHE : Monsieur, vous avez trop de bonté pour moi.

DOM JUAN : Et cela sans intérêt, je vous prie de le croire.

M. DIMANCHE : Je n'ai point mérité cette grâce assurément. Mais, Monsieur...

DOM JUAN : Oh çà, Monsieur Dimanche, sans façon, voulez-vous souper avec moi ?

M. DIMANCHE : Non, Monsieur, il faut que je m'en retourne tout à l'heure. Je...

DOM JUAN, se levant : Allons, vite un flambeau pour conduire M. Dimanche, et que quatre ou cinq de mes gens prennent des mousquetons pour l'escorter.

M. DIMANCHE, se levant de même : Monsieur, il n'est pas nécessaire, et je m'en irai bien tout seul. Mais...

Sganarelle ôte les siéges promptement.

DOM JUAN : Comment ? Je veux qu'on vous escorte, et je m'intéresse trop à votre personne. Je suis votre serviteur, et de plus votre débiteur.

M. DIMANCHE : Ah ! Monsieur.

DOM JUAN : C'est une chose que je ne cache pas, et je le dis à tout le monde.

M. DIMANCHE : Si...

DOM JUAN: Voulez-vous que je vous reconduise ?

M. DIMANCHE : Ah ! Monsieur, vous vous moquez. Monsieur...

DOM JUAN : Embrassez-moi donc, s'il vous plaît. Je vous prie encore une fois d'être persuadé que je suis tout à vous, et qu'il n'y a rien au monde que je ne fisse pour votre service.

Il sort. […]

 

 

 

DOCUMENT B

[Rose est femme de ménage chez les Follavoine.]

 

FOLLAVOINE - Au fait, dites donc, vous ...!

ROSE – Monsieur ?

FOLLAVOINE - Par hasard, les ... les Hébrides1 ... ?

ROSE, qui ne comprend pas - Comment ?

FOLLAVOINE - Les Hébrides ? ... Vous ne savez pas où c'est ?

ROSE, ahurie - Les Hébrides ?

FOLLAVOINE - Oui.

ROSE - Ah ! non ! ... non ! (Comme pour se justifier). C'est pas moi qui range ici ! ... C'est Madame.

FOLLAVOINE, se redressant en fermant son dictionnaire sur son index de façon à ne pas perdre la page - Quoi ! quoi, « qui range « ! Les Hébrides ! ... des îles ! Bougre d'ignare2 ! ... de la terre entourée d'eau ... vous ne savez pas ce que c'est ?

ROSE, ouvrant de grands yeux - De la terre entourée d'eau ?

FOLLAVOINE - Oui ! de la terre entourée d'eau, comment ça s'appelle ?

ROSE - De la boue ?

FOLLAVOINE, haussant les épaules - Mais non, pas de la boue ! C'est de la boue quand il n'y a pas beaucoup de terre et pas beaucoup d'eau ; mais quand il y a beaucoup de terre et beaucoup d'eau, ça s'appelle des îles !

ROSE, abrutie - Ah ?

FOLLAVOINE - Eh ! bien, les Hébrides, c'est ça ! C’est des îles ! Par conséquent, c'est pas dans l'appartement.

ROSE, voulant avoir compris - Ah ! oui ! ... c'est dehors !

FOLLAVOINE, haussant les épaules - Naturellement ! ... c'est dehors !

ROSE - Ah ! ben, non ! non, je les ai pas vues.

FOLLAVOINE, quittant son bureau et poussant familièrement Rose vers la porte. - Oui, bon, merci, ça va bien !

ROSE, comme pour se justifier. - Y a pas longtemps que je suis à Paris, n'est-ce pas ?

FOLLAVOINE - Oui ! ... oui, oui !

ROSE - Et je sors si peu !

FOLLAVOINE - Oui ! ça va bien ! Allez ! ... Allez retrouver Madame.

ROSE - Oui, Monsieur ! (Elle sort).

FOLLAVOINE - Elle ne sait rien, cette fille ! Rien ! Qu’est-ce qu'on lui a appris à l'école ? « C'est pas elle qui a rangé les Hébrides « ! Je te crois, parbleu ! (Se replongeant dans son dictionnaire). « Z'Hébrides ... Z'Hébrides ... «. C'est extraordinaire ! Je trouve zèbre, zébré, zébrure, zébu ! ... Mais les Z'Hébrides, pas plus que dans mon œil ! Si ça y était, ce serait entre zébré et zébrure. On ne trouve rien dans ce dictionnaire !

1. Les Hébrides sont des îles situées à l'ouest de l'Ecosse. 2. Bougre d'ignare : ignorante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DOCUMENT C

 

[Knock est un médecin peu recommandable. Son seul souci est de faire croire à tous ses clients qu’ils sont malades car il veut gagner beaucoup d’argent.]

 

KNOCK : - De quoi souffrez-vous ? 

LE TAMBOUR DE VILLE : - Attendez que je réfléchisse ! (il rit) voilà. Quand j’ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici. (il montre le haut de son épigastre) ça me chatouille, ou plutôt, ça me grattouille. 

KNOCK : (d’un air de profonde concentration) Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ? 

LE TAMBOUR : Ça me grattouille. (il médite)  Mais ça me chatouille bien un peu aussi. 

KNOCK : - Désignez-moi exactement l’endroit. 

LE TAMBOUR : - Par ici. 

KNOCK : - Par ici... où cela, par ici ? 

LE TAMBOUR : - Là. Ou peut-être là... Entre les deux. 

KNOCK : - Juste entre les deux ?... Est-ce que ça ne serait pas plutôt un rien à gauche, là où je mets mon doigt ? 

LE TAMBOUR : - Il me semble bien. 

KNOCK : - Ça vous fait mal quand j’enfonce mon doigt ? 

LE TAMBOUR : - Oui, on dirait que ça me fait mal. 

KNOCK : - Ah ! Ah ! (il médite, l’air sombre)  Est-ce que ça ne vous grattouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ? 

LE TAMBOUR : - Je n’en mange jamais. Mais il me semble que si j’en mangeais, effectivement, ça me grattouillerait plus. 

KNOCK : Ah ! Ah ! Très important. Quel âge avez-vous ?

LE TAMBOUR : Cinquante et un, dans mes cinquante-deux.

KNOCK : Plus près de cinquante-deux ou de cinquante et un ?

LE TAMBOUR : il se trouble peu à peu. Plus près des cinquante-deux. Je les aurai en novembre.

KNOCK : lui mettant la main sur l’épaule. Mon ami, faites votre travail aujourd’hui comme d’habitude. Ce soir, couchez-vous de bonne heure. Demain matin, gardez le lit. Je passerai vous voir. Pour vous, mes visites seront gratuites. Mais ne le dites pas. C’est une faveur.

LE TAMBOUR : Vous êtes trop bon docteur. Mais c’est donc grave ce que j’ai ?

KNOCK : Ce n’est peut-être pas encore très grave. Il était temps de vous soigner. Vous fumez ?

LE TAMBOUR : tirant son mouchoir. Non, je chique

KNOCK : Défense absolue de chiquer. Vous aimez le vin ?

LE TAMBOUR : J’en bois raisonnablement.

KNOCK : Plus une goutte de vin. Vous êtes marié ?

LE TAMBOUR : Oui, docteur. Le Tambour s’essuie le front.

KNOCK : Sagesse totale de ce côté-là.

DOCUMENT D

 

http://max2048.free.fr/ressources/downloads/Les%20Deschiens.jpg

 

 

Eléments de corrigé

 

I) Observez les rapports qui unissent les personnages dans chacun des quatre documents. Quel ressort comique se trouve ici en jeu ?

Dom Juan : deux ordres différents : noblesse et tiers état (Cf. ancien régime). Mépris du premier pour le second mais pas encore de révolte du 2d contre le 1er => M. Dimanche est un bourgeois (il est marchand) et la noblesse de Don Juan le fascine. Il en devient incapable de faire valoir ses droits (en l’occurrence se faire payer la confection d’un costume). La fascination s’opère sur deux plans : le statut social lui-même (M. Dimanche se sent réellement inférieur à Don Juan) et le talent persuasif de Don Juan, sa capacité à manier le langage.

On purge bébé : rapport maître et servante tel qu’il se définit fin XIXe/débutXXe : un bourgeois parisien et une domestique récemment arrivée de la campagne pour « se placer « dans une bonne maison. Le rapport semble aussi (jusqu’à la chute) être celui d’un maître instruit et d’une bonne ignorante. La bonne éprouve une gêne de se voir prise en faute par son maître et s’inquiète sans doute pour sa place dans la maison. (En fait, la dernière réplique de Follavoine montre que l’imbécile n’est pas nécessairement celui que l’on croit.)

Knock : il s’agit cette fois d’un médecin et de son patient au début du XXe siècle. Encore une fois, l’on découvre un rapport d’inégalité. Le médecin Knock assoit son autorité face au tambour de ville en faisant étalage de son instruction, de ses compétences d’homme de science.

« Les Deschiens « : la photo récente présente trois personnages. Deux sont manifestement en position dominante (François Morel et Yolande Moreau) tandis que le personnage au centre (Olivier Broche) coincé entre eux et nettement moins grand (ou du moins assis plus bas) apparaît dominé par les deux autres. Seule sa tête apparaît alors que le buste et les mains (étalées sur la table) des deux autres envahissent l’espace.

Quel ressort comique ? Comment un (ou deux) personnage(s) assoit son autorité sur un autre par le langage, la ruse, l’intimidation, le « bluff «, le rayonnement de son savoir réel ou supposé etc. Cette autorité opère dans la mesure om le personnage qui se trouve en face est, lui, d’une grande naïveté, voire d’une grande bêtise.

 

Sujet de type I : commentaire de texte

Introduction

En 1665, à court d’argent, le directeur de la troupe de l’Illustre Théâtre présente à son public la nouvelle version d’une pièce qui parcourt l’Europe depuis plus de 30 ans, celle de Don Juan, l’abuseur de Séville. Ces aventures, bien connues du public, constituent autant de « passages obligés « auxquels Molière apporte ses propres vues, gommant certains épisodes ou inventant de nouveaux personnages. Il fait notamment de l’acte IV un défilé de « fâcheux «.

Ainsi, il imagine d’introduire dans la scène 3 un « Monsieur Dimanche « qui ressemble comme un confrère au M. Jourdain du Bourgeois gentilhomme. Ce modeste marchand se présente chez le seigneur Don Juan dans l’espoir de recouvrer les sommes qui lui sont dues. Don Juan, qui n’est guère disposé à régler ses dettes, s’amuse du petit bourgeois présomptueux et le paye finalement, à sa façon.

Cette scène de pure comédie nous permet de découvrir une fois encore les talents de séducteur de DJ mais aussi de retrouver chez celui-ci son goût de la transgression.

I) Comment fonctionne l’humour dans cette scène

1) Une scène dont l’humour se fonde sur le rythme :

Rapidité des échanges (stichomythies)

Thème récurrent (M. Dimanche essaie vainement de réclamer son argent => succession de phrases inachevées) ; l.10 « j’étais venu « ; l.33 « je venais « etc.

Termes récurrents : « je suis votre serviteur «. (l.10-27-33…)

2) Un rythme qui va croissant :

Comique de geste dont la succession fait rire. Installation et désinstallation d’un siège « qu’on apporte un fauteuil « l.15 + « Sganarelle ôte les sièges promptement « l.59.

Comique dans le fait de s’enquérir des membres de la famille l’un après l’autre en répétant le même dialogue : 1°) comment se porte X + réponse de M. Dimanche 2°) commentaire élogieux de DJ. Le comique va croissant car au petit Colin si bruyant fait suite le chien agressif. Il est de moins en moins vraisemblable que DJ porte réellement de l’intérêt à la famille Dimanche.

3) Un comique qui se fonde aussi sur le contenu :

DJ est le grand seigneur qui feint l’intérêt pour un homme du peuple. Le piège est grotesque « voulez-vous souper avec moi ? « l.46 ; « êtes-vous bien de mes amis ? « l.54 etc.

Les propos de DJ ont qqch de risible lorsque ce libertin demande des nouvelles de Madame Dimanche et de la fillette : « La jolie petite fille que c'est ! Je l'aime de tout mon cœur «.

II) L’abuseur de Séville

1) La conversation est conduite avec beaucoup d’habileté par Don Juan :

D.J. manipule M. Dimanche qui est venu réclamer son argent. A 5 reprises, il détourne la conversation pour que ne soit pas abordée cette question financière.

oL.1-9 : DJ s’emporte contre ses valets qui auraient fait attendre M. Dimanche

oL.10-25 : DJ exige un siège et refuse d’écouter tant que M. Dimanche n’est pas assis dans un fauteuil.

oL.26-45 : DJ prend des nouvelles de la famille de M. Dimanche et passe en revue tous ses membres (y compris le chien qui mord).

oL. 46-54 : DJ assure de son amitié allant même jusqu’à lui proposer de souper.

oL.55- 69 : M. Dimanche ayant décliné l’invitation, DJ s’assure de son départ.

2) Pour plaire, il faut parler à l’autre de ce qu’il aime.

DJ sait ce qu’il faut dire pour plaire aux humains (c’est un séducteur) => Il s’enquiert de la santé de M.D « Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des yeux vifs « l.28

Il fait mine de s’intéresser à toute la famille et prend soin de nommer chacun (Claudine l. 34, Colin l. 38, Brusquet l. 40).

3) Comment DJ est contraint à une « surenchère « amicale

A chaque fois que M. Dimanche semble reprendre ses esprits et qu’il a l’idée d’aborder l’objet de sa visite, DJ change la conversation et le déstabilise à nouveau.

Ex : l.40-45 DJ s’est enquis de la santé de toute la famille y compris du chien et il semble dans une impasse (il n’y a pas d’autre membre de la famille à évoquer). Il a alors l’idée de poser à brûle pourpoint la question : « Monsieur Dimanche. Etes-vous bien de mes amis ? «. Etant donné le fossé social qui sépare l’aristocrate DJ et le simple marchand M. D on conçoit à quel point la question est incongrue et comment elle parvient à le désorienter.

III) L’homme de toutes les transgressions

1) Un homme qui ne respecte pas l’ordre social :

DJ feint de s’adresser à un égal tout en sachant qu’il n’en est rien. (l.46 : « D.J., lui tendant la main : Touchez donc là, Monsieur Dimanche. Etes-vous bien de mes amis ? «)

En tant qu’aristocrate, il représente une catégorie sociale enviée. Mais en même temps, il est réellement le débiteur de M. Dimanche (l.61) [réalité sociale de l’époque ; cf. Le Bourgeois gentilhomme]

=> DJ exerce une fascination sur M.D du seul fait de son titre de noblesse et il use de ce pouvoir pour subjuguer M. Dimanche : l.61-62 « Ah Monsieur, vous vous moquez «.

1) Un homme qui ne respecte pas l’ordre économique

Par un retournement habile, DJ le débiteur devient DJ le créancier. Il paie M. Dimanche de mots, de « belle paroles « en flattant son goût pour la noblesse.

Ce qui est subtile dans le discours de DJ, c’est que dans le même temps où il paie M.D de ses belles paroles, il parvient à affirmer lui-même qu’il doit de l’argent.

« Je suis votre serviteur, et de plus votre débiteur. « = il admet avoir une dette // « C'est une chose que je ne cache pas, et je le dis à tout le monde. « = il flatte M.D en lui laissant croire qu’il est un sujet de conversation pour DJ au milieu des grands de ce monde.

3) Un homme qui ne respecte pas l’ordre moral :

A trois reprises, DJ prononce des phrases qui dans le contexte de la scène seule apparaissent comme des phrases de comédie mais qui, replacées dans l’ensemble de la pièce ont qqch d’inquiétant.

A propos de la fille de M.D, DJ s’exclame : « Je l’aime de tout mon cœur «. Connaissant le libertin, une telle phrase ne peut que rien laisser présager de bon.

Dans la scène qui suit, DJ reçoit son père Don Louis et écoute ce dernier lui asséner une leçon de morale. A l’issue de ce discours, DJ offre de manière faussement polie un siège à son père. Celui-ci, outré par l’insolence de DJ quitte la pièce. Il est intéressant de voir comment un même objet, un siège, offert trop tôt ou trop tard déstabilise les interlocuteurs de DJ.

Enfin, on notera que c’est une invitation à dîner incongrue, inappropriée qui fait fuir M.D et que c’est également une invitation à dîner tout aussi inappropriée à une statue (DJ a tué le commandeur) qui entraîne la chute du séducteur.

Conclusion

Si dans un premier temps, la scène avec M. Dimanche fait rire, elle rappelle aussi au spectateur la morgue d’une aristocratie devenue parasite, qui méprise ce qu’elle juge indigne d’elle. L’attitude de Don Juan reflète bien le comportement d’une classe sociale campée sur ses privilèges et qui ne sait pas encore qu’un jour elle les perdra.

Au-delà de la vision politique, la scène révèle au spectateur d’autres secrets propres à la pièce. Elle montre un homme qui va trop loin, qui ose encore là où ses semblables se contiennent. Mieux encore, elle semble faire écho -sur le ton de la comédie- au reste de la pièce, elle apparaît comme la chambre de répétition burlesque du tragique qui s’avance.

 

Barème :

I) introduction : 2/2

II) 1) plan progressif et cohérent : 2/2

II) 2) intérêt du contenu : 4/4

III) Conclusion : 2/2

IV) Qualité d’écriture (incluant la manière d’insérer des citations) 6/6

http://membres.lycos.fr/cyberpotache/dom_juan/dom_juan_IV_1.htm

 

Sujet de type II : dissertation

 

I) Qu’est-ce qui fait que les comédies vieillissent ?

1) Un genre réputé « facile «

Traditionnellement en France, la comédie est perçue inférieure à la tragédie. Son écriture semble plus facile, moins travaillée, moins marquante peut-être parce qu’elle est en prose. Elle ne bénéficie pas du rythme de l’alexandrin.

Elle présente une action diversifiée qui se fonde sur des ressorts multiples et là encore il semble qu’elle y perde en intensité.

Ex : Molière a tout au long de sa carrière été tenté par la tragédie et a composé des comédies en quelque sorte « par défaut «.

2) Un genre marqué par une époque

Les comédies s’inscrivent dans un genre théâtral dont les codes sont étroitement liés à une culture et parfois nous semblent désuets.

Ex : le théâtre de boulevard est lié à la culture bourgeoise dominante au XIXe et au XXe Les Boulingrin, Les gaietés de l’escadron de Courteline ; Les oeufs de l’autruche de A. Roussin ; La potiche de J. Poiret etc.

3) Rire et pleurer

La comédie est condamnée à vieillir plus vite que la tragédie de par la nature même de l’émotion qu’elle suscite. La comédie fait rire (ou tout au moins sourire) parce que le rire se fonde en grande partie sur l’effet de surprise (un jeu de mots nouveau, un retournement de situation inattendu etc.)

A l’inverse la pièce sérieuse porte à la réflexion voire les larmes, la tragédie même suscite l’effroi et ces sentiments n’ont pas de raison de s’émousser avec le temps. L’horreur ou le chagrin semblent devoir perdurer là où le rire s’éteint.

Ex : la malédiction de Phèdre fait toujours frémir tandis que les infidélités conjugales d’un vaudeville quelconque nous paraissent désuètes.

II) Pourquoi certaines comédies perdurent-elles ?

1) Symboles d’une époque

Elles sont le témoignage d’une époque. On les regarde avec plaisir parce qu’elles sont le reflet d’une société qui a disparu.

Le spectateur éprouve une sorte de nostalgie ou il souhaite simplement posséder des références culturelles pour situer une époque sur le plan artistique.

Ex : Le mariage de Figaro nous intéresse entre autres parce qu’il marque les prémices de la révolution

2) Des valeurs intrinsèques

L’habileté du dramaturge dépasse les époques par son sens de la mise en scène et du dialogue.

Dans ce cas il s’agit d’un moment « d’anthologie «. Le spectateur attend avec plaisir ce qu’il connaît parfaitement, il ne s’en fatigue jamais parce qu’il le re-connaît dans sa perfection.

Ex : « Qu’allait-il faire dans cette galère ? « des Fourberies de Scapin.

3) Le théâtre est fait pour être joué

Un texte n’existe réellement que lorsqu’il est mis en scène, lorsque des acteurs lui redonnent vie. Cela n’assure pas l’éternité d’une œuvre mais lui donne une chance de trouver une nouvelle jeunesse.

Ex : Knock par le théâtre du Kronope renouvelle la pièce de J. Romains dont le rythme semble aujourd’hui un peu lent.

III) Pourquoi toujours chercher des chefs d’oeuvre ?

1) Le besoin de valeurs sûres

Nous avons tendance à rechercher des textes « solides «, très bien écrits qui dans leur formulation décriront de manière définitive et parfaite nos sentiments. Nous soupçonnons la prose d’être trop facile, nous lui reprochons sa trivialité.

Ex : pourtant la finesse de la prose de Marivaux vaut bien certains vers de Corneille (Cf. anthologies de « vers malheureux «. « Et le désir s’accroît quant l’effet se recule « Polyeucte)

2) La quête de la vérité

Il nous semble aussi que la vérité universelle de l’Homme ne puisse s’atteindre que par la tragédie. Sans doute cette idée vient-elle du fait que la tragédie se fonde sur le « fatum «, le destin et que celui-ci est le signe d’une volonté supérieure d’ordre divin.

Ex : cependant Iphigénie sacrifiée par son père Agamemnon dans la tragédie éponyme de Racine est tout autant marquée de la malédiction divine que Don Juan dans la comédie de Molière.

3) Eloge de l’éphémère

La culture « éternelle « et « incontournable « peut se révéler parfois totalement inhibante : parce que c’est une œuvre dite essentielle le spectateur n’ose pas ne pas aimer et l’auteur n’ose parfois plus écrire.

Pourtant l’on peut éprouver du plaisir avec des œuvres légères, qui font sourire et que l’on oublie ensuite parce que ce ne sont que des divertissements. La beauté du théâtre réside dans ce qu’il est éphémère, toujours « en recommencement «

Ex : [Au choix selon les derniers spectacles que l’on a vus]

 

Barème :

I) introduction : 2/2

II) 1) plan progressif et cohérent : 2/2

II) 2) intérêt du contenu : 4/4

III) Conclusion : 2/2

IV) Qualité d’écriture (incluant la manière de se référer aux œuvres) 6/6

 

Sujet de type III : écriture d’invention

 

Barème :

I) Capacité à mettre en place un dialogue argumentatif : 2/2

II) 1) Cohérence de l’organisation, progression du dialogue : 2/2

II) 2) intérêt du contenu : 4/4

III) Capacité à clore le dialogue : 2/2

  1. IV)Qualité d’écriture 6/6

 

 

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