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Chansons FRANÇAISES de 1940 à 1949 : Histoire

Publié le 08/12/2018

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histoire

Nuits de garde

 

En septembre 1939, certains refrains anodins font résonner soudain, bien à leur insu, une note poignante. Ils ont pris leur force de la brutale poussée de l’histoire. J’attendrai, Sénérade sans espoir ou Mon village au clair de lune, que serinent Rina Ketty ou Jean Sablon, sont entendus avec un chagrin que les semaines et les mois de la «drôle de guerre» ne feront que prolonger. Pourtant, comme toujours, on put compter sur la très opportune souplesse de certains auteurs-compositeurs pour fournir des couplets aptes à remonter le moral des troupes. Si ça ne va pas tantôt, ça ira mieux demain, Nous irons pendre notre linge sur la ligne Siegfried (commis par les Anglais), Et tout ça, ça fait d’excellents Français, Tommy et la p’tite Française, Mon p’tit kaki, mon grand chéri expriment la grande faculté d’adaptation des paroliers mis à contribution pour requinquer ces vaillants sentiments patriotiques, parfois en déroute lors de trop longues veillées d’armes. Et pendant des années on oscillera entre l'optimisme réchauffé et la déploration résignée.

La TOUR EIFFEL EST TOUJOURS LÀ

 

À l'arrière de la ligne Maginot, on est déjà dans l'ambiance. Finie «la danse sur le volcan» (Depuis que les bals sont fermés, Da-mia). Black-out et défense passive sont croqués en un clin d’œil par Maurice Chevalier (Paris sera toujours Paris). Le 14 juin 1940, la croix gammée flotte sur l'arc de triomphe... Mais le pouvoir occupant une fois mis en place, on peut constater avec les vedettes rentrées d’exode, la «Miss» (soixante-cinq ans) en tête du cortège, que La tour Eiffel est toujours là. Ça revient, s’enthousiasme pour sa part Johnny Hess. Et Maurice Chevalier ne peut que répliquer illico à sa vieille complice Mistinguett: C’est notre espoir. Il fallut toutefois beaucoup solliciter Momo, alors qu'il s'était replié en «zone nono» avec Nita Raya (son épouse juive) pour qu'il accepte deux mois de one-man-show au Casino de Paris, un peu de radio officielle et une visite au camp de prisonniers d'Alten Grabow en Allemagne. Visite très malencontreuse, malgré toute la publicité faite autour de ce geste afin d’en désamorcer les implications et lui donner une noble caution: à l'issue de ce pèlerinage (Chevalier avait été prisonnier de guerre en 1914 en ce même stalag) dix gars de Ménilmontant devaient revenir dans leurs foyers. En réalité, il s’agissait d'une de ces entreprises fallacieuses orchestrées par la Propagandastaffel et récupérées par la presse colla-borationnistc. Condamné à mort sur l’antenne de Radio-Londres par son ancien copain Pierre Dac, Chevalier faillit bel et bien subir à la Libération le mortel contrecoup de ce coup monté. Mais l'ambiguïté de l'histrion n'a-t-elle pas aidé à la méprise?

histoire

« LA TOUR EIFFEL EST TOUJOURS LÀ À l'arrière de la ligne Maginot, on est déjà dans l'ambiance.

Finie «la danse sur le volcan» (Depuis que les bals som fermés, Da­ mia).

Black-out ct défense passive sont croqués en un clin d'œil par Maurice Chevalier (Paris sera toujours Paris).

Le 14 juin 1940.

la croix gammée flotte sur l'arc de triomphe ...

Mais le pouvoir occupant une fois mis en place, on peut constater avec les vedettes rentrées d'exode, la «Miss» (soixante-cinq ans) en tête du cortège, que La tour Eiffel est roujours là.

Ça revient, s'enthousiasme pour sa part Johnny Hess.

Et Maurice Chevalier ne peut que répliquer illico à sa vieille complice Mistinguett: C'est notre espoir.

Il fallut toutefois beaucoup solliciter Momo.

alors qu'il s'était replié en «zone nono» avec Nita Raya (son épouse juive) pour qu'il accepte deux mois de one-man-show au Casi­ no de Paris, un peu de radio officielle et une visite au camp de prisonniers d'Allen Grabow en Allemagne.

Visite très malen­ contreuse, malgré to)ute la publicité faite autour de ce geste afin d'en désamorcer les implications et lui donner une noble caution: à l'issue de ce pèlerinage (Chevalier avait été prisonnier de guerre en 1914 en ce même stalag) dix gars de Ménilmontant devaient revenir dans leurs foyers.

En réalité, il s'agissait d'une de ces entreprises fallacieuses orchestrées par la Propagandastaffel et récupérées par la presse colla­ borationniste.

Conaamné à mort sur l'antenne de Radio-Londres par son ancien copain Pierre Dac, Chevalier faillit bel ct bien subir à la Libération le mortel contrecoup de ce coup monté.

Mais l'ambiguïté de l'histrion n'a-t-elle pas aidé à la méprise? DES VEDETTES FORT OCCUPÉES Les nouve-aux temps, pour restrictifs qu'ils s'annoncent, se· ront des temps à revues, comme les autres.

L'Alcazar.

rebaptisé «Pa­ lace" (par égard pour le général Franco et la mémoire des phalan­ gistes de Tolède}, rouvre dès le 6 juillet 1940.

Et les Folies-Bergère n'hésiteront pas à afficher glorieusement le coût des revues qu'on y monte: «des deux, des trois, des quatre millions ...

» La lugubre période qui commence va se teinter de diverses couleurs: de l'opti­ misme à toute épreuve (Au marché rose, Jacques Pills, la Symphonie des semelles de bois, Chevalier) jusqu'à l'exaltation à n'importe quel prix (Maréchal, nous voilà par la voix tonitruante d'André Dassary).

Et l'on descend naturellement au plus bas, en dénaturant la Nature (éternel recours) dont on chante sur tous les tons tous les dégradés de couleurs.

Les valeureux escadrons du retour à la terre entonnent des marches pour soldats laboureurs d'un scoutisme exacerbé, des odes rurales bien toniques et regénérantes, bien placées sous le signe de la francisque, emblème de la Révolution nationale.

Vogue ma charrue, Mon beau sillon, Feu de camp et même la Chanson du maçon et Ça sent si bon la Franœ entraînent par leurs détours bucoliques les jeunes sur les chantiers de construction de l'Europe nouvelle.

LEs LONGUES sOIRÉES D'HIVER L'attente du retour de nos prisonniers a été pendant long­ temps le meilleur prétexte à l'effusion mélancolique par les belles voix douloureuses d'Annette Lajon (Pour fêter ton retour) et Léo Marjane (Je suis seule ce soir, Te revoir, Attends-moi mon amour).

Marjane et Lucienne Delyle ont bercé bien des tristes soirées de couvre-feu par leur timbre plein, chaud et tamisé.

La première a délaissé les slow� américains et adopté le ton attendu par la France maréchaliste.

Un peu trop sans doute.

Elle a célébré l'évasion dans l'ailleurs historique, tendance Visiteurs du soir (Légende du troubadour) et le catholicisme à l'eau de rose vichyssoise (Mon ange.

Petite Sœur Angélique, Saim Jean de misère, Sainte Madeleine).

Curieusement, ce dernier thème est un excellent blues.

assez paroxystique.

Édith Piaf y répond par un autre blues plus impudique et saint-sulpicien encore (Monsieur Saim Pierre).

Les deux femmes qui chantèrent C'était une histoire d'amolli s'aimaient d'ailleurs fort peu.

Lucienne Delyle s'en tient plus sage­ ment à la romance amoureuse à trois temps (Paradis perdu, Mon amam de Saint-Jean, J'ai pleuré sur ma peine).

Mais elle a un faible pour d'inénarrables mélopées tropico-pàiennes (Prière à Zumba, Re­ frain sauvage, le Caravanier, Jour et Nuit, Amalaowa) où «les grands noirs»,. »

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