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Renan, l'Avenir de la science

Publié le 23/04/2011

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« A mesure que l'humanité avance dans sa marche, le problème de sa destinée devient plus compliqué : car il faut combiner plus de données, balancer plus de motifs, concilier plus d'antinomies. L'humanité va ainsi, d'une main serrant dans les plis de sa robe les conquêtes du passé, de l'autre tenant l'épée pour des conquêtes nouvelles. « Autrefois, la question était bien simple : l'opinion la plus avancée, par cela seul qu'elle était la plus avancée, pouvait être jugée la meilleure. Il n'en est plus de la sorte. Sans doute il faut toujours prendre le plus court chemin, et je n'approuve nullement ceux qui soutiennent qu'il faut marcher, mais non courir. Il faut toujours faire le meilleur, et le faire le plus vite possible. Mais l'essentiel est de découvrir le meilleur, et ce n'est pas chose facile. Il y a à peine cinquante ans que l'humanité a aperçu le but qu'elle avait jusque-là poursuivi sans conscience. C'est un immense progrès, mais aussi un incontestable danger. Le voyageur qui ne regarde que l'horizon de la plaine risque de ne pas voir le précipice ou la fondrière qui est à ses pieds. De même l'humanité, en ne considérant que le but éloigné, est comme tentée d'y sauter, sans égard pour les obstacles intermédiaires, contre lesquels elle pourrait se briser. « Le plus remarquable caractère dés utopistes est de n'être pas historiques, de ne pas tenir compte de ce à quoi nous avons été amenés par les faits. En supposant que la société qu'ils rêvent fût possible, en supposant même qu'elle fût absolument la meilleure, ce ne serait pas encore la société véritable, celle qui a été créée par tous les antécédents de l'humanité. Le problème est donc plus compliqué qu'on ne pense ; la solution ne peut être obtenue que par le balancement de deux ordres de considérations : d'une part, le but à atteindre, de l'autre l'état actuel, le terrain qu'on foule aux pieds. Quand l'humanité se conduisait instinctivement, on pouvait se fier au génie divin qui la dirige ; mais on frémit en pensant aux redoutables alternatives qu'elle porte dans ses mains, depuis qu'elle est arrivée à l'âge de la conscience, et aux incalculables conséquences que pourrait avoir désormais une bévue, un caprice.

« En face de ces grands problèmes, les philosophes pensent et attendent ; parmi ceux qui ne sont pas philosophes les uns nient le problème et prétendent qu'il faut maintenir à tout prix l'état actuel, les autres s'imaginent y satisfaire par des solutions trop simples et trop apparentes. Inutile de dire qu'ils ont facilement raison les uns des autres : car les novateurs opposent aux conservateurs des misères évidentes, auxquelles il faut absolument un remède, et les conservateurs n'ont pas de peine à démontrer aux novateurs qu'avec leur système il n'y aurait plus de société. Or, mieux vaut une société défectueuse qu'une société nulle. « Renan, l'Avenir de la science (ouvrage écrit en 1848, paru en 1890). • Vous présenterez d'abord un résumé ou une analyse de ce texte (en précisant votre choix). Ensuite vous choisirez, dans le texte, un problème auquel vous attachez un intérêt particulier. Vous préciserez les données de ce problème, et vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.

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