DÜRER: AUTOPORTRAIT

« Analyse ....., Cet Autoportrait, que Dürer peignit à l'âge de vingt-huit ans, est le plus célèbre de ses autoportraits et unique en son genre.

Si on le confronte avec celui réalisé seulement deux ans plus tôt et qui se trouve aujourd ' hui au Prado, à Madrid, on remarque sa position singulière.

Dans le tableau de Madrid, Dürer apparaît comme un homme de son temps, conscient et cosmopolite, qui porte un habit à la mode avec une noble élégance.

La représentation se veut l'expression orgueilleuse d'une conscience nouvelle du statut de l'artiste à cette époque.

Au contraire, si l'on regarde l 'Autoportrait de la Pinacothèque de Munich , on remarque aussitôt que Dürer n'a pas voulu donner un portrait réaliste de lui-même, mais un message particulier , une confession artistique.

Le peintre apparaît dans une attitude frontale rigide, sa tête aux cheveux longs s'inscrivant dans un triangle équilatéral.

Les traits sont idéalisés.

Une harmonie, un équilibre et une symétrie presque parfaits dominent la composition.

Tout cela donne au tableau un caractère hiératique , un effet sacré ; la structure géométrique de la composition n 'était d' ailleurs utilisée dans ce Moyen Âge tardif que pour les représentations du Christ.

Qu'est-ce qui a poussé Dürer , un artiste aussi humble et pieux , à se représenter en Christ ? C'est que l ' art avait pour Dürer une portée religieuse profonde ; la force créatrice de l'artiste était une force reçue de Dieu, qui mettait mystiquement l 'artiste au rang du Créateur.

L'œuvre C Diverses source s é crit e s entre 1577 et 1791 attestent que le tableau se trouvait à cette époque à l'hôtel de ville de Nuremberg.

On raconte qu'autour d e 1800 le tableau aurait été confié par le conseil municipal au peintre A.

W Küfner pour une copie , lequel aurait coup é le tableau en deux et réalisé la copie sur l'autr e pa rtie.

Pour finir , on ajoute qu'il aurait donn é la copie à la ville et vendu l'original .

Des enquêtes approfondies sur /'Autoportrait de Dürer et sur les trois copies existantes n 'ont pas confirmé cette hypothèse.

Nous savons seulement que le tableau fut ve ndu par le conseil de Nuremberg à la ville de Munich en 1805.

Dürer, un précurseur + « Il a du Moyen Âge la foi, la force confuse, le symbolisme obscur et riche, de la Renaissance l ' inquiétude, le sens des perspectives infinies qui s 'ouvrent devant les esprits supérieurs, la volonté infatigable de savoir ...

C 'est une sorte de Christ savant qui cherche le salut du monde dans l'étude acharnée de ses aspects.

» (Élie Faure, Histoire de l'Art , t.

3.) Après quatre siècles, son œuvre semble encore réaliser de la façon la plus complète le mysticisme, les aspirations idéales de l'âme allemande.

Ses contemporains l'avaient perçu et il eut les plus illustres amitiés : Luther , fondateur du protestantisme et son disciple Melanchton, qui écrivait de l' homme : « le moin­ dre mérite de Dürer est son talent d'artiste ».

Il fut aussi extrêmement lié avec Raphaël qui , sur les murs de son atelier, conservait les principales estampes de Dürer.. »