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Villiers de L'ISLE-ADAM : Contes cruels

Publié le 18/07/2012

Extrait du document

Voici l'heure de l'isolement: les bruits du travail se sont tus

dans le faubourg: mes pas m'ont conduit jusqu'ici, au hasard.

Cette bâtisse fut, autrefois, une vieille abbaye. Un rayon de

lune fait voir l'escalier de pierre, derrière la grille, et illumine

à demi les vieux saints sculptés qui ont fait des miracles et

qui, sans doute, ont frappé contre ces dalles leurs humbles

fronts éclairés par la prière. Ici les pas des chevaliers de Bretagne

ont résonné autrefois, alors que l'Anglais tenait encore

nos cités angevines. -À présent, des jalousies vertes et gaies

rajeunissent les sombres pierres des croisées et des murs.

L'abbaye est devenue une pension de jeunes filles. Le jour,

elles doiyent y gazouiller comme des oiseaux dans les ruines.

Parmi celles qui sont endormies, il est plus d'une enfant qui,

aux premières vacances de Pâques, éveillera dans le coeur

d'un jeune adolescent la grande impression sacrée et peut-être

que déjà ... - Chut! on a parlé! Une voix très douce vient

d'appeler (tout bas)

« Voici l'heure de l'isolement: les bruits du travail se sont tus dans le faubourg: mes pas m'ont conduit jusqu'ici, au hasard.

Cette bâtisse fut, autrefois, une vieille abbaye.

Un rayon de lune fait voir l'escalier de pierre, derrière la grille, et illumine à demi les vieux saints sculptés qui ont fait des miracles et qui, sans doute, ont frappé contre ces dalles leurs humbles fronts éclairés par la prière.

Ici les pas des chevaliers de Bre­ tagne ont résonné autrefois, alors que l'Anglais tenait encore nos cités angevines.

-À présent, des jalousies vertes et gaies rajeunissent les sombres pierres des croisées et des murs.

L'abbaye est devenue une pension de jeunes filles.

Le jour, elles doiyent y gazouiller comme des oiseaux dans les ruines.

Parmi celles qui sont endormies, il est plus d'une enfant qui, aux premières vacances de Pâques, éveillera dans le cœur d'un jeune adolescent la grande impression sacrée et peut-être que déjà ...

- Chut! on a parlé! Une voix très douce vient d'appeler (tout bas): «Paul!.

..

Paul! » Une robe de mousse­ lineblanche, une ceinture bleue ont flotté, un instant, près de ce pilier.

Une jeune fille semble parfois une apparition.

Celle-ci est descendue maintenant.

C'est l'une d'entre elles ; je vois la pèlerine du pensionnat et la croix d'argent du cou.

Je vois sçm visage.

La nuit se fond avec ses traits baignés de poésie ! 0 cheveux si blonds d'une jeunesse mêlée d'enfance encore! Ô bleu regard dont l'azur est si pâle qu'il semble encore tenir de l'éther primitif ! Mais quel est ce tout jeune homme qui se glisse entre les arbres ? Il se hâte ; il touche le pilier de la grille.

- Virginie ! Virginie ! c'est moi.

- Oh ! plus bas ! me voici, Paul ! Ils ont quinze ans tous les deux ! C'est un premier rendez-vous! C'est une page de l'idylle éternelle! Comme ils doivent trembler de joie l'un et l'autre! Salut, innocence divine ! souvenir ! fleurs ravivées ! - Paul ! mon cher cousin ! - Donnez-moi votre main à travers la grille, Virginie.

Oh ! mais est-elle jolie, au moins! Tenez, c'est un bouquet que j'ai cueilli dans le jardin de papa.

Il ne coûte pas d'argent, mais c'est de cœur.

-Merci, Paul.

-Mais comme il est essoufflé ! Comme il a couru! -Ah ! c'est que papa a fait une affaire, aujourd'hui, une affaire très belle ! Il a acheté un petit .bois à moitié prix.

Des gens étaient obligés de vendre vite ; une bonne occasion.

Alors, comme il était content de la journée, je suis resté avec lui pour. »

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