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Art naïf

Publié le 17/01/2022

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Art naïf : peintures ou sculptures réalisées par des artistes souvent amateurs, autodidactes, et dont les oeuvres ne font en rien référence à des théories artistiques propres ou déjà existantes. Les représentations du monde sont caractérisées par un naturel ingénu et presque enfantin. L'un des plus célèbres naïfs est le Douanier Rousseau, très apprécié par Picasso et dont les oeuvres sont aujourd'hui présentes dans les plus grands musées et collections.

« De nouveaux artistes apparaissent, de la même génération, comme Dominique-Paul Peyronnet , ou plus jeunes, tels Jules Lefranc , René Rimbert et Jean Ève.

Cette insistance sur le réalisme, sur le côté populaire, cette promotion au rang de «maîtres » portent la trace d'une époque marquée par le communi sme et par certains mouvements littéraires comme le populisme de Barbusse.

L'heure est au Front populaire : la culture et l'art populaires acquièrent droit de cité; pour certains critiques et intellectuels, les artistes issus du peuple verraient plus juste que les autres.

Ils posséderaient en somme une légitimité indiscutable, bien supérieure à celle d'un milieu de l'art compromis avec le capitalisme.

C'est sur la même base que se développera après-guerre un mouvement international de l'art na'1l, notamment en Europe centrale et en Yougoslavie.

Il faut notamment citer l'« école de Hlebine», qui rassemble des «peintres-paysans» croates : Marko Virius , Franjo Mraz et Ivan Generalié , puisant leur inspiration aux sources de la tradition nationale.

La promotion du folklore par les régimes communistes n'est bien sûr pas étrangère à cette forte valorisation de l'art naïf après la guerre; cependant, elle est aussi le fait de critiques particulièrement sensibles à anticulturel ces années-là , est de ceux qui découvrent des artistes tel Joseph Crépin ou des peintres étrangers : Hector Hyppolite (Haïti) et Miguel -Garcia Vivancos (Espagne) lui doivent assurément une grande partie de leur notoriété.

assure le lien avec la nature et les coutumes ancestrales :elle ne bénéficie pas là-bas d'un effet de mode, mais rencontre un public populaire sensible à sa dimension religieu se.

Il existe enfin une école 11méric11i n e .

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(Peaceable Kingdom , d'Edward Hicks), s'inspirant des artisans anonymes des XVIII' et X IX' siècles et reprenant leurs sujets favoris : la vie à la ferme , les animaux et les natures mortes, les portraits de familiers .

LES PRINCIPAUX PEINTRES • Le précurseur HENRI ROUSSEAU (1844-1910) Clarinettiste, puis fonctionnaire à l'Octroi, il commence à peindre en autodidacte vers 1880.

Il se risque en 1886 à envoyer une toile au Salon des Indépendants, suscitant l'hilarité des critiques.

Il ne se décourage pas, prend sa retraite dès 1889 et se met à donner des cours de violon, de poésie et de peinture aux petites gens de son quartier .

Armé d'un mètre de couturière, il brosse aussi leur portrait.

Il donne dans ces années des paysages (Vue du parc Montsouris, 1895) et des portraits (La Bohémienne endor mie, 1897).

L'amitié d'Alfred Jarry, dont il fait le portrait en 1895, lui est précieuse.

Au tournant 1900, il sort de l'anonymat grâce à une série de p11ys11ges exotiques : le dessin méticuleux, d'une facture un peu maladroite cependant, est très net; les couleurs vives et lumineu ses, l'aspect figé des corps et des visages donnent à son style une puissance étonna nte.

Il donne alors quelques toiles classiques , notamment des scènes de la vie populaire comme Une noce à la campagne (1905).

Ses dernières années sont marquées par l'estime et l'amitié d'Apollinaire- représenté avec Marie Laurencin en 1909 (La Muse inspirant le poète) - , de Picasso et des Delaunay, Robert et Sonia.

• Les peintres du Cœur- Sacré LOUIS VIVIN (1861-1936) Nommé inspecteur des Postes en 1881, il consacre tous ses dimanches , pendant des années, à représenter les paysages qu'il sillonne dans ses tournées .

li lui faut attendre la soixantaine pour être décou vert par Uhde .

La retrait e venue, comme le douanier Rous seau , il se consacre entièrement à la peinture.

On lui doit de nombreux paysages de Paris et de la banlieue : pierre par pierre, rues et maisons sont reproduites avec minutie, dans une ignorance totale ART NAÏF ET ART BRU T Séraphine de Senlis et Joseph A eury sont considérés comme des artistes naïfs, mais on pourrait tout aussi bien voir en eux des représentants de l'art brut.

De quoi s'agit-il? La formule date de la fin des années 1940, et on la doit à Je a n D ubuffe t, qui, avec l'aide d'André Breton, entreprend de valoriser les œuvres d'art réalisées par des fous.

L'artiste la plus célèbre sera Aloïse, une psychotique dont les figures à la limite de l'abstraction fascineront longtemps les amateurs.

Comme la peinture naïve, l'art brut semble correspondre au goût d'une époque.

Sa reconnaissance peut se comprendre dans la lignée de la lecture psychanalytique de l'œuvre d'art et des travaux menés par Jacques Lacan dans les années 1930 sur les psychoses.

Reconnaître la créativité des «autres», les fous et les déclassés, c'est valoriser les alternatives à la morale, à l'esthétique, à la psyché de la société bourgeoise .

des lois de la perspective.

Sa notoriété tardive fera évoluer son art: se souciant davantage de son époque, il donne à ses dernières toiles une tonalité plus abstraite et des couleurs moins vives.

SÉRAPHINE LOUIS, DITE DE SENLIS (1864-1942) Après avoir été bergère, Séraphine devient femme de ména ge à Senlis, où son employeur n'est autre que le critique Wilhelm Uhde, qui découvre sa peinture et l'encourage à persévérer .

S'inspirant esse ntiellement des vitraux d e la cathédrale, elle travaille devant une image de la Vierge, à la lumière d'une bougie.

Ce penchant mystique s'accentue avec les années, jusqu'à ce qu'elle perde définitivement la raison en 1930.

On ne sait s'il faut la classer dans les artistes na'1ls ou parmi les représentants de l'art brut, la frontièr e étant quelquefois mal définie .

Ses tableaux ne représentent presque aucun personnage , mais un monde végétal grouillant, tout en arabesques, avec des fruits doté s de cils et des motifs religieux , telle Buisson ardent.

ANDRÉ BAUCHANT (1873 -1958) Ce jardini er commence à peindre pendant la Grande Guerre mais n'envoie ses premières toiles au Salon d 'Automne que la cinquantaine passée .

Remarqué par Le Corbusier, Lipchitz et Jean Lurçat , il est invité par la galeriste Jeanne Bûcher, qui le présente à Wilh elm Uhde .

1927 est sa grande année :outre l'expo sition des Peintre s du Cœur -Sacré, Serge de Diaghilev lui commande les décors pour un ballet de Stravinsky, Apollon Musagète .

Marqué par une certaine mégalomanie , André Bauchant donne alors de vastes compositions sur des sujets bibliques , historique s ou mythologiques, comme Périclès justifiant l'emploi des deniers du peuple ou Louis Xl faisant planter des mûriers près de Tours .

Ses couleurs claires et ses détails minutieux seront toutefois plus convaincants dans les paysages auxquels il consacre ses dernière s années (Le Verger, 1956) .

CAMILLE BOMBOIS (1883-1970) Il a fait tous les métiers : valet de ferme , batelier , terrassier, lutteur de foire ...

et tire de cette expérience un coup d'œil et une grande sensibilité à la poésie des scènes de rue (Paris, Sacré-Cœur, 1932) .

Néanmoins, ce sont les scènes de la vie de campagne qui feront son succès.

Comme chez les autres naïfs de sa génération, le goût du détail et des couleurs vives s'acco mpagne d'un dessin extrêmement précis , révélant un goût de la «belle ouvrage» qui contraste avec l'ignorance de la perspective.

• Les maîtres populaires de la réalité DOMINIQUE-PAUL PEYRONNET (1872-1943) Cet artisan typographe n'a donné qu'une trentaine de toiles, pour l'esse ntiel des paysages :forêts et marine s.

Couleurs vives, feuilles peintes une à une donnent un étonnant relief à ses toiles, qui ne sont pas sans évoquer les tableaux exotiques du douanier Rou ssea u .

IULES LEFRANC (1887-1972) Quincaillier de son état, Lefranc est comme tous les naïfs marqué par les objets de son existence quotidienne .

Outils et machines, qu'il représente à l'aide de règles et de compas, composent de véritabl es natur es mortes, la rigue ur du dessin contrastant avec la liberté dans l'emploi des couleurs.

RENÉ RIMBERT (1896-1891) Remarqué par Max Jacob dans les années 1930, Rimbert passe toute sa vie dans l'administration des Postes et Télégraphes.

Sa retraite, en 1960 , lui permettra de se consacrer entièrement à la peinture , comme d'autres artistes naïfs avant lui.

Marqué par les maîtres hollandais et notamment Vermeer de Delft , il se consacre à des scènes urbaines .

Son monde de prédilection , ce sont les petites rues des quartiers Saint-Germain et Saint-Sulpice, leurs passants tranquilles et leur lumière ténue.

lEAN ÈVE (1900 -1968) Dessinateur métreur de formation, il passe toute sa carrière dans les chemins de fer: à l'i nstar d'un Louis Vivin, ses sujets préférés sont les paysages franciliens que lui fait découvrir son métier.

C'est son goût pour les primitifs flamands et les tableaux de Courbet qui lui donne envie de peindre , et sur le motif .

Il restitue avec préci sion le cycle des saisons, donnant une grande importance au dessin, et trouve sa véritable voie dans la fraîcheur avec laquelle il utilise les couleurs.

• Les peintres d'André Breton JOSEPH CRÉPIN (1875-1948 ) Rebouteux de village, Crépin découvre à soixante-trois ans la peinture , qu'il pratiquera dès lors avec une ferveur religieuse, imaginant que de son œuvre dépend une partie de l'histoire du monde ...

Un peu dérangé , Joseph Crépin a souvent été comparé au facteur Cheval.

Ses toiles généralement sans titre représentent des scènes religieu ses, des temples, des épiphanies rendues dans des couleurs étonnantes (dominées par le vert), dont le graphisme précis doit beaucoup aux petits carreaux des cahiers dans lesquels Crépin élabore ses esquisses.

Pour l'anecdote , son principal client fut le galeriste et marchand de couleur s Lefranc, qui lui échangeait ses toiles contre des tubes de peinture à l'huile.

HECTOR HYPPOLITE (1894-1948) C'est en Ha'1li, où il passe quelques mois lors de son exil américain pendant la guerre, qu'André Breton découvre cet artiste obsédé par le monde des divinités vaudoues (Mariné te Pie Che Che, 1947; Une déês réprésonté mét gron bras , 1946), le premier sans doute à les avoir représentées autrement qu'en empruntant à l'iconographie chrétienne.

Autodidacte , Hyppolite montre à l'égard du dessin un dédain qui tranche avec la précision méticuleuse de la plupart des naïfs français .

En revanche , il se montre d'une inventivité prodigieuse comme coloriste, et ses scènes mi-réalistes mi­ oniriques s'imposent par l'étonnante présence des décors, feuillage s tachés de rouille, aux couleurs soutenues et aux contours flous .

MIGUEL-GARCIA VIVANCOS (1895- 1972) Il fait tous les métiers avant de devenir colonel de l'armée républicaine espagnole.

Encouragé par Picasso , il ne commence à peindre qu'à la cinquantaine, après avoir passé cinq ans dan s les camps de Franco.

Fasciné par l'architecture , il représent e des églises et des bâtiments (Église Saint ­ Ouen, 1953) avec la même précision méticuleuse que Loui s Vivin , par exemple.

L'équilibre des compositions, la rareté et l'immobilité des figures , le côté un peu figé des éléments végétaux donne à sa peinture une sérénité remarquable .. »

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