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THÉOPHILE GAUTIER (1811-1872). Ce que disent les hirondelles.

Publié le 20/06/2011

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Gautier se croit d'abord la vocation de peintre (et il ne se trompe que sur l'emploi des procédés); c'est comme rapin, élève de Rioult, qu'il prend part à a la bataille d'Hernani «, et qu'il scandalise les « philistins « avec son pourpoint rouge cerise, son pantalon vert d'eau, et son pardessus gris noisette. Il publie ses premiers vers à la fin de 183o. En 1837, il entre à la Presse pour y faire la critique dramatique. Il n'en continue pas moins de publier des vers, parallèlement avec des romans : la Comédie de la mort (1838), Émaux et Camées (1852), le Roman de la momie (1856), le Capitaine Fracasse (1863); et des voyages : Tra los montes (Voyage en Espagne) (1839), etc. Théophile Gautier pratique le premier la théorie de l'art pour l'art. Il réagit contre les perpétuelles effusions sentimentales (Lamartine), contre les désespoirs de l'amour déçu (Musset), contre les prétentions philosophiques ou politiques du poète (Vigny, Hugo). Selon Gautier, le poète est un homme qui voit le monde extérieur et qui en exprime, en vers plastiques et colorés, les aspects divers. Aussi Gautier est-il avant tout un grand artiste, qui peut-être, en plein romantisme, a sauvé notre 'langue et notre versification d'une sorte de diffusion verbale et rythmique. Son chef-d'oeuvre est Émaux et Camées.

Ce que disent les hirondelles (1882).

Chanson d'automne. Déjà plus d'une feuille sèche Parsème les gazons jaunis, f Soir et matin la bise est fraîche. hélas! les beaux jours sont finis! On voit s'ouvrir les fleurs que garde Le jardin, pour dernier trésor : Le dahlia met sa cocarde, Et le souci sa toque d'or. La pluie aux bassins fait des bulles; Les hirondelles sur le toit Tiennent des conciliabules : Voici l'hiver, voici le froid! Elles s'assemblent par centaines, Se concertent pour le départ. L'une dit : « Oh! que dans Athènes Il fait bon sur le vieux rempart! « Tous les ans, j'y vais et je niche Aux métopes du Parthénon, Mon nid bouche dans la corniche Le trou d'un boulet de canon. « L'autre : « J'ai ma petite chambre A Smyrne, au plafond d'un café. Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre Sur le seuil, d'un rayon chauffé. « J'entre et je sors, accoutumée Aux blondes vapeurs des chibouks, Et parmi des flots de fumée, Je rase turbans et turbouchs. « Celle-ci : « J'habite un triglyphe Au fronton d'un temple à Balbeck. Je m'y suspends avec ma griffe, Sur mes petits au large bec. « Celle-là : « Voici mon adresse : Rhodes, palais des chevaliers; Chaque hiver, ma tente s'y dresse Au chapiteau des noirs piliers. « La cinquième : « Je ferai halte, Car l'âge m'alourdit un peu, Aux blanches terrasses de Malte, Entre l'eau bleue et le ciel bleu. « La sixième : « Qu'on est à l'aise Au Caire, en haut des minarets! J'empâte un ornement de glaise, Et mes quartiers d'hiver sont prêts. « « A la seconde cataracte, Fait la dernière, j'ai mon nid; J'en ai noté la place exacte, Dans le pschent d'un roi de granit. « Toutes : « Demain, combien de lieues Auront filé sous notre essaim, Plaines brunes, pics blancs, mers bleues, Brodant d'écume leur bassin! « Avec cris et battements d'ailes, Sur la moulure aux bords étroits, Ainsi jasent les hirondelles, Voyant venir la rouille au bois. Je comprends tout ce qu'elles disent; Car le poète est un oiseau; Mais captif, ses élans se brisent Contre un invisible réseau ! Des ailes! des ailes! des ailes! Comme dans le chant de Ruckert, Pour voler là-bas avec elles, Au soleil d'or, au printemps vert.

(Émaux et Camées, Fasquelle, éd.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Une chanson d'automne, dans laquelle Théophile Gautier interprète les cris et les battements d'ailes des hirondelles sur le point de partir. — Quel est le caractère de cette pièce? L'auteur y exprime-t-il ses pensées, ses sentiments, ses émotions? (noter la différence avec Lamartine et Alfred de Musset); Cependant, ne laisse-t-il rien voir de son moi? (étude des deux dernières strophes); Que s'applique-t-il surtout à représenter? (le monde visible, ses aspects divers...) ; Quelles visions fait-il apparaître à nos yeux? Sont-elles précises ? exactes? Laissent-elles une impression nette dans notre esprit ? Dites en quoi consiste le charme particulier de cette pièce de vers.

II. — L'analyse du morceau. — Distinguez les différentes parties du morceau : a) Tableau de la nature, à l'automne; b) Assemblée des hirondelles : ce qu'elles disent; c) Réflexions du poète; son voeu; Quels sont les éléments du tableau de la nature, à l'automne? (la feuille sèche, les gazons jauni, etc...) Sont-ils bien choisis? Sont-ils caractéristiques ? Comment le poète interprète-t-il les cris et les battements d'ailes des hirondelles? De quoi fait-il preuve ainsi ? Quelle comparaison établit-il dans l'avant-dernière strophe? Montrez que cette comparaison est aussi juste que poétique; Quelles sont les aspirations du poète ?

III. — Le style ; — les expressions. - Quel danger courait le poète en faisant parler, successivement, un certain nombre d'hirondelles? Montrez qu'il a su éviter la monotonie (noter la variété des pronoms par lesquels il désigne les hirondelles qui parlent, — la variété des expressions, et surtout celles du début, — la variété des lieux dont le souvenir est évoqué); Faites remarquer la sobriété du style, la forme pure et élégante des vers; Indiquez deux images contenues dans la deuxième strophe; — ces images sont-elles exactes? Donnez la signification des mots conciliabules, — minaret.

IV. — La grammaire. — Quelle est la composition des verbes parsème, — alourdit ? Indiquez un adjectif de la même famille que chacun des noms suivants : automne, fleur, printemps; Distinguez les propositions contenues dans la deuxième strophe; Nature et fonction de chacun des mots qui suivent : que garde le jardin.

Rédaction. — Un tableau d'automne : le départ des hirondelles.   

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« Auront filé sous notre essaim,Plaines brunes, pics blancs, mers bleues,Brodant d'écume leur bassin! »Avec cris et battements d'ailes,Sur la moulure aux bords étroits,Ainsi jasent les hirondelles,Voyant venir la rouille au bois.Je comprends tout ce qu'elles disent;Car le poète est un oiseau;Mais captif, ses élans se brisentContre un invisible réseau !Des ailes! des ailes! des ailes!Comme dans le chant de Ruckert,Pour voler là-bas avec elles,Au soleil d'or, au printemps vert. (Émaux et Camées, Fasquelle, éd.) QUESTIONS D'EXAMEN I.

— L'ensemble.

— Une chanson d'automne, dans laquelle Théophile Gautier interprète les cris et les battementsd'ailes des hirondelles sur le point de partir.

— Quel est le caractère de cette pièce? L'auteur y exprime-t-il sespensées, ses sentiments, ses émotions? (noter la différence avec Lamartine et Alfred de Musset); Cependant, nelaisse-t-il rien voir de son moi? (étude des deux dernières strophes); Que s'applique-t-il surtout à représenter? (lemonde visible, ses aspects divers...) ; Quelles visions fait-il apparaître à nos yeux? Sont-elles précises ? exactes?Laissent-elles une impression nette dans notre esprit ? Dites en quoi consiste le charme particulier de cette pièce devers. II.

— L'analyse du morceau.

— Distinguez les différentes parties du morceau : a) Tableau de la nature, à l'automne;b) Assemblée des hirondelles : ce qu'elles disent; c) Réflexions du poète; son voeu; Quels sont les éléments dutableau de la nature, à l'automne? (la feuille sèche, les gazons jauni, etc...) Sont-ils bien choisis? Sont-ilscaractéristiques ? Comment le poète interprète-t-il les cris et les battements d'ailes des hirondelles? De quoi fait-ilpreuve ainsi ? Quelle comparaison établit-il dans l'avant-dernière strophe? Montrez que cette comparaison est aussijuste que poétique; Quelles sont les aspirations du poète ? III.

— Le style ; — les expressions.

- Quel danger courait le poète en faisant parler, successivement, un certainnombre d'hirondelles? Montrez qu'il a su éviter la monotonie (noter la variété des pronoms par lesquels il désigne leshirondelles qui parlent, — la variété des expressions, et surtout celles du début, — la variété des lieux dont lesouvenir est évoqué); Faites remarquer la sobriété du style, la forme pure et élégante des vers; Indiquez deuximages contenues dans la deuxième strophe; — ces images sont-elles exactes? Donnez la signification des motsconciliabules, — minaret. IV.

— La grammaire.

— Quelle est la composition des verbes parsème, — alourdit ? Indiquez un adjectif de la mêmefamille que chacun des noms suivants : automne, fleur, printemps; Distinguez les propositions contenues dans ladeuxième strophe; Nature et fonction de chacun des mots qui suivent : que garde le jardin. Rédaction.

— Un tableau d'automne : le départ des hirondelles.. »

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