Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV.
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« Quant à l'Autriche, la paix sera maintenue sur le continent, parce que l'Angleterre y est sans influence. Le mépris et la haine qu'elle inspire sont communs à toutes les grandes puissances; toutes ont été ses victimes; M. Adair a été chassé de Vienne, le jour où M. de Staremberg est revenu de Londres. Les armemens faits par l'Angleterre sous pavillon américain, qu'escortaient à Trieste des frégates anglaises, ont été repoussés et proscrits par un dernier édit de l'empereur François II. La bonne intelligence n'a pas cessé de régner entre l'Autriche et la France. Les agens obscurs que l'Angleterre solde, et qui se cachent dans cette foule d'escrocs que poursuit la police de tous les gouvernemens de l'Europe, ont dit à Vienne que la France allait faire la guerre à l'Autriche; et à Paris, que l'Autriche levait de nouvelles armées pour attaquer la France. Les oisifs avides de nouvelles et d'émotions, ont pu, sur ces obscures rumeurs, supposer des marches, des contremarches, et bâtir des plans de campagne aussi frivoles qu'eux; mais les deux cabinets n'ont pas cessé d'être dans les relations les plus amicales. Dans l'entrevue que l'empereur Napoléon a eue avec l'empereur Francois II en Moravie, l'empereur François lui promit qu'il ne lui ferait plus la guerre. Ce prince a prouvé qu'il tenait sa parole. Il est curieux de voir que, tandis que le cabinet d'Autriche assure et déclare qu'il est bien avec la France, que la France publie les mêmes assurances; il est curieux, disons-nous, de voir que cette faction brouillonne, qui se nourrit d'agiotage, de calomnies, de libelles, continue à jeter l'inquiétude parmi les hommes paisibles. Les affaires d'Espagne sont irrévocablement fixées; elles sont reconnues par les grandes puissances du continent. Si l'on a été déçu dans l'espoir de conduire ces peuples à un meilleur ordre de choses, sans troubles, sans désordres, sans guerre, c'est une victoire qu'a obtenue le génie du mal sur l'esprit du bien. Du reste et en définitif, cela ne sera funeste qu'à l'Angleterre et à ses partisans. Ces vérités sont évidentes, et il n'y a pas un homme de sens à Londres qui n'en soit pénétré. Que penser de la politique et de la raison d'un cabinet qui; ayant, excité la Suède contre la Russie, espérait la soutenir avec une expédition de cinq mille hommes? Tant qu'il s'agira de calomnier, de séduire, de suborner, l'Angleterre aura l'avantage dans ce genre de guerre; mais lorsqu'il verra l'aigle le suivre de l'oeil, le léopard sentira fuir sous ses pas la terre ferme, et ne trouvera de refuge que sur ses flottes et dans l'élément des tempêtes. La paix est le voeu de l'univers; les événemens qui ont changé la face du monde depuis la rupture de la paix d'Amiens, c'est à la rupture de cette paix qu'il faut les attribuer; les événemens si défavorables à l'Angleterre qui se sont passés depuis la mort de Fox, c'est à sa mort et à la rupture des négociations qu'il faut les attribuer; les changemens survenus en Europe depuis la paix de Tilsitt, c'est au refus d'accepter la médiation de la Russie qu'il faut les attribuer: ce qui arrivera encore sur le continent, de contraire à la grandeur et à l'intérêt de l'Angleterre, si la paix n'a pas lieu, il faudra l'attribuer à cette obstination folle, à cette politique aveugle et furibonde qui, malgré l'union des grandes puissances, met toujours son avenir dans les rêves d'une division impossible, et du renouvellement de coalitions qui ne peuvent exister que contre elle. C'est bien ici le lieu d'appliquer cette maxime de Cicéron, que le parti le plus politique est celui qui est le plus conforme à la justice. La continuation de la paix d'Amiens eût laissé l'Europe dans le même état. La paix que voulait Fox eût empêché la ruine de la Prusse et l'occupation des villes du Nord. L'acceptation de la médiation offerte par la Russie eût empêché les affaires de la Baltique et d'Espagne. Et si la paix n'a pas lieu dans l'année, qui peut prédire les événemens contraires à l'intérêt de l'Angleterre qui se se seront passés d'ici à un an? Saint-Cloud, le 4 septembre 1808. Message de S. M. l'empereur et roi au sénat conservateur. Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV. Saint-Cloud, le 4 septembre 1808. 151 »
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