Unité par la connaissance...
Publié le 27/08/2011
Extrait du document
De même que l'histoire de l'évolution de l'embryon humain dans le ventre de sa mère ne représente qu'une répétition en raccourci de l'histoire de millions d'années d'évolution physique de nos ancêtres animaux, de même l'évolution intellectuelle de l'enfant est une répétition, seulement plus ramassée encore, de l'évolution intellectuelle de ces ancêtres, du moins des derniers. Cependant l'ensemble de l'action méthodique de tous les animaux n'a pas réussi à marquer la terre du sceau de leur volonté. Pour cela il fallait l'homme.
Bref, l'animal utilise seulement la nature extérieure et provoque en elle des modifications par sa seule présence par les changements qu'il y apporte, l'homme l'amène à servir à ses fins, il la domine. Et c'est en cela que consiste la dernière différence essentielle entre l'homme et le reste des animaux, et cette différence, c'est encore une fois au travail que l'homme la doit.
Cependant ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de chacunes d'elles. Chaque victoire a certes en premier lieu les conséquences que nous avons escomptées, mais, en second et en troisième lieu, elle a des effets tout différents, imprévus, qui ne détruisent que trop souvent ces premières conséquences. Les gens qui, en Mésopotamie, en Grèce, en Asie Mineure et autres lieux essartaient les forêts pour gagner de la terre arable, étaient loin de s'attendre à jeter par là les bases de l'actuelle désolation de ces pays. en détruisant avec les forêts les centres d'accumulation et de conservation de l'humidité. (...) Et ainsi les faits nous rappellent ii chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu'un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau ,que nous sommes dans son sein et que toute notre domination sur elle réside dans l'avantage que nous avons sur l'ensemble des autres créatures de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement.
Et, en fait. nous apprenons chaque jour à comprendre plus correctement ces lois et à connaître les conséquences plus ou moins lointaines de nos Interventions dans le cours normal des choses de la nature. Surtout depuis les énormes progrès de la science de la nature au cours de ce siècle, nous sommes de plus en plus à même de connaître aussi les conséquences naturelles lointaines, tout au moins de nos actions les plus courantes dans le domaine de la production, et, par suite, d'apprendre à les maîtriser. Mais plus il en sera ainsi, plus les hommes non seulement sentiront, mais sauront à nouveau qu'ils ne font qu'un avec la nature et plus deviendra impossible cette Idée absurde et contre nature d'une opposition entre l'esprit et la matière, l'homme et la nature, l'âme et le corps, idée qui s'est répandue en Europe depuis le déclin de l'antiquité classique et qui a connu avec le christianisme son développement le plus élevé.
ENGELS - Dialectique de la nature (écrit entre 1873 et 1895, publié en 1925).
...Dans le respect de la science et de la nature...
Si le rôle moral et social de la Science pure, de la Science fondamentale, est en général reconnu, c'est sur les applications que se porte la critique, et la Science est considérée comme morale ou immorale suivant que l'usage qui en est fait est bienfaisant ou destructeur.
En réalité, il serait plus convenable de faire porter ce jugement non sur la Science, mais sur les hommes qui l'appliquent et l'utilisent. Ceux-ci ne sont pas en général des scientifiques.
Dans le domaine même de la guerre, l'étude systématique des alliages a permis de découvrir des aciers nouveaux qui, sous forme de blindages, protègent les combattants, et sous forme de canons plus puissants contribuent à les détruire.
La bombe atomique elle-même, dont vous connaissez tous les terrifiants effets sur Hiroshima et sur Nagasaki, est l'aboutissement d'une longue série de recherches qui doivent également conduire à des applications pacifiques dans le domaine des sources (l'énergie et de la nouvelle chimie des radio-éléments.
Suffirait-il donc, comme il a été suggéré, de fermer les laboratoires, de supprimer les moyens de travail aux savants à défaut de les pendre, et de se contenter d'exploiter les connaissances acquises jugées largement suffisantes ?
La nature se chargerait, tôt ou tard, de nous faire mesurer cruellement l'erreur d'une telle attitude. Il est certain que nous serions en proie à des difficultés plus tragiques encore si la Science n'avait pas progressé.
Mais, nous tournant vers l'avenir, nous savons, par exemple, que les ressources connues d'énergie sur la terre s'épuisent rapidement. Il est important d'y songer et de poursuivre les recherches qui en feront jaillir de nouvelles.
Une bacterie peut, demain, s'attaquer à l'espèce humaine et tenter de la détruire, comme d'autres espèces qui ont déjà disparu. Il existe une espèce d'herbe, le zooster, qui, en deux ans, a presque complètement disparu de toutes les côtes du globe. Cet accident qui a frappé une herbe peut, demain, s'abattre sur l'homme.
Pour pouvoir combattre efficacement ces fléaux éventuels, il nous faut accumuler une réserve considérable de résultats scientifiques.
Non seulement il serait fou de vouloir de nouveau enchaîner Prométhée, mais il nous faut, au contraire, appliquer l'esprit scientifique pour trouver des solutions aux difficiles problèmes de notre existence présente.
Frédéric JOLIOT : Conférence 1946.
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