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Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV.

Publié le 12/04/2014

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Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV. Enns, 4 mai 1809. Cinquième bulletin de la grande armée. Le premier mai, le général Oudinot, après avoir fait onze cents prisonniers, a poussé au-delà de Ried où il en a encore fait quatre cents, de sorte que dans cette journée il a pris quinze cents hommes sans tirer un coup de fusil. La ville de Braunau était une place forte d'assez d'importance, puisqu'elle rendait maître d'un pont sur la rivière qui forme la frontière de l'Autriche. Par un esprit de vertige digne de ce débile cabinet, il a détruit une forteresse située dans une position frontière où elle pouvait lui être d'une grande utilité, pour en construire une à Comorn, au milieu de la Hongrie. La postérité aura peine à croire à cet excès d'inconséquence et de folie. L'empereur est arrivé à Ried, le 2 mai à une heure du matin, et à Lambach le même jour à une heure après midi. On a trouvé à Ried une manutention de huit fours organisés et des magasins contenant vingt mille quintaux de farine. Le pont de Lambach sur la Braun avait été coupé par l'ennemi; il a été rétabli dans la journée. Le même jour, le duc d'Istrie, commandant la cavalerie, et le duc de Montebello, avec le corps du général Oudinot, sont entrés à Wels. On a trouvé dans cette ville une manutention, douze ou quinze mille quintaux de farine et des magasins de vin et d'eau-de-vie. Le duc de Dantzick, arrivé le 30 avril à Salzbourg, a fait marcher sur-le-champ une brigade sur Kufstein et une autre sur Rastadt, dans la direction des chemins d'Italie. Son avant-garde poursuivant le général Jellachich, l'a forcé dans la position de Colling. Le premier mai, le quartier-général du maréchal duc de Rivoli était à Sharding. L'adjudant commandant Tringualye, commandant l'avant-garde de la division Saint-Cyr, a rencontré à Riedau, sur la route de Neumarck, l'avant-garde de l'ennemi; les chevau-légers wurtembergeois, les dragons badois et trois compagnies de voltigeurs du quatrième régiment de ligne français, aussitôt qu'ils aperçurent l'ennemi, l'attaquèrent et le poursuivirent jusqu'à Neumarck. Ils lui ont tué cinquante hommes et fait cinq cents prisonniers. Les dragons badois ont bravement chargé un demi-bataillon du régiment de Jordis et lui ont fait mettre bas les armes; le lieutenant-colonel d'Emmerade, qui les commandait, a en son cheval percé de coups de baïonnette. Le major Sainte-Croix a pris de sa propre main un drapeau à l'ennemi. Notre perte est de trois hommes tués et de cinquante blessés. Le duc de Rivoli continua sa marche le 2, et arriva le 3 à Lintz. L'archiduc Louis et le général Hiller, avec les débris de leurs corps renforcés d'une réserve de grenadiers et de tout ce qu'avait pu leur fournir le pays, était en avant de la Traun avec trente-cinq mille-hommes; mais menacés d'être tournés par le duc de Montebello, ils se portèrent sur Ebersberg pour y passer la rivière. Le 3, le duc d'Istrie et le général Oudinot se dirigèrent sur Ebersberg et firent leur jonction avec le duc de Rivoli. Ils rencontrèrent en avant d'Ebersberg l'arrière-garde des Autrichiens. Les intrépides bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses poursuivirent l'ennemi qui passait le pont, culbutèrent dans la rivière les canons, les chariots, huit à neuf cents hommes, et prirent dans la ville trois à quatre mille hommes que Enns, 4 mai 1809. 212 Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV. l'ennemi y avait laissés pour sa défense. Le général Claparède. dont ces bataillons faisaient l'avant-garde, les suivait; il déboucha à Ebersberg et trouva trente mille Autrichiens occupant une superbe position. Le maréchal duc d'Istrie passait le pont avec sa cavalerie pour soutenir la division, et le duc de Rivoli ordonnait d'appuyer son avant-garde par le corps d'armée. Ces restes du corps du prince Louis et du général Hitler étaient perdus sans ressource. Dans cet extrême danger l'ennemi mit le feu à la ville, qui est construite en bois. Le feu s'étendit en un instant partout; le pont fut bientôt encombré, et l'incendie gagna même jusqu'aux premières travées qu'on fut obligé de couper pour le conserver. Cavalerie, infanterie, rien ne put déboucher, et la division Claparède, seule, et n'ayant que quatre pièces de canon, lutta pendant trois heures contre trente mille ennemis. Cette action d'Ebersberg est un des plus beaux faits d'armes dont l'histoire puisse conserver le souvenir. L'ennemi voyant que la division Claparède était sans communications, avança trois fois sur elle, et fut toujours arrêté et reçu par les baïonnettes. Enfin, après un travail de trois heures, on parvint à détourner les flammes et à ouvrir un passage. Le général de division Legrand, avec le vingt-cinquième d'infanterie légère et le dix-huitième de ligne, se porta sur le château que l'ennemi avait fait occuper par huit cents hommes. Les sapeurs enfoncèrent les portes, et l'incendie ayant gagné le château, tout ce qu'il renfermait y périt. Le général Legrand marcha ensuite au secours de la division Claparède. Le général Durosnel qui venait par la rive droite avec un millier de chevaux, se joignit à lui, et l'ennemi fut obligé de se mettre en retraite en toute hâte. Au premier bruit de ces événemens, l'empereur avait marché lui-même par la rive droite avec les divisions Nansouty et Molitor. L'ennemi, qui se retirait avec la plus grande rapidité, arriva la nuit à Enns, brûla le pont, et continua sa fuite sur la route de Vienne. Sa perte consiste en douze mille hommes, dont sept mille cinq cents prisonniers, quatre pièces de canon et deux drapeaux. La division Claparède, qui fait partie des grenadiers d'Oudinot, s'est couverte de gloire; elle eu trois cents hommes tués et six cents blessés. L'impétuosité des bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses a fixé l'attention de toute l'armée. Le pont, la ville, et la position d'Ebersberg, serons des monumens durables de leur courage. Le voyageur s'arrêtera et dira: C'est ici, c'est de cette superbe position, de ce pont d'une si longue étendue, de ce château si fort par sa situation, qu'une armée de trente-cinq mille Autrichiens a été chassée par sept mille Français. Le général de brigade Cohorne, officier d'une singulière intrépidité, a eu un cheval tué sous lui. Les colonels en second Cardenau et Leudy ont été tués. Une compagnie du bataillon corse poursuivant l'ennemi dans les bois, a fait à elle seule sept cents prisonniers. Pendant l'affaire d'Ebersberg, le duc de Montebello arrivait à Steyer où il a fait rétablir le pont que l'ennemi avait coupé. L'empereur couche aujourd'hui à Enns dans le château dit prince d'Awersperg; la journée de demain sera employée à rétablir le pont. Les députés des états de la Haute-Autriche ont été présentés à S. M. à son bivouac d'Ebersberg. Les citoyens de toutes les classes et de toutes les provinces reconnaissent que l'empereur François II est l'agresseur: ils s'attendent à de grands changemens, et conviennent que la maison d'Autriche a mérité tous ses malheurs. Ils accusent même ouvertement de leurs maux, le caractère faible, opiniâtre et perfide de leur souverain; ils manifestent tous la plus grande reconnaissance pour la générosité dont l'empereur Napoléon usa pendant la dernière guerre envers la capitale et les pays qu'il avait conquis; ils s'indignent avec toute l'Europe, du ressentiment et de la haine que l'empereur François II n'a cessé de nourrir contre une nation qui avait été si Enns, 4 mai 1809. 213
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« l'ennemi y avait laissés pour sa défense.

Le général Claparède.

dont ces bataillons faisaient l'avant-garde, les suivait; il déboucha à Ebersberg et trouva trente mille Autrichiens occupant une superbe position.

Le maréchal duc d'Istrie passait le pont avec sa cavalerie pour soutenir la division, et le duc de Rivoli ordonnait d'appuyer son avant-garde par le corps d'armée.

Ces restes du corps du prince Louis et du général Hitler étaient perdus sans ressource.

Dans cet extrême danger l'ennemi mit le feu à la ville, qui est construite en bois.

Le feu s'étendit en un instant partout; le pont fut bientôt encombré, et l'incendie gagna même jusqu'aux premières travées qu'on fut obligé de couper pour le conserver.

Cavalerie, infanterie, rien ne put déboucher, et la division Claparède, seule, et n'ayant que quatre pièces de canon, lutta pendant trois heures contre trente mille ennemis. Cette action d'Ebersberg est un des plus beaux faits d'armes dont l'histoire puisse conserver le souvenir. L'ennemi voyant que la division Claparède était sans communications, avança trois fois sur elle, et fut toujours arrêté et reçu par les baïonnettes.

Enfin, après un travail de trois heures, on parvint à détourner les flammes et à ouvrir un passage.

Le général de division Legrand, avec le vingt-cinquième d'infanterie légère et le dix-huitième de ligne, se porta sur le château que l'ennemi avait fait occuper par huit cents hommes.

Les sapeurs enfoncèrent les portes, et l'incendie ayant gagné le château, tout ce qu'il renfermait y périt.

Le général Legrand marcha ensuite au secours de la division Claparède.

Le général Durosnel qui venait par la rive droite avec un millier de chevaux, se joignit à lui, et l'ennemi fut obligé de se mettre en retraite en toute hâte.

Au premier bruit de ces événemens, l'empereur avait marché lui-même par la rive droite avec les divisions Nansouty et Molitor. L'ennemi, qui se retirait avec la plus grande rapidité, arriva la nuit à Enns, brûla le pont, et continua sa fuite sur la route de Vienne.

Sa perte consiste en douze mille hommes, dont sept mille cinq cents prisonniers, quatre pièces de canon et deux drapeaux. La division Claparède, qui fait partie des grenadiers d'Oudinot, s'est couverte de gloire; elle eu trois cents hommes tués et six cents blessés.

L'impétuosité des bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses a fixé l'attention de toute l'armée.

Le pont, la ville, et la position d'Ebersberg, serons des monumens durables de leur courage.

Le voyageur s'arrêtera et dira: C'est ici, c'est de cette superbe position, de ce pont d'une si longue étendue, de ce château si fort par sa situation, qu'une armée de trente-cinq mille Autrichiens a été chassée par sept mille Français. Le général de brigade Cohorne, officier d'une singulière intrépidité, a eu un cheval tué sous lui. Les colonels en second Cardenau et Leudy ont été tués. Une compagnie du bataillon corse poursuivant l'ennemi dans les bois, a fait à elle seule sept cents prisonniers. Pendant l'affaire d'Ebersberg, le duc de Montebello arrivait à Steyer où il a fait rétablir le pont que l'ennemi avait coupé. L'empereur couche aujourd'hui à Enns dans le château dit prince d'Awersperg; la journée de demain sera employée à rétablir le pont. Les députés des états de la Haute-Autriche ont été présentés à S.

M.

à son bivouac d'Ebersberg. Les citoyens de toutes les classes et de toutes les provinces reconnaissent que l'empereur François II est l'agresseur: ils s'attendent à de grands changemens, et conviennent que la maison d'Autriche a mérité tous ses malheurs.

Ils accusent même ouvertement de leurs maux, le caractère faible, opiniâtre et perfide de leur souverain; ils manifestent tous la plus grande reconnaissance pour la générosité dont l'empereur Napoléon usa pendant la dernière guerre envers la capitale et les pays qu'il avait conquis; ils s'indignent avec toute l'Europe, du ressentiment et de la haine que l'empereur François II n'a cessé de nourrir contre une nation qui avait été si Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV. Enns, 4 mai 1809.

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