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Sartre, Huis clos (extrait) - anthologie du théâtre.

Publié le 14/05/2013

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Sartre, Huis clos (extrait) - anthologie du théâtre. Avec Huis clos, Sartre pose la question des relations entre individus et de l'impossibilité d'y échapper, autrement dit lorsque « l'enfer, c'est les Autres «. L'action se déroule dans le salon d'une chambre d'hôtel, où sont tenus enfermés pour l'éternité deux femmes et un homme, tous trois réprouvés : Inès la perverse, Estelle l'infanticide et Garcin le déserteur. Ces trois personnages, condamnés à l'enfer, ne peuvent échapper au néant de la mort, et pourtant ils conservent la psychologie des vivants, entretenant des rapports de désir, de jalousie et de haine. Huis clos de Jean-Paul Sartre (scène 5) INÈS. -- Tu as rêvé trente ans que tu avais du coeur ; et tu te passais mille petites faiblesses parce que tout est permis aux héros. Comme c'était commode ! Et puis, à l'heure du danger, on t'a mis au pied du mur et... tu as pris le train pour Mexico. GARCIN. -- Je n'ai pas rêvé cet héroïsme. Je l'ai choisi. On est ce qu'on veut.&l...
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« Garcin, la foule, l’entends-tu ? (Murmurant.) Lâche ! Lâche ! Lâche ! Lâche ! En vain tu me fuis, je ne te lâcherai pas.

Que vas-tu chercher sur ses lèvres ? L’oubli ? Mais je ne t’oublierai pas, moi.

C’est moi qu’il faut convaincre.

Moi. Viens, viens ! Je t’attends.

Tu vois, Estelle, il desserre son étreinte, il est docile comme un chien… Tu ne l’auras pas ! INÈS .

— Eh bien, qu’attends-tu ? Fais ce qu’on te dit, Garcin le lâche tient dans ses bras Estelle l’infanticide.

Les paris sont ouverts.

Garcin le lâche l’embrassera-t-il ? Je vous vois, je vous vois ; à moi seule je suis une foule, la foule. Garcin, la foule, l’entends-tu ? (Murmurant.) Lâche ! Lâche ! Lâche ! Lâche ! En vain tu me fuis, je ne te lâcherai pas.

Que vas-tu chercher sur ses lèvres ? L’oubli ? Mais je ne t’oublierai pas, moi.

C’est moi qu’il faut convaincre.

Moi. Viens, viens ! Je t’attends.

Tu vois, Estelle, il desserre son étreinte, il est docile comme un chien… Tu ne l’auras pas ! GARCIN .

— Il ne fera donc jamais nuit ? INÈS .

— Jamais. GARCIN .

— Tu me verras toujours ? INÈS .

— Toujours. Garcin abandonne Estelle et fait quelques pas dans la pièce.

Il s’approche du bronze. GARCIN .

— Le bronze… (Il le caresse.) Eh bien, voici le moment.

Le bronze est là, je le contemple et je comprends que je suis en enfer.

Je vous dis que tout était prévu.

Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi.

Tous ces regards qui me mangent… (Il se retourne brusquement.) Ha ! vous n’êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses.

(Il rit.) Alors, c’est ça l’enfer.

Je n’aurais jamais cru… Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril… Ah ! quelle plaisanterie.

Pas besoin de gril : l’enfer, c’est les Autres. Source : Sartre (Jean-Paul), Huis clos, Paris, Gallimard, 1947. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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