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Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV.

Publié le 12/04/2014

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Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV. [23] Jamais le royaume de Naples n'a été plus tranquille. Depuis cent ans, il n'y a jamais eu moins d'assassinats et de brigandages, les galériens que des frégates anglaises y ont débarqués, ont été pris par les gardes du pays et livrés à la justice. La présence de l'armée anglaise en Sicile ne s'y fait point sentir; elle est retranchée dans Syracuse et Messine; l'expérience prouvera si elle saura défendre la Sicile. [24] Bruits d'agiotage; le comte de Metternich est à Paris, et, qui mieux est, y est très-bien vu. Le général Andréossi est à Vienne. Les troupes françaises sont dans leurs cantonnemens, et à plus de cent lieues de l'Autriche proprement dite. [25] Il est plaisant de mettre en doute si la France et ses alliés peuvent à la fois faire la guerre à l'Autriche et à l'Espagne, lorsque, sans alliés, elle a vaincu quatre coalitions dix fois plus redoutables; n'importe, les Anglais verraient avec plaisir l'Autriche faire la guerre dans le même esprit qu'ils ont excité la coalition de la Prusse, quoiqu'ils prévissent bien ce qui arriverait à la Prusse; mais ils vivent au jour le jour; une guerre qui ne durerait que six mois, serait toujours autant de gagné pour eux; ils ne songent pas au résultat qui ne pourrait qu'empirer leur position. [Note 22: Les gazettes anglaises annonçaient une concentration de troupes françaises sur le Rhin.] [Note 23: Elles parlaient de troubles dans l'Italie.] [Note 24: Elles donnaient comme certaines la nouvelle du rappel de l'ambassadeur d'Autriche de Paris.] [Note 25: Elles parlaient de la détermination qu'avait prise Napoléon de faire marcher de front la guerre d'Espagne avec celle qu'il méditait contre l'Autriche.] [26] L'Angleterre connaît l'étroite union qui existe entre la France et la Russie; elle sait que ces deux grandes puissances sont résolues à réunir leurs forces, et à reconnaître pour ennemi tout ami de l'Angleterre; elle sait que la paix ne sera pas troublée en Allemagne, et elle ne conserve aucun espoir raisonnable de succès définitifs, en fomentant des troubles et des désordres en Espagne; elle sait que c'est du sang et des victimes inutiles; mais cet encens lui est agréable; les déchiremens du continent sont ses délices; elle sait bien aussi qu'avant que l'année soit révolue, il n'y aura pas un seul village d'Espagne insurgé, pas un Anglais sur cette terre: mais qu'importe à l'Angleterre? elle ne connaît ni honte ni remords; ses armées se rembarqueront et abandonneront ses dupes; elle traitera les insurgés d'Espagne comme elle a traité le roi de Suède. Elle a mis les armes à la main à ce souverain, l'a flatté d'un secours puissant: vingt ou trente mille hommes devaient le secourir contre le Danemarck et contre la Russie; mais les promesses sont faciles. Le général Moore et cinq mille hommes sont arrivés et sont restés deux mois mouillés sur la côte de Suède, pendant que la Finlande était conquise, et que les Suédois étaient chassés de la Norwège. Il y a peu de semaines, nous cherchions comment l'Angleterre pourrait se tirer avec honneur de cette lutte folle du Nord; si elle débarque une armée, disions-nous, cette armée sera prise pendant l'hiver; nous ne pouvions nous attendre, quelque mauvaise opinion que nous eussions de la bonne foi britannique, que cette perfide puissance abandonnerait la Suède à son malheureux sort, et sortirait de là en donnant de nouvelles preuves de ce que les alliés de l'Angleterre ont à attendre d'elle; trahison et abandon. Les insurgés espagnols seront trahis et abandonnés de même lorsque l'aigle française couvrira de ses ailes toutes les Espagnes. [Note 26: Le journaliste regardait comme un devoir du gouvernement anglais de fournir à ses alliés des subsides et des munitions.] L'ineptie, le défaut de courage d'esprit ont fait essuyer quelques échecs à nos armes; ils seront promptement réparés, et alors les Anglais se précipiteront sur leurs vaisseaux; ils abandonneront leurs alliés, et, comme à Quiberon, tireront sur les malheureux qu'ils auront laissés sur le rivage. Baïonne, le 6 juin 1808. 150 Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV. Quant à l'Autriche, la paix sera maintenue sur le continent, parce que l'Angleterre y est sans influence. Le mépris et la haine qu'elle inspire sont communs à toutes les grandes puissances; toutes ont été ses victimes; M. Adair a été chassé de Vienne, le jour où M. de Staremberg est revenu de Londres. Les armemens faits par l'Angleterre sous pavillon américain, qu'escortaient à Trieste des frégates anglaises, ont été repoussés et proscrits par un dernier édit de l'empereur François II. La bonne intelligence n'a pas cessé de régner entre l'Autriche et la France. Les agens obscurs que l'Angleterre solde, et qui se cachent dans cette foule d'escrocs que poursuit la police de tous les gouvernemens de l'Europe, ont dit à Vienne que la France allait faire la guerre à l'Autriche; et à Paris, que l'Autriche levait de nouvelles armées pour attaquer la France. Les oisifs avides de nouvelles et d'émotions, ont pu, sur ces obscures rumeurs, supposer des marches, des contremarches, et bâtir des plans de campagne aussi frivoles qu'eux; mais les deux cabinets n'ont pas cessé d'être dans les relations les plus amicales. Dans l'entrevue que l'empereur Napoléon a eue avec l'empereur Francois II en Moravie, l'empereur François lui promit qu'il ne lui ferait plus la guerre. Ce prince a prouvé qu'il tenait sa parole. Il est curieux de voir que, tandis que le cabinet d'Autriche assure et déclare qu'il est bien avec la France, que la France publie les mêmes assurances; il est curieux, disons-nous, de voir que cette faction brouillonne, qui se nourrit d'agiotage, de calomnies, de libelles, continue à jeter l'inquiétude parmi les hommes paisibles. Les affaires d'Espagne sont irrévocablement fixées; elles sont reconnues par les grandes puissances du continent. Si l'on a été déçu dans l'espoir de conduire ces peuples à un meilleur ordre de choses, sans troubles, sans désordres, sans guerre, c'est une victoire qu'a obtenue le génie du mal sur l'esprit du bien. Du reste et en définitif, cela ne sera funeste qu'à l'Angleterre et à ses partisans. Ces vérités sont évidentes, et il n'y a pas un homme de sens à Londres qui n'en soit pénétré. Que penser de la politique et de la raison d'un cabinet qui; ayant, excité la Suède contre la Russie, espérait la soutenir avec une expédition de cinq mille hommes? Tant qu'il s'agira de calomnier, de séduire, de suborner, l'Angleterre aura l'avantage dans ce genre de guerre; mais lorsqu'il verra l'aigle le suivre de l'oeil, le léopard sentira fuir sous ses pas la terre ferme, et ne trouvera de refuge que sur ses flottes et dans l'élément des tempêtes. La paix est le voeu de l'univers; les événemens qui ont changé la face du monde depuis la rupture de la paix d'Amiens, c'est à la rupture de cette paix qu'il faut les attribuer; les événemens si défavorables à l'Angleterre qui se sont passés depuis la mort de Fox, c'est à sa mort et à la rupture des négociations qu'il faut les attribuer; les changemens survenus en Europe depuis la paix de Tilsitt, c'est au refus d'accepter la médiation de la Russie qu'il faut les attribuer: ce qui arrivera encore sur le continent, de contraire à la grandeur et à l'intérêt de l'Angleterre, si la paix n'a pas lieu, il faudra l'attribuer à cette obstination folle, à cette politique aveugle et furibonde qui, malgré l'union des grandes puissances, met toujours son avenir dans les rêves d'une division impossible, et du renouvellement de coalitions qui ne peuvent exister que contre elle. C'est bien ici le lieu d'appliquer cette maxime de Cicéron, que le parti le plus politique est celui qui est le plus conforme à la justice. La continuation de la paix d'Amiens eût laissé l'Europe dans le même état. La paix que voulait Fox eût empêché la ruine de la Prusse et l'occupation des villes du Nord. L'acceptation de la médiation offerte par la Russie eût empêché les affaires de la Baltique et d'Espagne. Et si la paix n'a pas lieu dans l'année, qui peut prédire les événemens contraires à l'intérêt de l'Angleterre qui se se seront passés d'ici à un an? Saint-Cloud, le 4 septembre 1808. Message de S. M. l'empereur et roi au sénat conservateur. Saint-Cloud, le 4 septembre 1808. 151
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« Quant à l'Autriche, la paix sera maintenue sur le continent, parce que l'Angleterre y est sans influence.

Le mépris et la haine qu'elle inspire sont communs à toutes les grandes puissances; toutes ont été ses victimes; M. Adair a été chassé de Vienne, le jour où M.

de Staremberg est revenu de Londres. Les armemens faits par l'Angleterre sous pavillon américain, qu'escortaient à Trieste des frégates anglaises, ont été repoussés et proscrits par un dernier édit de l'empereur François II.

La bonne intelligence n'a pas cessé de régner entre l'Autriche et la France. Les agens obscurs que l'Angleterre solde, et qui se cachent dans cette foule d'escrocs que poursuit la police de tous les gouvernemens de l'Europe, ont dit à Vienne que la France allait faire la guerre à l'Autriche; et à Paris, que l'Autriche levait de nouvelles armées pour attaquer la France.

Les oisifs avides de nouvelles et d'émotions, ont pu, sur ces obscures rumeurs, supposer des marches, des contremarches, et bâtir des plans de campagne aussi frivoles qu'eux; mais les deux cabinets n'ont pas cessé d'être dans les relations les plus amicales.

Dans l'entrevue que l'empereur Napoléon a eue avec l'empereur Francois II en Moravie, l'empereur François lui promit qu'il ne lui ferait plus la guerre.

Ce prince a prouvé qu'il tenait sa parole.

Il est curieux de voir que, tandis que le cabinet d'Autriche assure et déclare qu'il est bien avec la France, que la France publie les mêmes assurances; il est curieux, disons-nous, de voir que cette faction brouillonne, qui se nourrit d'agiotage, de calomnies, de libelles, continue à jeter l'inquiétude parmi les hommes paisibles. Les affaires d'Espagne sont irrévocablement fixées; elles sont reconnues par les grandes puissances du continent.

Si l'on a été déçu dans l'espoir de conduire ces peuples à un meilleur ordre de choses, sans troubles, sans désordres, sans guerre, c'est une victoire qu'a obtenue le génie du mal sur l'esprit du bien.

Du reste et en définitif, cela ne sera funeste qu'à l'Angleterre et à ses partisans.

Ces vérités sont évidentes, et il n'y a pas un homme de sens à Londres qui n'en soit pénétré. Que penser de la politique et de la raison d'un cabinet qui; ayant, excité la Suède contre la Russie, espérait la soutenir avec une expédition de cinq mille hommes? Tant qu'il s'agira de calomnier, de séduire, de suborner, l'Angleterre aura l'avantage dans ce genre de guerre; mais lorsqu'il verra l'aigle le suivre de l'oeil, le léopard sentira fuir sous ses pas la terre ferme, et ne trouvera de refuge que sur ses flottes et dans l'élément des tempêtes. La paix est le voeu de l'univers; les événemens qui ont changé la face du monde depuis la rupture de la paix d'Amiens, c'est à la rupture de cette paix qu'il faut les attribuer; les événemens si défavorables à l'Angleterre qui se sont passés depuis la mort de Fox, c'est à sa mort et à la rupture des négociations qu'il faut les attribuer; les changemens survenus en Europe depuis la paix de Tilsitt, c'est au refus d'accepter la médiation de la Russie qu'il faut les attribuer: ce qui arrivera encore sur le continent, de contraire à la grandeur et à l'intérêt de l'Angleterre, si la paix n'a pas lieu, il faudra l'attribuer à cette obstination folle, à cette politique aveugle et furibonde qui, malgré l'union des grandes puissances, met toujours son avenir dans les rêves d'une division impossible, et du renouvellement de coalitions qui ne peuvent exister que contre elle.

C'est bien ici le lieu d'appliquer cette maxime de Cicéron, que le parti le plus politique est celui qui est le plus conforme à la justice.

La continuation de la paix d'Amiens eût laissé l'Europe dans le même état.

La paix que voulait Fox eût empêché la ruine de la Prusse et l'occupation des villes du Nord.

L'acceptation de la médiation offerte par la Russie eût empêché les affaires de la Baltique et d'Espagne.

Et si la paix n'a pas lieu dans l'année, qui peut prédire les événemens contraires à l'intérêt de l'Angleterre qui se se seront passés d'ici à un an? Saint-Cloud, le 4 septembre 1808. Message de S.

M.

l'empereur et roi au sénat conservateur.

Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV. Saint-Cloud, le 4 septembre 1808.

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