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Première édition intégrale en cours de publication des lettres de Madame de Sévigné

Publié le 14/12/2011

Extrait du document

 

Les Lettres de Madame de Sévigné demeurent, pour beaucoup, des textes de dictée. « Faner est la plus jolie chose du monde - Mandez-moi une bonne «, etc., ce sont les rares phrases qui restent dans la mémoire après une lecture hâtive et partielle de cet étrange monument littéraire du xviie siècle. Proust en avait déjà fait la remarque. Notre époque s'est plue à redécouvrir la Marquise pour essayer de la restituer à elle-même; on s'aperçoit que ce n'est pas si facile. Trois siècles, cela brouille les visages. La correspondance de Madame de Sévigné vient de paraître à la Pléiade (Editions Gallimard). Son éditeur, Roger Duchêne, auteur de plusieurs études sur l'épistolière (Madame de Sévigné devant Dieu, Desclée de Brouwer; Madame de Sévigné et la lettre d'amour, éditions Bordas)...

« elle dans toute sa vigueur et sa puissance.

Les Lettres, d'après leur éditeur, sont un chef­ d'œuvre involontaire.

Pourtant, la Marquise avait un public : c'était sa fille.

Toutes ces grâces, tous ces reproches, toutes ces déclara­ tions, tous ces récits mêmes qui constituent la petite histoire du temps, étaient destinés à être lus, et par conséquent à agir sur l'esprit de celle qui en prenait connaissance.

Madame de Sévigné ignorait-elle réellement qu'elle « faisait de l'art » ? Quand, dans son Histoire amoureuse des Gaules, Bussy-Rabutin s'amusa à la mettre en scène avec quelque goût à la pointe, elle feignit d'en être malheureuse : « Etre dans les mains de tout le monde, écrit-elle en 1668, se trouver imprimée ...

Quand je me vis donnée au public ct répandue dans les provinces, je vous avoue que je fus au désespoir.

» Est-ce si cer­ tain? Les lettres inédites de Flaubert révèlent un écrivain inconnu La Correspondance de Flaubert, établie et an­ notée par Jean Bruneau, commence à paraître à la Pléiade.

Le tome I, qui vient de sortir, couvre la vie de l'écrivain de 1830 à 1851 (1178 pages).

A propos de Flaubert la question peut aussi se poser de savoir· si l'auteur de Madame Bovarg songeait à donner ses lettres au public.

On peut tout de même en douter, pour la raison qu'il a toujours proclamé d'abord n'avoir jamais cherché à « intéresser le public avec (sa) personne ».

D'autre part, le style, le vocabulaire, le contenu de ces lettres, qui furent soigneusement expurgées dans les éditions an­ ciennes et dont tout n'est pas encore connu, font apparaître un Flaubert qui n'est pas pour toutes les mains.

Cet homme, si contenu dans ce qu'il écrivait pour ses lecteurs, semble avoir trouvé dans sa correspondance avec ses amis le plus sûr remède contre ses obsessions ou ses difficultés.

Il fait mieux que s'y confesser, il s'y exhibe avec une impudeur, une indécence qui donnent pa-rfois à rêver.

Tout ce qu'il dit de ses relations avec les femmes, qu'il s'agisse de Madame Schlésinger ou de Louise Colet, des prostituées surtout qu'il n'a jamais dédaignées, le montre sous un jour peut-être inattendu.

Sartre a pu, dans l'Idiot de la famille, où il uti­ lise beaucoup la correspondance de l'écrivain, en tirer de nombreux arguments correspondant à sa thèse sur cc qu'il appelle la « castration hystérique » du jeune Flaubert.

Pour le reste, on y voit aussi bien Flaubert à l'état nu, ne cachant rien de ses sentiments sur l'époque où il vit et sur la société qui la compose.

Il y a un peu du vieux grognon en lui.

Ainsi, ces propos éparpillés tout au long du premier vo­ lume : « Il pleut des mariages, il grêle des hyménées.

C'est un déluge de morale...

La robe jésuite a tout recouvert d'une teinte morne et séminariste.

Saint-Pierre m'emmerde ! ...

Le pu.

blic est si bête.

Qui lit ? que lit-on ? etc.

» L'écrivain a traversé une grave crise nerveuse qui l'a poussé à se mettre à l'écart de la réalité quotidienne du monde, d'où cette rancœur, cette volonté, par l'agressivité, de prendre ses distances : « Je suis bien depuis que j'ai consenti à être mal : ma maladie a servi de transition.

Il faut rompre avec l'extérieur ...

Le bonheur, s'il est quelque part, est dans la stagnation; mon pli est pris...

Pour vivre, non pas heureux (ce but est une illusion funeste), mais tranquille, il faut se créer en dehors de l'existence visible et commune à tous une autre existence interne et inaccessible ...

».

Ainsi, l'homme est-il comme en dehors du temps et en dehors de lui-même.

Etrange document et étrange monument que Flaubert s'est élevé à lui-même.

Colette à la Bibliothèque Nationale Le centenaire de Colette, née le 28 jan­ vier 1873, a été l'occasion de différentes mani­ festations commémoratives.

La dernière en date, qui s'est tenue durant l'été, a été présentée à la Bibliothèque nationale.

Une très précieuse documentation avait été rassemblée sur Clau­ dine et sur Willy : des manuscrits, des photos, des extraits de presse, mais aussi des objets ayant appartenu à l'écrivain.

Après la pénible expérience décisive pour le reste de son exis­ tence, qu'elle fit auprès de son premier mari et dans les années qui suivirent sa séparation, c'est une Colette heureuse, pleine de vie et de vivacité, telle qu'elle apparaît dans ses meil­ leurs livres qui est déçrite à travers les quel­ ques sept-cent cinquante documents témoins de son existence, rassemblés ici.

Une expo­ sition exemplaire; mais le personnage, avec sa vie si remplie et ses écrits, fournissait une riche matière.. »

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