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Un bon petit diable Charles regarda Betty, qui lui fit signe de rester tranquille.

Publié le 11/04/2014

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Un bon petit diable Charles regarda Betty, qui lui fit signe de rester tranquille. Jusqu'à la fin du dîner, Mme Mac'Miche continua ses observations malveillantes et méchantes, comme c'était son habitude. Quand elle eut fini son café, elle appela Charles pour lui faire encore la lecture pendant une ou deux heures. Forcé d'obéir, il la suivit dans sa chambre, s'assit tristement et commença à lire. Au bout de dix minutes il entendit ronfler: il leva les yeux. Bonheur! la cousine dormait! Charles n'avait garde de laisser échapper une si belle occasion; il posa son livre, se leva doucement, vida le reste du café dans la tabatière de sa cousine, cacha son livre dans la boîte à thé, son ouvrage dans le foyer de la cheminée, et s'esquiva lestement sans l'avoir éveillée. Il alla rejoindre Betty, qui lui donna un supplément de dîner. Betty:--Ne va pas faire comme tantôt et disparaître quand ta cousine te demandera. Elle se doute de quelque chose, va; nous ne réussirons pas une autre fois. Cette clef que j'avais si adroitement posée sur son ouvrage! Ton visage enfariné, tes convulsions, les miennes; tout ça n'est pas clair pour elle. Charles:--Je me suis pourtant trouvé bien à propos pour rentrer à temps dans ma prison! Charles:--C'est égal, c'est trop fort! Elle croit bien aux fées, mais pas à ce point. Sois prudent, crois-moi.» Charles sortit, mais au lieu de rentrer chez sa cousine, il ouvrit comme le matin la porte du jardin et courut chez Juliette. Voilà trois fois qu'il y va; nous allons le suivre et savoir ce que c'est que Juliette. II. L'AVEUGLE «Comment, te voilà encore, Charles? dit Juliette en entendant ouvrir la porte. Charles:--Comment as-tu deviné que c'était moi? Juliette:--Par la manière dont tu as ouvert; chacun ouvre différemment, c'est bien facile à reconnaître. Charles:--Pour toi, qui es aveugle et qui as l'oreille si fine; moi, je ne vois aucune différence; il me semble que la porte fait le même bruit pour tous. Juliette:--Qu'as-tu donc, pauvre Charles? Encore quelque démêlé avec ta cousine? Je le devine au son de ta voix. Charles:--Eh! mon Dieu oui! Cette méchante, abominable femme me rend méchant moi-même. C'est vrai, Juliette: avec toi, je suis bon et je n'ai jamais envie de te jouer un tour ou de me fâcher; avec ma cousine, je me sens mauvais et toujours prêt à m'emporter. Juliette:--C'est parce qu'elle n'est pas bonne, et que toi, tu n'as ni patience ni courage. Charles:--C'est facile à dire, patience; je voudrais bien t'y voir; toi qui es un ange de douceur et de bonté, tu te mettrais en fureur.» Juliette sourit. «J'espère que non, dit-elle. Charles:--Tu crois ça. Écoute ce qui m'arrive aujourd'hui depuis la première fois que je t'ai quittée; à ma seconde visite, je ne t'ai rien dit parce que j'avais peur que tu ne me fisses rentrer chez moi tout de suite; à présent j'ai le temps, puisque ma cousine dort, et tu vas tout savoir.» II. L'AVEUGLE 7 Un bon petit diable Charles raconta fidèlement ce qui s'était passé entre lui, sa cousine et Betty. «Comment veux-tu que je supporte ces reproches et ces injustices avec la patience d'un agneau qu'on égorge? Je ne t'en demande pas tant, dit Juliette en souriant; il y a trop loin de toi à l'agneau; mais, Charles, écoute-moi. Ta cousine n'est pas bonne, je le sais et je l'avoue; mais c'est une raison de plus pour la ménager et chercher à ne pas l'irriter. Pourquoi es-tu inexact, quand tu sais que cinq minutes de retard la mettent en colère? Charles:--Mais c'est pour rester quelques minutes de plus avec toi, pauvre Juliette; il n'y avait personne chez toi quand je t'ai ramenée. Juliette:--Je te remercie, mon bon Charles; je sais que tu m'aimes, que tu es bon et soigneux pour moi; mais pourquoi ne l'es-tu pas un peu pour ta cousine? Charles:--Pourquoi? Parce que je t'aime et que je la déteste; parce que, chaque fois qu'elle se fâche et me punit injustement, je veux me venger et la faire enrager. --Charles, Charles! dit Juliette d'un ton de reproche. Charles:--Oui, oui, c'est comme ça; elle a reçu des coups dans la poitrine, au visage; j'ai fait cacher par Betty (qui la déteste aussi) ses vilaines dents dans sa soupe; je lui ai arraché et déchiré sa perruque; et quand elle va s'éveiller, elle va trouver sa tabatière pleine de café, son livre et son ouvrage disparus; elle sera furieuse, et je serai enchanté, et je serai vengé! Juliette:--Vois comme tu t'emportes! Tu tapes du pied, tu tapes les meubles, tu cries, tu es en colère, enfin; tu fais juste comme ta cousine, et tu dois avoir l'air méchant comme elle. --Comme ma cousine! dit Charles en se calmant; je ne veux rien faire comme elle, ni lui ressembler en rien. Juliette:--Alors sois bon et doux. Charles:--Je ne peux pas; je te dis que je ne peux pas. Juliette:--Oui, je vois que tu n'as pas de courage. Charles:--Pas de courage! Mais j'en ai plus que personne, pour avoir supporté ma cousine depuis trois ans! Juliette:--Tu la supportes en la faisant enrager sans cesse; et tu es de plus en plus malheureux, ce qui me fait de la peine, beaucoup de peine. Charles:--Oh! Juliette, pardonne-moi! Je suis désolé, mais je ne peux pas faire autrement. Juliette:--Essaye; tu n'as jamais essayé! Fais-le pour moi, puisque tu ne veux pas le faire pour le bon Dieu. Veux-tu? Me le promets-tu? --Je le veux bien, dit Charles avec quelque hésitation, mais je ne te le promets pas. Juliette:--Pourquoi, puisque tu le veux? II. L'AVEUGLE 8

« Charles raconta fidèlement ce qui s'était passé entre lui, sa cousine et Betty. «Comment veux-tu que je supporte ces reproches et ces injustices avec la patience d'un agneau qu'on égorge? Je ne t'en demande pas tant, dit Juliette en souriant; il y a trop loin de toi à l'agneau; mais, Charles, écoute-moi.

Ta cousine n'est pas bonne, je le sais et je l'avoue; mais c'est une raison de plus pour la ménager et chercher à ne pas l'irriter.

Pourquoi es-tu inexact, quand tu sais que cinq minutes de retard la mettent en colère? Charles:—Mais c'est pour rester quelques minutes de plus avec toi, pauvre Juliette; il n'y avait personne chez toi quand je t'ai ramenée. Juliette:—Je te remercie, mon bon Charles; je sais que tu m'aimes, que tu es bon et soigneux pour moi; mais pourquoi ne l'es-tu pas un peu pour ta cousine? Charles:—Pourquoi? Parce que je t'aime et que je la déteste; parce que, chaque fois qu'elle se fâche et me punit injustement, je veux me venger et la faire enrager. —Charles, Charles! dit Juliette d'un ton de reproche. Charles:—Oui, oui, c'est comme ça; elle a reçu des coups dans la poitrine, au visage; j'ai fait cacher par Betty (qui la déteste aussi) ses vilaines dents dans sa soupe; je lui ai arraché et déchiré sa perruque; et quand elle va s'éveiller, elle va trouver sa tabatière pleine de café, son livre et son ouvrage disparus; elle sera furieuse, et je serai enchanté, et je serai vengé! Juliette:—Vois comme tu t'emportes! Tu tapes du pied, tu tapes les meubles, tu cries, tu es en colère, enfin; tu fais juste comme ta cousine, et tu dois avoir l'air méchant comme elle. —Comme ma cousine! dit Charles en se calmant; je ne veux rien faire comme elle, ni lui ressembler en rien. Juliette:—Alors sois bon et doux. Charles:—Je ne peux pas; je te dis que je ne peux pas. Juliette:—Oui, je vois que tu n'as pas de courage. Charles:—Pas de courage! Mais j'en ai plus que personne, pour avoir supporté ma cousine depuis trois ans! Juliette:—Tu la supportes en la faisant enrager sans cesse; et tu es de plus en plus malheureux, ce qui me fait de la peine, beaucoup de peine. Charles:—Oh! Juliette, pardonne-moi! Je suis désolé, mais je ne peux pas faire autrement. Juliette:—Essaye; tu n'as jamais essayé! Fais-le pour moi, puisque tu ne veux pas le faire pour le bon Dieu. Veux-tu? Me le promets-tu? —Je le veux bien, dit Charles avec quelque hésitation, mais je ne te le promets pas. Juliette:—Pourquoi, puisque tu le veux? Un bon petit diable II.

L'AVEUGLE 8. »

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