Devoir de Philosophie

L’architecture: de 1940 à 1949 : Histoire

Publié le 08/12/2018

Extrait du document

architecture

L’architecture:

 

CONSTRUIRE, RECONSTRUIRE...

 

La guerre des architectes

 

En 1940, la pénurie de matériaux et de main-d’œuvre interrompt pour quatre ans la construction, dans la quasi-totalité de l’Europe. Seul le Neues Bauen suisse n’enregistre qu’une baisse légère. Toutefois, l’architecture conçue comme représentation d’une idéologie totalitaire est plus que jamais productive. Déjà avant la guerre, le national-socialisme interdisait toute manifestation de modernité dans les nouveaux bâtiments. Paul Ludwig Troost et Albert Speer, au service du Reich depuis 1933, reproduisaient servilement le style qui flattait le régime : un néo-classicisme mégalomane et réducteur, plus représentatif de la toute-puissance du Führer que le logement de masse «Heimatstil » ! En 1942, Speer, qui a impressionné Hitler par son goût de l’organisation, est nommé ministre d’État pour l'armement et les munitions. Il purgera, après la capitulation de l’Allemagne, une peine de vingt ans à la prison de Berlin-Spandau...

 

En Italie, le débat architectural ne porte pas sur une question de style — modernité ou tradition — mais de survie. Le pouvoir fasciste soutient une réinterprétation nationaliste de la tradition classique. Ses aspirations utopiques et réactionnaires postulent une monumentalité totalement étrangère à la réalité sociale. 12 Esposizione Universale Roma’ 42, conçue par Piacentini, doit être le cœur de la troisième Rome. Les structures permanentes de l'EUR'42 — des musées, des monuments mémoriaux et des palais désignés par Mussolini lui-même — ne sont qu’un amas de formes cubiques vides évoquant la «Pittura metafisica» de Giorgio De Chirico. En outre, une fraction importante de rationalistes, parmi lesquels Pagano et Cattaneo, introduits dans les cercles officiels, accepte les pires compromis politiques et esthétiques comme la construction de la Maison des syndicats fascistes à Côme (1938-1943). Les quelques architectes rationalistes autonomes restants s’engagent dans la lutte clandestine. Dès lors, les choses basculent vite : le plus illustre d'entre ces architectes, Giuseppe Terragni, meurt en 1941 dans des conditions mystérieuses ; Raffacllo Giolli, Gian Luigi Banfi et Giuseppe Pagano sont arrêtés et déportés dans des camps allemands où ils mourront en 1945.

 

L’occupation de la France entraîne la dérive de nos architectes. André Lurçat tente de l’enrayer dès 1941 en créant le Front national des architectes résistants. Ce communiste courageux sera arrêté par la Gestapo puis incarcéré.

En 1941, Le Corbusier est à Vichy où il espère que l’État «autoritaire» est enfin en mesure de comprendre ses théories urbanistiques et de leur offrir un terrain d’application. Or, quelques années auparavant, il avait fondé ces mêmes vains espoirs sur l'Union soviétique... Regrettable attitude opportuniste du maître qui n'excelle pas, il est vrai, en matière de discernement politique! Le Corbusier se consacre alors à un important travail en laboratoire au sein de l’Asco-ral (Assemblée de constructeurs pour un renouvellement architectural), émanation du groupe français des CIAM, créé en 1942. Jusqu'en 1945, il y constitue des dossiers d'information sur les villes sinistrées: Saint-Dié, Nantes, Le Havre, Charleville-Mézières, Montargis, etc.

architecture

« ·· · ·--------------- ·--- L'A RCH ITECI'U RE ...

Vue générale de Saint- Lô reconstruite.

© OJp • Viol/et I.:ARCHITECfURE ...

Un exemple dt l'architecture américaine des années quarante, le laboratoire de la Johnson Wax Company dans le Wisconsin conçu par Frank Lloyd Wright.

©Coll.

P.

P.

P.//.

P.S.

interprétation géniale du vocabulaire moderne! Extrême banalité, en effet, que le Centre hospitalier régional de Nantes {1947-1952) ou la Direction régionale des PTf à Paris {1948-1950) ...

Dans ce climat, les écrits de Le Corbusier parus en 1945, Trois Établissements humains et Propos d'urbanisme -encore tout empreints de la candeur révolu­ tionnaire des années vingt -semblent inadaptés au marasme de l'après-guerre.

De même, le centre de recherches interdisciplinaires ATBAT qu'il crée en 1947 avec Vladimir Bodiansky et André Wo­ genscky ne remporte pas le succès escompté.

LA RECONSTRUCfiON EUROPÉENNE En 1945, l'Europe entière semble désarmée face à l'étendue des dommages de guerre.

!.:Allemagne, en 1948, doit construire 6,5 millions de logements; en 1960, il lui restera encore 1,3 million de familles à reloger! En fait, le bâtiment allemand ne redémarrera vrai­ ment qu'au milieu des années cinquante pour atteindre, les années de pointe, 500 000 à 600 000 unités.

Dès 1941, Emil Steffann fait partie d'un commando pour la reconstruction des villages lorr�ins et réalise alors l'église provisoire de Bust, en forme de grange.

A la fin de la guerre, Hans &haroun est nommé directeur du service d'architecture et du logement de l'administration du Grand Berlin.

C'est en 1946 qu'il propose avec le groupe de travail Planungskollektiv un plan structurel de la nouvelle métropole.

Aux Pays-Bas, la reconstruction se place sous des auspices traditionalistes, à une exception près, Rotterdam: en 1946, le direc­ teur du département d'urbanisme, Cornelis Van Traa, appuie auprès des autorités le projet de Van Den Broek et de J.-B.

Bakema.

Du nouveau centre ville élevé sur la zone détruite par les bombes, émane la rare clarté du plan: zonage des fonctions, larges axes de circulation, nombreux espaces verts ...

Les pays baltiques ont été, eux aussi, gravement touchés.

Alvar Aalto se montre particulièrement actif dans la reconstruction de son pays; dès 1945, il met au point le plan régulateur de Rovaniemi, la capitale détruite de la Laponie finlandaise.

En Russie, les premiers projets pour la reconstruction des villes en ruine datent de 1943.

La double politique -celle des agglomérations de petite taille où l'on reste fidèle au cachet antérieur et celle des grandes villes, comme Kiev, où l'on trace des voies monumentales et des tours (sept gratte­ ciel sont réalisés à Moscou à partir de 1947) -trouve sa logique dans un contenu émotionnel omniprésent.

!.:architecture soviétique cherche à exprimer la victoire sur l'envahisseur nazi...

En dépit d'innombrables constructions temporaires -di­ verses méthodes de préfabrication sont alors à l'étude -, la Grande- I.:ARCHITECfURE ...

Exilé aux États-Unis après la fermeture du Bauhaus par les nazis, Mies Van der Rohe édifie de nombreux bâtiments pendant la guerre.

Ci-contre: la Famsworth House, dans l'Illinois.

©P.

P.

P.//.

P.S.

Bretagne est l'un des rares pays qui pass ent outre la nature restrictive des programmes d'après-guerre et l'atmosphère morose de l'austérité.

Les urbanistes britanniques saisissent l'occ asion de la reconstruction pour mettre en œuvre des travaux d'envergure.

C'est la grande époque des villes nouvelles situées, pour la plupart, au nord de Londres.

Une des toutes premières et des plus réussies, Peterlee -de Berthold Lubetkin et de son grou E Tecton -,est un hommage au mouvement des cités -jardins de 1 autre après-guerre.

LA RECONSTRUCfJON FRANÇAISE Le gouvernement de Vichy pense dès 1940 aux préparatifs d� reconstruction.

Commence alors une politique d'intervention de l'Etat que renforcent encore les dirigeants de l'après-guerre.

Le décret du 16 novembre 1944 crée le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme.

En mai 1946 sont signés les accords Blum/Byrnes sur l'aide américaine et le 28 octobre 1946 est votée la grande loi sur la reconstruction: les pouvoirs publics s'engagent à indemniser les sinis­ trés par la réparation intégrale des dommages subis par faits de guerre.

Mais le bilan est lourd: sur les 269 000 bâtiments à usage principal d'habitation détruits, seulement 21 400 seront reconstruits en septembre 1950.

Pour les équipements de travail -industries, exploitations agricoles, artisanat, collectivités locales -, l'étendue des dommages est comparable.

Il faudra attendre le début des années soixante pour que soit tournée la page de la reconstruction.

I.:histoire de l'architecture est parfois tristement répétitive.

En 1918-1920, la reconstruction des villes et des villages du Nord et de l'Est avait donné lieu à des réalisations souvent dépourvues d'intérêt.

Après la Seconde Guerre mondiale, le génie créatif et les solutions radicales d'un Le Corbusier restent inemployés tandis que les pouvoirs publics encou­ ragent une modernité assagie empreinte de régionaEisme.

En outre, vu les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles il faut produire, le fonctionnalisme rudimentaire ou mal assimilé et appliqué méca­ niquement conduit souvent les architectes à des solutions simplistes.

Saint-Lô est peut-être la commune la plus dévastée de France: sur 2 103 immeubles existants, 1 900 sont abattus au cours de raids aériens.

André Mersier puis Jean Dubuisson y reconstruisent le centre-viUe sur le «rocher», avec la pierre naturelle de la région.

Plus de quarante ans ont passé et les baraquements provisoires américains sont toujours là, à la périphérie, habités par des travailleurs immigrés! Nommé à la Libération urbaniste et architecte en chef de la re­ construction dans le nord de la France, André Lurçat établit en 1945 le plan d'aménagement -très démocratique -de Maubeuge.

Il entreprend à la même époque un travail, qu'il mènera jusqu'à sa mon. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles