Technologie et science

René Leclercq montre « l'incidence de la technologie « sur la science:

« L'expérience suppose en général un laboratoire et des instruments. Les perfectionnements apportés à ces deux moyens ont donc une répercussion sur le niveau de la science. Au début on a pu se contenter de moyens rudimentaires, mais, le progrès venant, le besoin de précision se faisant sentir, on a dû employer des moyens plus raffinés. Heureusement, la science vient au secours d'elle-même et par son étud:e de la matière permet la construction d'appareiLs qm assurent son progrès. Il y a développement en chaîne. C'est un processus fort général ...........................................

Pour illustrer l'apport de la technologie, nous choisirons deux matières et quelques appareils importants. L'une des matières les plus courantes au laboratoire est le verre. Imaginé dans l'antiquité, probablement en Mésopotamie, son développement est fonction de celui des produits qui interviennent dans sa composition. C'est ainsi que l'avènement de la soude Solvay, au milieu du xixe siècle, ne fut pas sans répercussion sur la pureté des verres fabriqués. Le souffiage du verre était connu depuis longtemps et se pratiquait couramment au xve siècle, mais il faut attendre le milieu du xixe siècle pour trouver la verrerie fine graduée. Le travail des métaux se perfectionne, lui, parallèlement au développement de l'industrie métallurgique et mécanique. Les mesures électriques font leur entrée au laboratoire au xixe siècle, mais on est encore loin de l'électronique. L'observation par le microscope, qui a été inaugurée par Leeuwenhoek (1632-1723), s'affine avec les biologistes du xvm' siècle, puis joue un rôle essentiel dans la naissance et le triomphe de la bactériologie pasteurienne. Les compteurs de temps, depuis les gnomons de Chaldée, ont fait de grands progrès au xviiie siècle. Graham et Harisson ont mis au point des régulateurs qui annulent pratiquement l'effet de la température. Le Roy, Berthoud, Arnold et Earnshaw perfectionnent ces procédés qui règnent jusqu'à l'invention de l'invar par Charles Edouard Guillaume vers 1895. La science n'est pas faite que de belles et bonnes pensées. EUe suppose aussi de bons instruments. )

(René Leclercq. Histoire et avenir de la méthode expérimentale. Masson et Cie, éditeur).