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Pierre-Henri SIMON. La civilisation scientifique nous encadre. (Ce que je crois.)

Publié le 22/03/2011

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scientifique

   Il est bien certain que le retour à la nature, par quelque itinéraire qu'on le tente et même si on le revêt d'une dignité métaphysique en parlant d'un « retour aux sources «, est un répit, un exercice, un rite, tout ce qu'on voudra qui évoque l'illusion d'un arrachement impossible à un mode d'existence mortel s'il va à son terme, mais devenu nécessaire et irréversible. Que la vie humaine soit aujourd'hui menacée de toutes les façons par les directions, la structure et le rythme de la civilisation scientifique, c'est l'évidence même : la génétique artificielle peut produire des monstres, les expériences nucléaires des désastres, la guerre atomique la catastrophe absolue ; par l'excès de tension, la vie dans les villes fait des déprimés nerveux, encore que la détente de l'énergie, l'ennui et le désespoir puissent venir par des voies tout inverses, par l'excès du confort et la suppression du stress, par la suralimentation, l'abus de l'alcool et des drogues. Il n'en reste pas moins que la concentration urbaine va s'accentuer, les activités industrielles se multiplier, les énergies contenues dans l'atome obéir à une domestication croissante qui transformera les conditions de l'économie et de l'existence matérielle dans des mesures imprévisibles. Davantage : les sociologues ne mettent pas en doute que l'évolution des sociétés, même de celles dont la structure demeure libérale et capitaliste, ira nécessairement dans un sens de conscience croissante; qu'il s'agisse de la procréation de l'enfant, du choix d'un métier, de l'organisation de la production ou du système éducatif, les décisions et la conduite des individus et des masses obéiront de moins en moins à des motivations instinctives, à des options de fantaisie ou de liberté, et de plus en plus à des calculs sociaux, à des plans, à une discipline autoritaire. Et il est aussi inévitable que cette autorité soit de moins en moins personnelle, mais anonyme, bureaucratique et même mécanisée dans la mesure où les déterminations dépendront des données statistiques fournies par les plus redoutables de toutes les machines : celles qui calculent, enregistrent et se souviennent. Ce que peut devenir, dans ces conditions, « le retour à la nature «, en dehors de quelques divertissements de folklore et de quelques pratiques d'hygiène, on l'aperçoit mai, et surtout on ne voit pas du tout en quoi le recours à l'instinct, fût-il sain en lui-même, pourra équilibrer cette énorme puissance de pensée sociale qui va imposer à la personne l'encadrement et la direction de sa vie, le choix de ses actes et jusqu'à la forme de son bonheur.    Questions :    1) Résumez ce texte en une dizaine de lignes.    2) Expliquez les mots et expressions en italiques : « un rite ; la génétique artificielle; bureaucratique «.    3) En un développement composé de 30 à 50 lignes, vous direz si vous avez personnellement pris conscience de ce phénomène d'« encadrement « de l'individu dans la réalité quotidienne, dont parle l'auteur à la fin du texte.

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