Si Périclès est passé à la postérité comme la figure  emblématique de l’homme politique grec, c’est certainement parce que l’historien  Thucydide, son contemporain, a su apprécier lucidement sa position de « premier  des citoyens «, contrairement aux conservateurs qui ont caricaturé son attitude  hautaine par une figure tyrannique. Tirée de l’Histoire de la guerre du  Péloponnèse, cette apologie de la démocratie au cœur de la cité grecque  illustre bien l’ampleur et la claire intelligence du personnage politique.  N’a-t-il d’ailleurs pas fait d’Athènes un modèle de gouvernement et  d’organisation politique ?
Apologie de la démocratie par Périclès
 
Notre constitution politique n’a rien à envier aux lois  qui régissent nos voisins ; loin d’imiter les autres, nous donnons l’exemple à  suivre. Du fait que l’État, chez nous, est administré dans l’intérêt de la masse  et non d’une minorité, notre régime a pris le nom de démocratie. En ce qui  concerne les différends particuliers, l’égalité est assurée à tous par les  lois ; mais en ce qui concerne la participation à la vie publique, chacun  obtient la considération en raison de son mérite, et la classe à laquelle il  appartient importe moins que sa valeur personnelle ; enfin nul n’est gêné par la  pauvreté et par l’obscurité de sa condition sociale, s’il peut rendre des  services à la cité. La liberté est notre règle dans le gouvernement de la  république et, dans nos relations quotidiennes, la suspicion n’a aucune place ;  nous ne nous irritons pas contre le voisin, s’il agit à sa tête ; enfin nous  n’usons pas de ces humiliations qui, pour n’entraîner aucune perte matérielle,  n’en sont pas moins douloureuses par le spectacle qu’elles donnent. La  contrainte n’intervient pas dans nos relations particulières ; une crainte  salutaire nous retient de transgresser les lois de la république ; nous  obéissons toujours aux magistrats et aux lois et, parmi celles-ci, surtout à  celles qui assurent la défense des opprimés et qui, tout en n’étant pas  codifiées impriment à celui qui les viole un mépris universel.
 
 
En outre pour dissiper tant de fatigues, nous avons  ménagé à l’âme des délassements fort nombreux ; nous avons institué des jeux et  des fêtes qui se succèdent d’un bout de l’année à l’autre, de merveilleux  divertissements particuliers dont l’agrément journalier bannit la tristesse.  L’importance de la cité y fait affluer toutes les ressources de la terre et nous  jouissons aussi bien des productions de l’univers que de celles de notre  pays.
 
 
Source : Chevalier (E. J.), Bady (R.), l’Âme  grecque, Marguerat, 1947.
 
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