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Un bon petit diable Charles:--Et le lendemain, le mien sera affiché.

Publié le 11/04/2014

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Un bon petit diable Charles:--Et le lendemain, le mien sera affiché. Marianne:--Nous apprendrons alors ce que tu ne veux pas nous dire.» La journée se passa gaiement et dans les occupations accoutumées. Le soir, le juge vint faire sa visite, et, malgré ses efforts réunis à ceux de Marianne, il ne put rien tirer de Charles ni de Juliette. Il raconta que M. Turnip était furieux, mais plus contre sa fille qui avait exigé cette sotte condition du renvoi de Juliette, que contre Charles, qui disait-il, ne pouvait honorablement y consentir. «Et j'ai appris pendant cette scène que la demoiselle avait vingt-six ans. On m'avait dit vingt. Ils ont voulu revenir sur la condition, mais j'ai déclaré qu'il était trop tard; que Charles en avait été si indigné et si fâché, qu'il avait tout rompu; et je les ai laissés se disputant et la fille pleurant... Charles, mon ami, quand je serai ton cousin par ma femme, je ne pourrai t'aimer davantage et te vouloir plus de bien que je ne l'ai fait jusqu'à présent. Tu ne m'as pas nommé la femme que tu t'es choisie, mais, quelle qu'elle soit, ton choix doit être bon et tu dois avoir assuré ton bonheur; quant au sien, moi je le connais, je ne puis en douter.» Marianne proposa au juge une tasse de thé, qu'il accepta. Pendant qu'elle était allée la préparer à la cuisine, le juge s'approcha de Juliette, lui prit les mains, la baisa au front et lui dit d'un air mystérieux: «A quand la noce, ma petite soeur? Quand faut-il vous afficher? --Comment? Quoi? répondit Juliette surprise et rougissant. Charles, riant:--Ah! ah! Vous avez donc deviné, Monsieur le juge? Le juge, tendant la main à Charles:--Tout de suite, au premier mot. Et je ne conçois pas que Marianne n'ait pas eu la pensée que ta future ne pouvait être que Juliette. Et je vous fais à tous deux mon compliment bien sincère; bien fraternel, car je serai votre frère, une fois les deux mariages faits. Charles:--Vous ne trouvez donc pas que je fasse une folie en épousant ma bonne, ma chère Juliette? Le juge:--Folie! l'action la plus sensée, la meilleure de toute ta vie! Où trouveras-tu une femme qui vaille Juliette? Charles, serrant les mains du juge:--Cher Monsieur le juge! que je suis heureux! que vous me faites plaisir en me parlant ainsi! J'avais si peur qu'on ne blâmât ma pauvre Juliette de remettre le soin de son bonheur entre les mains d'un jeune fou comme moi! Juliette:--Charles, ne parle pas ainsi de toi-même. Parce que tu as été écervelé dans ton enfance, il n'en résulte pas que tu le sois encore. Trouve dans le pays un homme de ton âge qui mène la vie sage et pieuse que tu mènes, et qui voudrait épouser comme toi une femme aveugle et plus âgée que toi, par dévouement et par... Charles:--Et par l'affection la plus pure, la plus vive, je te le jure Juliette. Ma vie même te prouve combien cette tendresse est vraie et profonde. Le juge:--Chut, mes enfants; j'entends Marianne. Je serai discret, soyez tranquilles de ce côté.» Le juge continua à venir tous les soirs à la ferme jusqu'au jour de son mariage, qui se fit sans pompe et sans festin. Il n'y eut que les témoins nécessaires et un repas de famille, après lequel Marianne alla prendre possession de son nouvel appartement, où l'attendait une surprise préparée par Charles de connivence avec le juge: au milieu de la chambre, sur une jolie petite table, se trouvait placée une cassette dont le poids XXII. MARIANNE SE MARIE. TOUT LE MONDE SE MARIE 91 Un bon petit diable extraordinaire surprit Marianne; elle y trouva en l'ouvrant un papier sur lequel était écrit: «Présent de noce de Charles à sa soeur Marianne.» En enlevant le papier, elle aperçut vingt rouleaux de mille francs. Une lettre affectueuse accompagnait le présent; Charles lui demandait de l'aider à se débarrasser de son superflu, en acceptant vingt mille livres qu'il se permettait de lui offrir. «J'en ai donné cinquante mille à Juliette, ajouta-t-il; peut-être devinerez-vous maintenant l'énigme de mon mariage. Vous êtes et vous serez ma soeur plus que jamais; en m'acceptant pour frère, vous comblerez mes voeux et ceux de ma bien-aimée Juliette.» Dans sa surprise, Marianne laissa retomber la lettre. «Juliette!... Juliette!... C'est Juliette! s'écria-t-elle. Il faut que je l'apprenne à mon mari! Va-t-il être étonné! Le voici tout juste... Venez voir, mon ami, quelle découverte je viens de faire! La femme, de Charles, sera... Juliette! Eh bien, vous n'êtes pas surpris? Le juge, souriant:--Je l'avais deviné dès que vous m'avez parlé du mariage arrêté de Charles, ma chère amie! Qui pouvait-il aimer et épouser, sinon Juliette? la bonne, la douce, la charmante Juliette! Marianne:--Puisque vous approuvez ce mariage, je n'ai rien à en dire, mais je ne puis me faire à l'idée de voir Juliette mariée. Le juge:--Et demain, quand vous les verrez, Marianne, soyez bonne et affectueuse pour eux; depuis quelque temps vous n'êtes plus pour Juliette la soeur tendre et dévouée que vous étiez jadis. Et, quant à Charles, vous étiez tout à fait en froid avec lui. Marianne:--C'est vrai! Je leur en voulais de s'obstiner à ne pas se quitter, et de retarder ainsi mon union avec vous. Charles rejetait tous les partis que je lui offrais, et Juliette refusait de venir demeurer avec moi chez vous. Le juge:--Mais nous voici enfin mariés, chère Marianne, et vous n'avez plus de raison de leur en vouloir. Marianne, souriant:--Aussi suis-je toute disposée à obéir à votre première injonction, et à leur témoigner toute ma satisfaction. Nous irons les voir demain de bonne heure, n'est-ce pas? Le juge:--A l'heure que vous voudrez, chère amie, je suis à vos ordres.» XXIII. CHACUN EST CASÉ SELON SES MÉRITES Effectivement, le lendemain à neuf heures, Marianne et son mari arrivaient chez Charles et Juliette au moment où ces derniers rentraient de la messe et commençaient leur déjeuner. Marianne courut embrasser Juliette, qui la serra tendrement dans ses bras. Juliette:--Tu sais tout maintenant, Marianne. Tu comprends l'obstination de Charles à ne pas vouloir se marier, et la mienne de ne pas vouloir m'en séparer. Charles craignait ton opposition, et moi, je songeais si peu à la possibilité de me marier et d'être la femme de Charles, que je n'avais d'autre pensée que de rester près de lui, n'importe à quelles conditions. Marianne:--Je comprends et j'approuve tout, ma bonne Juliette. Quel dommage que Charles ne m'en ait pas parlé plus tôt! XXIII. CHACUN EST CASÉ SELON SES MÉRITES 92

« extraordinaire surprit Marianne; elle y trouva en l'ouvrant un papier sur lequel était écrit: «Présent de noce de Charles à sa soeur Marianne.» En enlevant le papier, elle aperçut vingt rouleaux de mille francs.

Une lettre affectueuse accompagnait le présent; Charles lui demandait de l'aider à se débarrasser de son superflu, en acceptant vingt mille livres qu'il se permettait de lui offrir. «J'en ai donné cinquante mille à Juliette, ajouta-t-il; peut-être devinerez-vous maintenant l'énigme de mon mariage.

Vous êtes et vous serez ma soeur plus que jamais; en m'acceptant pour frère, vous comblerez mes voeux et ceux de ma bien-aimée Juliette.» Dans sa surprise, Marianne laissa retomber la lettre. «Juliette!...

Juliette!...

C'est Juliette! s'écria-t-elle.

Il faut que je l'apprenne à mon mari! Va-t-il être étonné! Le voici tout juste...

Venez voir, mon ami, quelle découverte je viens de faire! La femme, de Charles, sera... Juliette! Eh bien, vous n'êtes pas surpris? Le juge, souriant:—Je l'avais deviné dès que vous m'avez parlé du mariage arrêté de Charles, ma chère amie! Qui pouvait-il aimer et épouser, sinon Juliette? la bonne, la douce, la charmante Juliette! Marianne:—Puisque vous approuvez ce mariage, je n'ai rien à en dire, mais je ne puis me faire à l'idée de voir Juliette mariée. Le juge:—Et demain, quand vous les verrez, Marianne, soyez bonne et affectueuse pour eux; depuis quelque temps vous n'êtes plus pour Juliette la soeur tendre et dévouée que vous étiez jadis.

Et, quant à Charles, vous étiez tout à fait en froid avec lui. Marianne:—C'est vrai! Je leur en voulais de s'obstiner à ne pas se quitter, et de retarder ainsi mon union avec vous.

Charles rejetait tous les partis que je lui offrais, et Juliette refusait de venir demeurer avec moi chez vous. Le juge:—Mais nous voici enfin mariés, chère Marianne, et vous n'avez plus de raison de leur en vouloir. Marianne, souriant:—Aussi suis-je toute disposée à obéir à votre première injonction, et à leur témoigner toute ma satisfaction.

Nous irons les voir demain de bonne heure, n'est-ce pas? Le juge:—A l'heure que vous voudrez, chère amie, je suis à vos ordres.» XXIII.

CHACUN EST CASÉ SELON SES MÉRITES Effectivement, le lendemain à neuf heures, Marianne et son mari arrivaient chez Charles et Juliette au moment où ces derniers rentraient de la messe et commençaient leur déjeuner.

Marianne courut embrasser Juliette, qui la serra tendrement dans ses bras. Juliette:—Tu sais tout maintenant, Marianne.

Tu comprends l'obstination de Charles à ne pas vouloir se marier, et la mienne de ne pas vouloir m'en séparer.

Charles craignait ton opposition, et moi, je songeais si peu à la possibilité de me marier et d'être la femme de Charles, que je n'avais d'autre pensée que de rester près de lui, n'importe à quelles conditions.

Marianne:—Je comprends et j'approuve tout, ma bonne Juliette.

Quel dommage que Charles ne m'en ait pas parlé plus tôt! Un bon petit diable XXIII.

CHACUN EST CASÉ SELON SES MÉRITES 92. »

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