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Un bon petit diable Charles:--J'étais si jeune, Marianne, que vous m'auriez traité de fou; c'est à peine si ces jours derniers j'ai osé m'en ouvrir à Juliette.

Publié le 11/04/2014

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fou
Un bon petit diable Charles:--J'étais si jeune, Marianne, que vous m'auriez traité de fou; c'est à peine si ces jours derniers j'ai osé m'en ouvrir à Juliette. Marianne:--A mon tour à demander: A quand la noce? Charles:--Le plus tôt sera le mieux. Si Monsieur le juge veut bien tout arranger, nous pourrons être mariés dans huit ou dix jours. Le juge:--C'est arrangé de ce matin, Charles. Et dans huit jours tu peux te marier, à moins que Juliette ne dise non. Juliette:--Ce ne sera pas de moi que viendra l'opposition, mon frère. Charles:--Voulez-vous prendre votre café avec nous?... Je ne sais comment vous appeler, moi! Ce n'est pas la peine de vous baptiser de cousin, puisque dans huit jours vous serez mon frère. Comment voulez-vous que je dise? Le juge:--Dis mon frère tout de suite, parbleu! Je le suis de coeur depuis longtemps, et je vais l'être dans huit jours de par la loi.» Charles serra la main de son frère futur et alla chercher à la cuisine un supplément de café, de lait et de pain. Ils déjeunèrent tous gaiement, car tous étaient heureux. Quand il fut dix heures, le juge et sa femme embrassèrent les jeunes futurs et retournèrent chez eux. Le juge attendait M. Turnip, qui lui avait demandé la veille une audience pour le lendemain à dix heures et demie. «Que diantre a-t-il à me dire? dit-il à Marianne. Je lui ai nettement signifié de ne plus compter sur Charles; il ne va pas me le redemander, je suppose. Marianne:--Non, c'est sans doute pour quelque travail aux frais des habitants. Le juge:--Je n'en connais aucun; il ne s'en fait pas sans que je le sache et que je l'ordonne.» Quoi qu'il en fût, M. Turnip arriva. Quand il se trouva en face du juge, il parut si embarrassé, si gêné, que le juge, fort surpris d'abord, le prit en pitié. «Qu'y a-t-il, mon bon monsieur Turnip? Vous ferais-je peur par hasard? M. Turnip:--C'est que j'ai à vous faire une demande si singulière, que je ne sais comment m'y prendre. Le juge:--Allons, courage! Dites vite, c'est le meilleur moyen. M. Turnip, avec résolution:--Eh bien, voilà! Charles plaît à ma fille; Mlle Juliette lui fait peur. Ma fille a demandé qu'on séparât Juliette de Charles; ce dernier n'a pas voulu, et je comprends; on ne savait où la mettre convenablement. Je viens trancher la difficulté; je vous la demande en mariage, et je vous promets de la rendre heureuse; de cette façon, Lucy n'en sera plus jalouse, et Charles aura toute sa liberté.» Le juge avait écouté avec une surprise toujours croissante. Quand M. Turnip eut fini son discours, le juge ne put retenir un éclat de rire qui déconcerta plus encore le père dévoué. XXIII. CHACUN EST CASÉ SELON SES MÉRITES 93 Un bon petit diable Le juge, souriant:--Mon cher Monsieur, votre moyen n'est pas praticable, par la raison que Juliette est fiancée et doit se marier dans neuf jours. M. Turnip:--Parfait! parfait! Tout est arrangé alors! Du moment que Juliette disparaît, ma fille consent. Le juge:--Très bien! Mais il y a une autre difficulté: c'est que Charles. aussi va se marier dans neuf jours, et qu'il épouse tout juste Juliette.» Ce fut au tour de M. Turnip d'être ébahi. Troublé, ému, honteux, il balbutia quelques excuses et sortit. Son entrevue avec sa fille dut être fort orageuse, à en juger par les éclats de voix qui se firent entendre jusque dans la rue. Mais, quelques jours après, le bruit se répandait que Mlle Lucy Turnip épousait M. Old Nick junior, fondateur d'un nouveau système d'enseignement, et nouvellement établi dans le pays. Son extérieur élégant avait enlevé le coeur de Mlle Lucy: il se donnait pour un homme riche, vivant de ses rentes. Mlle Lucy déclara à son père qu'étant majeure et maîtresse de disposer de sa main, elle choisissait pour époux M. Old Nick junior. Le père lutta, disputa, raisonna, supplia: rien n'y fit. Lucy Turnip devint Lucy Old Nick quinze jours après que Juliette Daikins fut devenue Juliette Mac'Lance. On découvrit qu'Old Nick n'avait aucune fortune; le père Turnip prit le jeune couple chez lui, et Old Nick fut employé à faire des plans et à surveiller les travaux de son beau-père. Un jour il rencontra Charles; celui-ci le reconnut de suite et s'approcha de lui. «Eh bien, Monsieur Old Nick, qu'avez-vous fait de votre vieux frère et du sonneur sourd? lui demanda-t-il. Old Nick, effrayé:--Qui êtes-vous, Monsieur? De grâce, ne me perdez pas, ne me parlez pas de ce triste passé. Charles:--Je suis Charles Mac'Lance, le même qui vous a fait enrager pendant quelques jours dans Fairy's Hall. Old Nick:--Monsieur, je vous en supplie... Charles:--Soyez donc tranquille; je ne suis pas méchant, je ne vous trahirai pas.» Et Charles lui tourna le dos. Avant le grand événement du mariage de Mlle Lucy Turnip, femme Old Nick, eut lieu celui de Charles. C'était lui qui avait tout préparé, tout arrangé pour cet heureux jour. Juliette ne pouvait l'aider que de ses conseils; malgré ce surcroît d'occupations, Charles trouva le temps de mener Juliette à la messe et à la promenade avec sa régularité accoutumée, et de ne rien changer aux habitudes de Juliette. La veille de leur mariage ils firent leurs dévotions ensemble, comme toujours, puis ils arrangèrent la chambre de Juliette, qui resta la même, mais que Charles orna de meubles et de rideaux frais. Marianne n'occupant plus la chambre près de celle de Juliette, Charles s'y transporta pour être plus à sa portée si elle avait besoin de quelque chose. Cette journée se passa paisiblement. Le lendemain, le mariage devait avoir lieu à neuf heures, comme pour Marianne, et les témoins seuls y devaient assister. Charles voulut que Donald lui servît de témoin avec M. Blackday, ce qui combla de joie et d'honneur Betty et Donald lui-même; le juge et le médecin furent les témoins de Juliette; Marianne arriva de bonne heure pour faire la toilette de la mariée. Le temps était superbe; la messe et la cérémonie furent terminées à dix heures. Charles prit le bras de sa femme, et chacun rentra chez soi. Seulement, Marianne, son mari et les témoins devaient revenir dîner à la ferme. Betty se distingua; le repas fut excellent quoique modeste. L'après-midi se passa joyeusement; on s'amusa à appeler Juliette madame, et, pour la distinguer de sa soeur, on appela Marianne la vieille madame. Le soir, après la promenade, Charles et Juliette reconduisirent chez eux M. le juge de paix et Mme la juge de paix, et rentrèrent à la ferme en faisant un détour par les champs. Betty servit un petit souper plus soigné que de coutume, et XXIII. CHACUN EST CASÉ SELON SES MÉRITES 94
fou

« Le juge, souriant:—Mon cher Monsieur, votre moyen n'est pas praticable, par la raison que Juliette est fiancée et doit se marier dans neuf jours. M.

Turnip:—Parfait! parfait! Tout est arrangé alors! Du moment que Juliette disparaît, ma fille consent. Le juge:—Très bien! Mais il y a une autre difficulté: c'est que Charles.

aussi va se marier dans neuf jours, et qu'il épouse tout juste Juliette.» Ce fut au tour de M.

Turnip d'être ébahi.

Troublé, ému, honteux, il balbutia quelques excuses et sortit.

Son entrevue avec sa fille dut être fort orageuse, à en juger par les éclats de voix qui se firent entendre jusque dans la rue.

Mais, quelques jours après, le bruit se répandait que Mlle Lucy Turnip épousait M.

Old Nick junior, fondateur d'un nouveau système d'enseignement, et nouvellement établi dans le pays.

Son extérieur élégant avait enlevé le coeur de Mlle Lucy: il se donnait pour un homme riche, vivant de ses rentes.

Mlle Lucy déclara à son père qu'étant majeure et maîtresse de disposer de sa main, elle choisissait pour époux M.

Old Nick junior.

Le père lutta, disputa, raisonna, supplia: rien n'y fit.

Lucy Turnip devint Lucy Old Nick quinze jours après que Juliette Daikins fut devenue Juliette Mac'Lance.

On découvrit qu'Old Nick n'avait aucune fortune; le père Turnip prit le jeune couple chez lui, et Old Nick fut employé à faire des plans et à surveiller les travaux de son beau-père.

Un jour il rencontra Charles; celui-ci le reconnut de suite et s'approcha de lui. «Eh bien, Monsieur Old Nick, qu'avez-vous fait de votre vieux frère et du sonneur sourd? lui demanda-t-il. Old Nick, effrayé:—Qui êtes-vous, Monsieur? De grâce, ne me perdez pas, ne me parlez pas de ce triste passé. Charles:—Je suis Charles Mac'Lance, le même qui vous a fait enrager pendant quelques jours dans Fairy's Hall. Old Nick:—Monsieur, je vous en supplie... Charles:—Soyez donc tranquille; je ne suis pas méchant, je ne vous trahirai pas.» Et Charles lui tourna le dos. Avant le grand événement du mariage de Mlle Lucy Turnip, femme Old Nick, eut lieu celui de Charles. C'était lui qui avait tout préparé, tout arrangé pour cet heureux jour.

Juliette ne pouvait l'aider que de ses conseils; malgré ce surcroît d'occupations, Charles trouva le temps de mener Juliette à la messe et à la promenade avec sa régularité accoutumée, et de ne rien changer aux habitudes de Juliette.

La veille de leur mariage ils firent leurs dévotions ensemble, comme toujours, puis ils arrangèrent la chambre de Juliette, qui resta la même, mais que Charles orna de meubles et de rideaux frais.

Marianne n'occupant plus la chambre près de celle de Juliette, Charles s'y transporta pour être plus à sa portée si elle avait besoin de quelque chose. Cette journée se passa paisiblement.

Le lendemain, le mariage devait avoir lieu à neuf heures, comme pour Marianne, et les témoins seuls y devaient assister.

Charles voulut que Donald lui servît de témoin avec M. Blackday, ce qui combla de joie et d'honneur Betty et Donald lui-même; le juge et le médecin furent les témoins de Juliette; Marianne arriva de bonne heure pour faire la toilette de la mariée.

Le temps était superbe; la messe et la cérémonie furent terminées à dix heures.

Charles prit le bras de sa femme, et chacun rentra chez soi.

Seulement, Marianne, son mari et les témoins devaient revenir dîner à la ferme.

Betty se distingua; le repas fut excellent quoique modeste.

L'après-midi se passa joyeusement; on s'amusa à appeler Juliette madame, et, pour la distinguer de sa soeur, on appela Marianne la vieille madame.

Le soir, après la promenade, Charles et Juliette reconduisirent chez eux M.

le juge de paix et Mme la juge de paix, et rentrèrent à la ferme en faisant un détour par les champs.

Betty servit un petit souper plus soigné que de coutume, et Un bon petit diable XXIII.

CHACUN EST CASÉ SELON SES MÉRITES 94. »

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